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Climat : “Si rien ne change, on plonge dans l'inconnu”

Isabelle Autissier a évoqué la semaine dernière à Aurillac le constat d’un changement climatique, divers scénarios et projections, les causes et des solutions à mettre en ½uvre.

Les projections sont alarmistes. “Et nous avons raison d’avoir peur, parce que si tel n’était pas le cas, on ne ferait rien”... Sous-entendu, “et nous irions droit dans le mur”. Pour Isabelle Autissier, présidente de WWF France(1), le réchauffement climatique est une réalité inquiétante. Mais face à un amphi du lycée Pompidou d’Aurillac plein à craquer, elle a estimé qu’il n’y avait pas de fatalité : “Puisque le changement climatique est lié à l’activité humaine, rien ne nous interdit de faire autrement.” La spécialiste de l’environnement rappelle en préambule que le réchauffement - qui n’a rien de linéaire - induit des dérèglements qui se traduisent, suivant les endroits, par des sécheresses à répétition, des tempêtes, des inondations... En cause, les fameux gaz à effet de serre, “dont le carbone pour les trois quarts, mais aussi le méthane à seulement 16 %, mais 25 fois plus puissant que le CO2 et d’autres gaz complexes comme le protoxyde d’azote, rejeté par les usines, les pots d’échappement et certains engrais”. “Stockés naturellement par la terre, sous forme de pétrole ou de charbon, on libère du CO2 depuis les années 50 et le début de l’industrialisation, chaque fois que l’on brûle ces énergies fossiles. La déforestation revient aussi à se priver d’un piège à carbone”, retrace Isabelle Autissier. Libérés, ces gaz forment dans l’atmosphère une pellicule qui piège la chaleur du soleil. Conséquence : un thermomètre planétaire qui a gagné 1,1°C depuis le début de l’ère industrielle.

Le rôle des océans

Si cela peut paraître finalement assez peu, les études s’accordent à estimer la hausse entre + 4° et + 6° d’ici la fin du siècle si on continue sur le même schéma d’émissions et de développement. Or, la conférencière insiste sur l’importance de ne pas dépasser + 2°, “sinon, on sort des modèles de stabilité et on plonge dans l’inconnu”. Elle illustre ses propos d’exemples qui donnent à réfléchir : “Le fond des mers est tapissé de clathrates, une sorte de petits cailloux blancs. Il s’agit en réalité de méthane maintenu sous forme solide. Si les échanges entre l’eau et la mer font grimper la température des océans, il redevient gazeux avec une capacité de nocivité bien supérieure à tout le pétrole et le charbon planétaires réunis...” “Ce serait aussi à coup sûr la disparition du plancton. Or, il est le premier maillon de la chaîne alimentaire. Avec le réchauffement et la montée des eaux, ce seront des îles entières qui disparaissent. Plus près de nous, La Rochelle engage déjà des travaux pour protéger la ville. Et comme l’eau de mer s’infiltre aussi en profondeur, elle peut atteindre des nappes phréatiques : Bordeaux lance une réflexion pour trouver de l’eau douce ! C’est pourquoi la dernière Cop21, à laquelle j’ai participé en tant que présidente d’une ONG, va plus loin en préconisant une remontée maximale des températures à 1,5°.”

Gaspillage énergétique

Une conférence mondiale utile, Isabelle Autissier se félicitant d’une prise de conscience commune des différents gouvernements et industries. “Même la Chine se remet sur une trajectoire plus conforme”, note-t-elle. Sur la bonne voie, cela ne signifie pas une victoire. Ainsi, il faudrait, pour y parvenir, laisser dans le sol 80 % du pétrole des gisements déjà exploités, sans bien sûr en ouvrir de nouveaux. Toutefois, elle se dit confiante dans les générations à venir pour changer certaines habitudes en termes de consommation énergétique et de gaspillage. “Nos appareils en veille mobilisent l’équivalent de deux réacteurs nucléaires. Le chargeur resté sur une prise, même sans téléphone au bout, consomme. D’ailleurs, on met à recharger une nuit entière, alors que la batterie est de nouveau pleine en deux heures... Il faut aussi se poser des questions sur l’intérêt de posséder deux autos par foyer et ne pas confondre le besoin d’avoir une voiture avec le besoin de se déplacer et penser à Blablacar, au vélo pour les courts trajets, aux transports en commun pour les longs trajets, etc(2).” En revanche, pas d’attaque frontale vers l’agriculture, mais un encouragement à produire suivant des modèles vertueux, tels que ceux énoncés dans la plaquette “Élevage bovin allaitant français et climat”, rédigée conjointement par Interbev et quatre ONG environnementales, dont WWF (lire ci-dessous).

 

(1) Section française de l’organisation mondiale de protection de la nature. (2) Elle-même est arrivée en train puis en autocar jusqu’à Aurillac.

 

 

Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.

Droits de reproduction et de diffusion réservés.

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