Céréales en montagne
Céréales en montagne : une journée technique et conviviale réussie à Arlanc
Mardi 10 juin, une cinquantaine d’agriculteurs a visité la vitrine «variétés de céréales» organisée par l’association Agriculture professionnelle et développement en Livradois Forez.
sur la parcelle de Gérald Chautard, support d’un essai qui vise à comparer les performances de 21 variétés de céréales (blé et triticale) dans les conditions réelles du secteur du Livradois Forez. Il a été mis en place dans le cadre d’un partenariat entre l’association Agriculture professionnelle et développement en Livradois Forez, Agri Sud Est et l’UDSEA du Puy-de-Dôme.
Lutte contre les maladies
Ce printemps, la forte pression des maladies et les difficultés à la contenir ont fait des moyens de lutte, le sujet essentiel des échanges de la journée.
En arrivant sur la parcelle, les différences d’état des cultures sont frappantes. Les marges de manœuvre identifiées par l’essai relèvent à la fois du choix variétal et de la protection fongicide pratiquée. Ainsi, parmi les variétés testées, Vuka et Agostonio en triticale ou Tulip et Grapelli en blé se sont montrées assez résistantes à l’ensemble des maladies. Mais les maladies évoluent et cette résistance ne perdurera probablement pas toujours. Il est donc important de suivre l’évolution des performances des variétés dans le temps.
Concernant les traitements fongicides, des études ont montré qu’un traitement efficace joue sur le rendement en grain (jusqu’à 12 quintaux de grain par hectare) et en paille (jusqu’à
800 kg de paille par hectare) soit jusqu’à 125 € de marge brute par hectare. Pour optimiser la conduite de traitement à tenir, il est avant tout essentiel de suivre attentivement
l’état de la culture pour repérer l’apparition de la maladie au plus vite. Les modalités de traitement sont à définir ensuite en fonction des possibilités et de la stratégie choisie.
Des références locales
Cet essai sur Arlanc et d’autres sur Sauvessanges : fongicide sur triticale, désherbage des céréales, sont le résultat d’une dynamique initiée par Jean-Yves Ayel, Président de l’association APDLF. Au-delà des informations issues d’un essai, l’objectif est d’intégrer des réseaux de références afin que les spécificités de la production de céréales en zone de montagne soient connues et reconnues au niveau national. La finalité à terme étant de disposer de données fiables et précises pour les agriculteurs de montagne.
Pour être reconduits dans le temps, les essais nécessitent à la fois des partenariats avec des acteurs économiques et techniques, mais aussi une implication des agriculteurs pour mettre une parcelle à disposition, suivre l’essai… Le soutien des agriculteurs, collectivement et localement, est indispensable à la réussite de ce travail dont le résultat suscite l’intérêt de tous comme l’a montré la participation à la journée du 10 juin.
Réaction de Christian Peyronny, Président de l’UDSEA
Productions végétales en montagne, un extraordinaire potentiel
En circulant dans notre département, on constate que les productions végétales ne sont pas réservées aux zones de plaine. Elles tiennent même une place importante dans le parcellaire des zones de demi montagne. Un blé ou un triticale n’est pas semé au hasard. L’assolement dans ces régions impose une rotation des cultures dont les céréales à paille font partie. La nouvelle PAC, en apportant une plus-value supplémentaire aux protéagineux (luzerne, pois protéagineux, féveroles, trèfles…), en fera d’excellentes têtes de rotation. Il faudra en tenir compte.
En montagne, comme ailleurs, la production céréalière requiert de la technique. C’était l’objet de la journée d’Arlanc.
Produire mieux et à moindre coût, c’est bien choisir ses variétés et utiliser leurs résistances intrinsèques aux maladies. C’est également, être présent dans les parcelles, identifier les maladies et traiter au bon moment avec la bonne molécule contre les agents pathogènes. On ne traite pas un blé parce que le voisin a sorti le pulvé ! Jean-Yves Ayel, qui est à l’origine de l’opération, a rappelé comment distinguer les rouilles brunes, jaunes et la septoriose, comment les traiter de façon spécifique pour optimiser les frais de traitements et par la même occasion devenir éco-responsable !
Je tiens d’ailleurs à remercier toutes les personnes qui se sont impliquées dans la mise en œuvre et la réalisation de cette manifestation qui sert à l’ensemble de la profession. En effet il n’est pas facile de trouver la parcelle, le temps et les partenaires pour mettre sur un pied un essai comparatif de céréales à paille dans nos montagnes auvergnates.
Dommage pour ceux qui n’y croient pas, le potentiel des productions végétales de montagne existe bien. Les quantités produites sur ces zones le prouvent et l’intérêt des agriculteurs présents le 10 juin le confirme. D’autres pistes pour utiliser ce potentiel subsistent sûrement telles des espèces un peu délaissées, comme les seigles panifiables, les avoines et autres polygonacées que nos grands parents utilisaient pour leur potentiel herbicide.
Gages de qualité, gardiennes de la biodiversité, les productions végétales de montagne ont de l’avenir, il faut en être fiers.