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Agroéquipement : Le numérique, une révolution d’usage

Au rythme de tables rondes et de conférences, la 10ème convention nationale des agroéquipements a mis la numérisation des exploitations et ses effets au cœur de ses échanges.

La 10ème convention nationale des agroéquipements a fait place à un large débat sur la numérisation des exploitations et ses conséquences pour la filière machinisme.
La 10ème convention nationale des agroéquipements a fait place à un large débat sur la numérisation des exploitations et ses conséquences pour la filière machinisme.
© C. Rolle

Plus de 400 décideurs du secteur du machinisme agricole étaient réunis à Clermont-Ferrand, les 7 et 8 avril derniers, pour anticiper le futur de l’agriculture et des machines agricoles. Une rencontre organisée par Axema (syndicat des industriels de l'agroéquipement) et Sedima (syndicat du service et de la distribution du machinisme agricole) pour faire le point sur les évolutions de la filière et les grandes tendances du marché.


Les raisons du digital

Cette année, l’accent était mis sur la révolution numérique dans les exploitations… vaste sujet qui ne laisse pas indifférents les industriels et les distributeurs de machines agricoles, et pour cause ! Le numérique s’invite de plus en plus chez les exploitants agricoles entraînant avec lui des changements dans les domaines des services, des conseils et de la distribution des agroéquipements. «Avec l’arrivée en 2000 des objets connectés, de la robotique, des logiciels embarqués... le monde agricole a connu une vraie rupture technologique» explique Roger le Guen, sociologue et directeur de recherche. Sur la base d’une enquête réalisée auprès des producteurs laitiers, il s’est intéressé à leurs intentions en matière d’équipements numériques et à leurs effets. Il apparaît ainsi que les agriculteurs sont très attentifs à la numérisation de leur métier. Ils s’inscrivent dans le mouvement sous la montée des  pressions réglementaires, dans le but de gagner du temps, d’améliorer leurs conditions de travail et d’optimiser les performances techniques et économiques de l’exploitation. L’étude montre également que la numérisation a des effets sur le travail dans l’exploitation (précision, pilotage à distance, contrôles instantanés…), des effets sur les modes d’organisation (entre associés, salariés…) et sur les relations avec les partenaires. Quant à l’avenir avec le numérique : il y a les exploitants pour qui l’accès au digital se fait par obligation, ceux qui le jugent utile mais pas essentiel et enfin ceux pour qui le numérique est indispensable demain pour manager.


Le numérique, un outil avant tout

Le numérique investit ainsi tous les secteurs des exploitations, bouscule les usages et oblige à l’adaptation perpétuelle. Faut-il en avoir peur ? Et quelles sont les conséquences sur les équipementiers et leurs distributeurs ? Pour Paolin Pascot, serial entrepreneur de 26 ans,  co-fondateur de Agriconomie (plate-forme de marché en ligne dédiée aux approvisionnements des agriculteurs), «il ne faut surtout pas avoir peur du digital et de la révolution des usages. Le pire serait de faire l’autruche». Le jeune patron se targue de «vendre de l’économie de temps» aux agriculteurs, de vouloir «gommer les mauvais usages comme l’absence de transparence en matière de prix» et d’aider les professionnels à «mieux acheter, mieux gérer demain l’exploitation et à mieux valoriser leurs produits (…) Nous sommes concentrés sur la satisfaction du client en le mettant au centre de l’innovation».Une position partagée par Philippe Royer, directeur général du groupe Seenergi (union regroupant 5 entreprises de conseil en élevage du grand ouest) qui pense que «l’ubérisation des services et de la distribution du machinisme agricole est en route». Et d’ajouter : «la numérisation fait basculer vers un autre modèle de conseils ; ainsi en 10 ans, 50% des conseillers ont disparu et ont été remplacés par des experts et des spécialistes». Face à la mutation numérique et aux changements qu’elle implique, industriels et distributeurs des agroéquipements confirment unanimement que la numérisation est avant tout un outil. Mehdi Siné, chef de service chez Arvalis-Institut du Végétal, précise que «le métier fondamental ne bouge pas ; ce sont les outils pour le faire qui changent. Le digital est d’abord une révolution d’usage avant d’être une révolution profonde».Une révolution qui va nécessairement modifier les modes de distribution selon les intervenants qui participaient aux différents débats. Ainsi pour Thierry Panadero, président de CLAAS Global, «internet va continuer à changer le métier mais il ne faut pas se contenter d’une plateforme sans valeur ajoutée. Le numérique renforce le lien entre client et fournisseur ; quant au  concessionnaire, il est le maillon indispensable entre l’industriel et le client».

C.Rolle

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