[Acides aminés] Boostez l’efficacité protéique de la ration des vaches laitières
La réduction du correcteur azoté de la ration est possible grâce à un meilleur équilibre en acides aminés. Elle permet un gain de TP et MP mais aussi plus de lait.
La réduction du correcteur azoté de la ration est possible grâce à un meilleur équilibre en acides aminés. Elle permet un gain de TP et MP mais aussi plus de lait.
Un essai a été réalisé(1) dans cinq élevages de l’Ouest pendant l’hiver 2018-2019 dans le cadre de SOS protéin, un programme de recherche et d’expérimentation visant à limiter la dépendance aux importations de protéines végétales. Il montre qu’il est possible de réduire l’apport de tourteau de soja en le compensant par un apport de lysine et méthionine. Et d’obtenir, grâce à un meilleur équilibre en acides aminés, une amélioration des performances de production: + 0,5 g/kg sur le TP, +0,6 kg lait par VL et par jour , et + 39 g de matière protéique par vache. Avec en parallèle un taux d’urée du lait qui diminue de 48 mg/l.
Un essai sur des vaches produisant 35 kg de lait par jour
Ces résultats ont été obtenus avec une ration expérimentale contenant :
- 600 g (brut) de correcteur azoté (tourteau de soja ou un correcteur avec au moins 50 % soja) en moins que la ration témoin ;
- 600 g de concentré énergétique en plus pour compenser la baisse de l’apport en UFL ;
- 200 g d’un mélange de blé + 35 g lysine protégée (AjiPro-L) + 20 g de méthionine protégée (Smartamine M).
Grâce à cet apport de lysine et méthionine digestibles (correspondant à 9 g de LysDI et 12 g de MetDi), la ration expérimentale était proche des recommandations Inra : les teneurs en lysine se situaient selon les élevages entre 7,1 et 7,4 % PDIE et en méthionine entre 2,3 et 2,5 % PDIE.
« Ces élevages produisaient plus de 9 500 kilos de lait, soit environ 35 kilos de lait par vache et par jour au moment du démarrage de l’essai », souligne Guylaine Trou, de la chambre d’agriculture de Bretagne. Ces élevages détiennent entre 68 et 200 vaches avec une moyenne à 128 vaches, et quatre des cinq élevages sont robotisés. Les vaches sont en ration semi-complète à base d’ensilage de maïs associé à 2 à 8 kg MS d’herbe stockée selon les élevages. Elles reçoivent un premier correcteur azoté à l’auge complété ou non par un concentré énergétique, et un deuxième correcteur azoté et du concentré de production au DAC. Le concentré représente en moyenne 32 % des rations, avec une consommation moyenne de 4,2 kg de correcteur azoté par vache et par jour.
Le protocole de l’essai comporte trois périodes : un mois où les vaches consomment la ration témoin initiale, puis deux mois avec la ration expérimentale, et à nouveau un mois avec la ration témoin. « L’avantage de ce protocole inversé est de permettre une comparaison des rations témoin et expérimentale à même stade moyen de lactation : 188 jours sur les périodes 1+3 et sur la période 2 », précise Guylaine Trou. Les résultats reposent sur les données de 344 vaches dont 173 primipares présentes sur l’ensemble des trois périodes, avec sept contrôles réalisés par vache.
À noter que la diminution de correcteur azoté a été plus faible que prévu, avec un apport réduit en moyenne de 400 g par vache et par jour. « Nous avons bien eu la diminution au niveau de la ration expérimentale mais pas la remontée que prévoyait le protocole. » Cet écart est dû soit à des variations d’ingestion, soit à la programmation du DAC. Quant à l'intérêt économique, il est directement lié au prix du soja: « il y a de fortes attentes des éleveurs sur le retour sur investissement ».
Des variations qui restent à expliquer
« Les résultats varient un peu selon les élevages : le gain sur le TP varie de 0,4 à 0,8 g, sur le lait de 0,3 à 1,5 kg/VL/j et sur la matière protéique de 12 à 66 g/VL/j. Mais dans tous les cas, les réponses sont positives », précise Guylaine Trou. Les réponses varient aussi selon les vaches : « plus de la moitié des vaches ont des réponses positives sur le lait et la matière protéique, et un quart ont eu des réponses négatives sur les deux ». Ces écarts restent à expliquer. Les effets ne sont pas modifiés par la parité, par le stade de lactation et par le niveau de production de lait ou de TP au démarrage de lactation.