Visite ministérielle
De la bienveillance et un engagement certain pour notre agriculture de montagne
Le 4 novembre, Julien Denormandie, ministre de l'Agriculture, était de passage en Haute-Loire. L'occasion pour lui de découvrir notre agriculture et ses problématiques du moment.
Le 4 novembre, Julien Denormandie, ministre de l'Agriculture, était de passage en Haute-Loire. L'occasion pour lui de découvrir notre agriculture et ses problématiques du moment.
C'est le 4 novembre en fin de matinée que le ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation, Julien Denormandie, est arrivé en Haute-Loire répondant ainsi à l'invitation du sénateur Laurent Duplomb. Cette visite éclair, au programme très chargé organisée avec l'appui de la Chambre d'agriculture de Haute-Loire, a permis au ministre de découvrir les principales filières et productions agricoles de notre territoire et de prendre note de toutes les revendications formulées par les professionnels. D'abord accueilli au lycée agricole George Sand dont il a pu visiter les locaux flambant neufs et prendre connaissance de ses projets, il a ensuite pris la direction de l'abattoir d'Yssingeaux après un échange riche avec les organisations professionnelles agricoles et les élus du département.
Politique volontariste au bénéfice des abattoirs
Accueilli par la directrice de l'abattoir, Marie-Josée Pelletier et le maire d'Yssingeaux et président de la SEMAD(1), Pierre Liogier,
Julien Denormandie a pu mesurer toute l'importance de cet outil sur le territoire de la Jeune Loire "qui reste très agricole avec 880 exploitations en activité en 2018 et un taux d'emploi dans les industries agro-alimentaires comparable à celui de la plasturgie" a indiqué Michel
Peyrard, président du GAL du Pays de la Jeune Loire.
Élus locaux, responsables professionnels et utilisateurs, à l'image des Établissements Paillet, ont tous insisté sur le rôle indispensable de cet outil pour l'économie locale. Le Ministre a également pu se rendre compte du vaste projet de modernisation dont fait l'objet cet abattoir grâce à un investissement de 1 million d'€ dont 400 000 € qui émanent du Plan de Relance de l’État. À l'issue de cette visite, le ministre a confié son attachement pour les abattoirs territoriaux : "Je crois beaucoup à la nécessité des abattoirs pour répondre à la demande des consommateurs en produits locaux et en circuits courts. Les abattoirs territoriaux sont vraiment très importants pour notre pays. Depuis que je suis à la tête de ce ministère j'ai mené une politique volontariste au bénéfice de ces derniers. C'est pourquoi nous avons décidé d'investir massivement (plus de 115 millions d'€ au titre du plan France Relance) dans ces outils à l'échelle de la France tout en maintenant une politique de contrôles de ces lieux".
Le convoi ministériel a ensuite pris la direction de Vernassal pour se rendre sur l'exploitation laitière de 3 associés Pierre et Fabien Besse et Aymeric Soleilhac. Cette ferme de 227 ha de SAU, 120 vaches laitières avec traite robotisée en place depuis 4 mois et une stabulation neuve, a permis aux responsables professionnels d'entrer dans les sujets purement techniques. Très intéressé par le robot de traite du Gaec, Julien Denormandie a questionné les éleveurs sur l'intérêt de travailler avec cet outil. "Sans robot, nous n'aurions pas pu vous accueillir à cette heure monsieur le Ministre !" a répondu Aymeric Soleilhac. "Le robot apporte une souplesse de travail. Sur ce Gaec, ce sont de jeunes parents et ils ont besoin de se dégager un peu de temps pour leurs enfants" ajoute le président de la Chambre d'agriculture, Yannick Fialip. "Avec la traite robotisée, la vache est en totale liberté et l'éleveur doit garder un œil très précis sur ses vaches" complète le sénateur
Duplomb.
"Incroyablement essentielle" rémunération
Les discussions se sont ensuite orientées sur la production laitière et la problématique du prix du lait. Comme bien d'autres producteurs laitiers, les associés du Gaec, qui produisent un peu plus de 940 000 L livrés à la coopérative Savencia, se plaignent du prix du lait : "Notre lait est vendu 362 €/1000 L en moyenne. Or, récemment les producteurs sont sortis de la table des négociations avec Savencia qui nous rémunère 8 €/tonne en moins pour le dernier trimestre ! Alors que le marché du lait est porteur..." explique Aymeric
Soleilhac. Une baisse de prix d'autant plus mal vécue dans ce contexte de hausse fulgurante du prix des charges et des intrants alimentaires. "On investit, on travaille plus de 60 heures par semaine, pour se dégager péniblement un SMIC à la fin du mois !" lance l'éleveur avec agacement.
Très compréhensif, le ministre, qui perçoit la rémunération comme "incroyablement essentielle car elle constitue la base de notre souveraineté alimentaire", a fait allusion à la loi Egalim 2 " dont le sens est de faire en sorte que le prix payé aux agriculteurs soit à la hauteur de la qualité produite et des coûts de production". Et même si la contractualisation s'appliquait déjà en filière lait, selon le Ministre, cette nouvelle loi devrait apporter des évolutions positives grâce à des dispositions telles que l'indexation des prix, la transparence des prix et la non-négociabilité des prix agricoles tout au long de la chaîne. Votée la semaine dernière, la loi égalim 2, dont un grand nombre de décrets viennent de paraître, s'applique dès à présent dans les négociations commerciales.
La recherche de l'autonomie fourragère dans un contexte de changement climatique a orienté les choix des trois associés qui ont décidé d'arrêté la culture de la Lentille Verte du Puy ; cette filière en souffrance a d'ailleurs fait l'objet d'une rencontre en fin d'après-midi.
ICHN : «Merci !»
Le sénateur Duplomb a pris soin de chaleureusement remercier Julien Denormandie pour son implication sur le dossier ICHN qui a abouti à la préservation du montant de cette aide qui compte beaucoup en Haute-Loire !
Le Ministre a encouragé les agriculteurs à se lancer dans le photovoltaïque dans l'objectif d'accroître l'autonomie énergétique des exploitations. Si les nouveaux tarifs de vente de l'électricité photovoltaïque semblent plutôt encourageants, "il reste un problème exécutoire en raison du délai de raccordement très long" confesse-t-il. Pour pallier cette problématique, le représentant du gouvernement a invité le Préfet à constituer des cellules départementales spécifiques.
(1) Société qui gère l'abattoir.
(2) Groupe d'Action Locale.