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CETA et Mercosur : il est temps de dire la vérité !

Une délégation FDSEA et JA a rencontré le Préfet, lundi 4 décembre 2017 pour alerter les représentants de l’État sur les dangers du CETA et du Mercosur pour l’élevage français.

Une délégation FDSEA/JA a rencontré Monsieur le Préfet le 4 décembre dernier pour l’alerter sur les risques encourus par l’élevage français en cas d’application des traités CETA et Mercosur.
Une délégation FDSEA/JA a rencontré Monsieur le Préfet le 4 décembre dernier pour l’alerter sur les risques encourus par l’élevage français en cas d’application des traités CETA et Mercosur.
© MR

Suite à la rencontre à la Préfecture avec M. le directeur de la DDT et M. le Préfet, ce dernier s’est engagé à faire remonter les inquiétudes et les demandes des Jeunes Agriculteurs et de la FDSEA auprès du Gouvernement. Les représentants de la profession agricole ont toutefois regretté l’absence des parlementaires creusois. Le président de la Section Bovine de la FDSEA de la Creuse, Christian Arvis nous expose son point de vue concernant les traités de libre échange européens avec le Canada et l’Amérique du Sud.

Que sont les accords CETA et Mercosur pour l’élevage français ?
Le CETA est un accord économique et commercial entre l’Union européenne et le Canada. En application provisoire depuis le 21 septembre dernier, cet accord doit être ratifié par le Sénat et l’Assemblée nationale courant 2018. Il prévoit l’ouverture du marché européen à 65 000 tonnes de viande bovine canadienne supplémentaires aux droits de douanes nuls !
Le Mercosur est un accord de libre échange entre l’Europe et l’Amérique du Sud (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay et Venezuela) ouvrant un contingent d’environ 130 000 tonnes de viandes brésiliennes à droits de douanes quasi-nuls !

Ces viandes bovines canadiennes et brésiliennes sont-elles produites dans les mêmes conditions que la viande bovine française ?
Non ! En France, nous avons des fermes familiales avec 60 vaches par exploitation. Nos bovins sont nourris avec une ration composée de 80 % d’herbe en moyenne et nous achetons très peu d’aliment à l’extérieur : 90 % de l’alimentation du troupeau est produite par les éleveurs sur leurs exploitations. On ne peut pas dire la même chose pour le Canada et le Brésil. Chez eux, les bovins sont engraissés dans des parcs industriels de 20 000 à 30 000 animaux. Leur ration est loin d’être naturelle, elle se compose de 80 % de maïs OGM complétées par des farines animales et des hormones de croissances ! Clairement, nous ne parlons pas de la même viande.

Existe-t-il une différence de traçabilité pour la viande ?
Oui, c’est le jour et la nuit !
En France, la viande bovine fait l’objet du système de traçabilité individuel le plus poussé au monde, garantissant aux consommateurs une viande issue d’un animal né, élevé, abattu en France puis transformé en France. On connaît toute la carrière d’une bête. Au Canada il n’existe aucune traçabilité individuelle obligatoire des animaux et aucune réglementation relative au bien être animal. Les éleveurs canadiens peuvent utiliser jusqu’à 46 substances interdites par la règlementation européenne. Au Brésil, la traçabilité est sur la base du volontariat. Ce pays n’a pas légiféré sur le bien-être animal et notamment sur les questions d’alimentation, de soins, d’accès à l’eau… Les additifs alimentaires utilisés dans la ration de leurs bovins sont purement et simplement interdits par la réglementation européenne.

Sur quels secteurs de la viande ces contingents vont-ils se positionner et à quel prix ?
Ces viandes arriveront principalement sur le segment du marché de « l’aloyau » allaitant c’est-à-dire les morceaux nobles, les morceaux à griller. En Europe, ce segment de consommation représente 500 000 tonnes. Aujourd’hui nous sommes sur un marché européen auto-suffisant : la production et le volume d’importation actuels permettent largement de répondre à la demande. Avec 200 000 tonnes supplémentaires, le marché va être inondé et provoqué une chute indirecte des cours de la viande. Actuellement, le prix de la viande canadienne et sud-américaine commercialisée en Europe dans le cadre des contingents annoncés, avoisinerait les 8,60 euros/kg carcasse. Un kilo de viande produit en Europe est de l’ordre de 13,70 euros.

Quels vont être les impacts sur l’élevage français si ces accords aboutissent ?
Au vu du différentiel de prix et des volumes concédés, on peut estimer une baisse de pratiquement 10 % du prix du jeune bovin payé aux producteurs français et par répercutions une chute sur le plan national de 30 à 60 % du résultat courant des exploitations spécialisées. Si l’on reste sur des revenus moyens de 2016 à 700 euros par mois tous les systèmes confondus, on peut prévoir une perte de 25 000 emplois directs.

La France a-t-elle des recours pour éviter ce massacre ?
La France peut avoir un droit de veto ! Il faut que le Gouvernement, avec nos parlementaires, demande une remise à plat concernant les mandats de négociations à la Commission européenne en refusant tout accord incluant une offre de viandes bovines ne répondant pas aux normes en vigueur sur le plan de l’élevage, de la santé et aussi de l’environnement. Il faut refuser de ratifier le CETA. Il faut créer une commission d’enquête européenne sur les conditions de certification sanitaire des viandes de ces pays-là. Pour rappel, au printemps, la Russie et la Chine ont arrêtés leurs importations de viandes du Mercosur suite à l’affaire des viandes avariées brésiliennes ! Il faut tout simplement que nos politiques prennent leurs responsabilités et qu’ils deviennent courageux ! C’est beaucoup plus facile de vouloir réduire le délai d’utilisation du glyphosate ou de vouloir instaurer un repas par semaine sans viande dans les cantines françaises. Quant aux « pingouins » de LPEA, qui se réfugient soi-disant derrière la cause du bien-être animal pour abolir l’élevage français, je veux bien leur payer un billet aller, et uniquement aller, pour qu’ils aillent voir au Canada et au Brésil si l’élevage des bovins est beaucoup plus respectueux que dans notre Creuse. On doit être unis pour défendre notre territoire, on doit soutenir les initiatives créatrices d’emplois et de valeur ajoutée comme l’extension de la Ferme de Saint-Martial et laisser aux creusois la liberté d’entreprendre en les respectant. À l’heure des États généraux de l’alimentation et de l’élaboration des plans de filières où est la cohérence des politiques publiques ?

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