72 heures chrono pour renflouer le prix de la viande
Après trois jours de blocage de ses sites, le leader français de l’abattage est revenu à la table des discussions, acceptant un redressement progressif des prix de la viande.
Le siège de la douzaine d'abattoirs du groupe Bigard a été levé jeudi dernier par les éleveurs sans qu'apparemment vous ayez obtenu votre objectif d'une revalorisation de 60 centimes d'euro le kilo de viande bovine. Qu'en est-il ?
Patrick Bénézit (secrétaire général Fédération nationale bovine) : "Les engagements qui ont été pris le 10 novembre par les uns et les autres sont beaucoup plus complexes que les + 5 centimes annoncés dans la presse. Les informations reprises par l'AFP étaient très incomplètes, ce qui est très regrettable dans la mesure où cela a amené des commentaires totalement erronés. Cette communication de sortie de crise a été très maladroite et la reprise médiatique catastrophique".
Vous évoquez des engagements de part et d'autre. Quelles garanties avez-vous obtenues du leader français du marché de la viande ?
P. B. : "Il faut d'abord bien comprendre qu'un accord sur les prix au sein de la filière bovine est impossible au regard du droit communautaire. Rappelons-nous l'amende européenne dont nous avons écopée pour entente illicite au moment de la crise de la vache folle. Ce que nous voulions, c'était d'abord dénoncer un marché verrouillé et faussé. Au cours de la réunion interprofessionnelle à laquelle M. Bigard a finalement accepté de participer, l'ensemble des fédérations de la filière a acté, sous l'égide de l'État qui a joué le rôle de médiateur, un certain nombre de mesures afin de permettre une augmentation progressive des prix jusqu'à cet objectif de 60 centimes d'euros qui devrait être effectif dans les prochaines semaines. Ce plan d'action de la filière, qui sera explicité par Pierre Chevalier (NDLR : président de la FNB) à l'assemblée générale de la FDSEA le 19 novembre, englobe notamment des dispositifs en matière de transparence des transactions, de fiabilité des cotations, de dynamisation de l'export et de la viande VBF, de contractualisation pour adapter offre et demande..."
La hache de "guerre des prix", initiée cet été par la FNB, est donc enterrée ?
P. B. : "Non, nous avons bien indiqué que les barrages étaient suspendus et non levés. Comptez sur nous pour vérifier syndicalement que les engagements pris seront tenus. Il faut donc que les éleveurs restent vigilants. Cela dit, grâce à la mobilisation importante et rapide des éleveurs dans des conditions climatiques pourtant défavorables avec les premières neiges tombées sur le Cantal, nous sommes parvenus à déstabiliser le groupe Bigard et à démontrer qu'à tout moment nous pouvons paralyser ses sites".
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
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