Céréales à paille et pois en forme, colza à la peine
Le bilan de la moisson 2019 montre un rendement et une qualité « au rendez-vous » pour les céréales à paille et les pois, alors qu’il s’agit d’une « année difficile » pour le colza, ont indiqué le 9 août FranceAgriMer, Arvalis et Terres Inovia, se basant sur les estimations du ministère de l’Agriculture publiées quelques jours plus tôt.
« Les productions de blé tendre, d’orges et de protéagineux seraient en hausse par rapport à 2018, d’après un communiqué commun. Les volumes de blé dur et de colza seraient par contre en fort recul par rapport à la moyenne quinquennale.» FranceAgriMer et les instituts techniques pointent des conditions de culture satisfaisantes pour les céréales à paille malgré l’épisode caniculaire. Les fortes températures de fin juin ont surtout affecté les parcelles à faible nombre d’épis suite au temps sec d’avril, ainsi que les parcelles tardives. Au final, « les niveaux de rendement enregistrés sont bons, voire très bons, pour les principales céréales à paille » dans la plupart des régions.
Le blé tendre donne satisfaction
38,2 Mt de blé tendre ont été récoltées, selon les estimations d’Agreste, le service de statistique du ministère. Un « bon niveau », souligne le communiqué, résultat d’une hausse des surfaces à 5 Mha (+ 2,8 % par rapport à 2018, équivalant à la moyenne quinquennale) et de gros rendements à 76,1 qx/ha (contre 70,3 qx/ha sur cinq ans). L’Auvergne apparaît comme la seule ombre au tableau, ayant vécu « une sécheresse quasi continue ». Sur le plan qualitatif, les teneurs en protéines sont satisfaisantes vu les niveaux de rendement : entre 10,5 et 11,5 % dans la moitié Ouest, de 11,5 à 12,5 % dans la moitié Est. Les poids spécifiques ressortent « très bons », à la fois élevés (79-80 kg/hl en moyenne) et homogènes, d’après FranceAgriMer et les instituts techniques. Pas de problème côté indice de Hagberg.
Blé dur : baisse des surfaces, mais rendement et qualité sont là
La production de blé dur connaît un net recul à 1,5 Mt, conséquence d’un plongeon des surfaces (-24,6 % par rapport à la moyenne quinquennale). Mais à l’exception de certains secteurs dans le Sud-Est, les rendements sont « bons, voire très bons ». Les taux de protéines vont de 13 % à 14,5 % selon les bassins. Ils sont plus faibles dans le Sud-Ouest et Ouest-Océan sous l’effet de la dilution par les rendements, mais restent satisfaisants à bons dans le Sud-Est et même très bons dans le Centre. Autres critères, le mitadinage paraît limité et le taux de grains mouchetés est annoncé très bas.
Une bonne récolte d’orge d’hiver, conforme à la demande
L’orge d’hiver affiche un très bon niveau de production à 9,1 Mt (+ 3,4 % par rapport à la moyenne quinquennale), avec un rendement élevé, autour de 70 qx/ha. Sur le plan qualitatif, le taux de protéines est homogène, plutôt bas, souvent proche de 10 %, soit un niveau conforme aux besoins des brasseurs dans une majorité de cas, d’après le communiqué. Les calibrages montrent un gradient Est-Ouest : très bons vers l’Atlantique, satisfaisants dans le Nord et le Centre, corrects dans l’Est.
La qualité de l’orge de printemps « en demi-teinte »
La production d’orge de printemps est jugée exceptionnelle, à 4,3 Mt (+ 48,8 % par rapport à la moyenne). Elle bénéficie à la fois d’une hausse des surfaces (+28,8 % sur un an) et d’un très bon rendement, à 68,3 qx/ha. Mais les teneurs en protéines sont faibles, de 9 à 9,5 % en moyenne, ce qui « pourrait conduire à des déclassements ». L’effet dilution de l’azote est en cause, phénomène expliqué par un fort rendement. Les calibrages sont moyens en Bourgogne, Champagne-Ardenne et Ile-de-France, très bons dans le Nord du Centre-Val de Loire et en Poitou-Charentes.
Une « année difficile » pour le colza
Agreste évalue la production de colza à 3,5 Mt, mais FranceAgriMer et les instituts techniques évoquent une fourchette allant jusqu’à 3,6 Mt. 5 Mt avaient été récoltées l’an dernier. La chute est surtout due au repli des surfaces à 1,1 Mha (-24,8 % par rapport à la moyenne), à la suite des conditions très sèches en août et septembre. Une très grande hétérogénéité des rendements est notée. La teneur en huile paraît équivalente à 2018, proche de 43 % en moyenne, mais avec une amplitude plus forte (de 37 à 47 %).
Protéagineux : hausse du poids de mille grains
La production de protéagineux est chiffrée à 0,9 Mt (+6,2 % par rapport à la moyenne). Le pois d’hiver montre des performances plus régulières et supérieures à celles du pois de printemps, affecté par la chaleur au printemps et en début d’été. Le poids de mille grains apparaît plus élevé qu’en 2018. La féverole a pâti de la canicule et de la sécheresse, avec aussi des maladies sur certaines cultures d’hiver.