Accord en demi-teinte à Glasgow sur le marché du carbone
À la Cop 26, les États ont finalisé les règles d'application de l'accord de Paris, qui instaure deux marchés internationaux du carbone. Un système qui, selon les ONG et les experts, n'a pas les garde-fous suffisants, ni pour assurer des réductions réelles d'émissions, ni pour éviter la ruée sur des terres cultivées.
C'était l'un des principaux dossiers sur la table des négociateurs de la COP26. Mais, comme tant d'autres, le compromis trouvé sur les marchés internationaux du carbone en application de l'article 6 des accords de Paris laisse un goût d'inachevé. « En deux semaines, on est passé d'un article 6 terrible à un article 6 simplement mauvais », résume Maureen Jorand, chargée du plaidoyer souveraineté alimentaire et justice climatique au sein du CCFD-Terre Solidaire.
Cet article instaure deux marchés distincts du carbone. Le premier concerne les États, qui pourront vendre leurs réductions d'émissions ou en acheter pour atteindre leurs objectifs. Dans l'esprit du label bas carbone français, le second marché est ouvert aux acteurs privés et non-étatiques, qui pourront aussi y trouver le moyen d'améliorer leurs bilans d'émissions.
Du côté des bonnes nouvelles, « les principaux pièges pour le double comptage d'émission ont été évités », se réjouit Lola Vallejo, directrice du programme climat au sein de l'Iddri (Institut du développement durable et des relations internationales). C'était là l'un des points difficiles de la négociation, face à certains États comme le Brésil qui voulaient vendre leurs crédits tout en les décomptant de leurs bilans nationaux. Au final, ce type de pratique sera bien interdit dans les nouveaux marchés. Même si « l'accord a été emporté à la dernière minute », souligne Maureen Jorand.
Autre raison de se réjouir, « la discussion ne s'est pas concentrée seulement sur les approches marchandes », poursuit Maureen Jorand. Car l'article 6, rappelle-t-elle, visait de manière générale à encourager la coopération entre États dans la mise en oeuvre de leurs contributions nationales, sans se concentrer uniquement sur le marché carbone. Une ambition appuyée par plusieurs pays latino-américains dont la Bolivie, et qui sera mise en oeuvre selon l'accord final par le lancement d'un nouveau programme de travail onusien.