Trackers photovoltaïques : Yves-Marie Beaudet réduit sa facture électrique d’un tiers
En autoproduisant avec cinq « trackers » installés sur son parcours, l’éleveur de poules pondeuses a fortement diminué ses charges énergétiques conformément aux prévisions.
En autoproduisant avec cinq « trackers » installés sur son parcours, l’éleveur de poules pondeuses a fortement diminué ses charges énergétiques conformément aux prévisions.
C’est en surfant sur le net qu’Yves-Marie Beaudet a découvert en 2016 cette nouvelle façon de produire plus efficacement de l’électricité photovoltaïque. Installés sur un cadre posé sur un mât, les panneaux suivent la course du soleil, hiver comme été. Un actionneur rotatif fait pivoter le cadre, tandis qu’un moteur électrique l’incline. Selon l’installateur Okwind, la quantité d’électricité produite est augmentée de 40 à 50 % par rapport à des panneaux fixes, en raison d’une production plus abondante et mieux répartie sur la journée, surtout le matin et le soir. « Je voulais encore faire des économies de charges et valoriser mon nouveau parcours plein air », explique Yves Marie. En effet, l’an dernier l’éleveur breton a partiellement transformé un site de poules en cages en système plein air(1). Il a été séduit par l’idée de produire pour son élevage. « Mon objectif est vraiment de réduire ma dépendance vis-à-vis de mon fournisseur d’électricité. D’autre part, cela ne mobilise aucune main-d’œuvre. »
Autoproduire 27 % de ses consommations
Yves-Marie a opté pour une production sans contrat de revente partielle, ce qui fait que l’électricité non utilisée est délivrée gratuitement au réseau. Il fallait donc correctement dimensionner la puissance des trackers pour adapter la production à un niveau de consommation régulier. L’installateur a enregistré les consommations sur deux semaines pour lui proposer plusieurs scénarios. La variation de consommation est surtout conditionnée par la ventilation, donc à la température. « Avec 4 trackers de 110 m2 (4 fois 19,2 kWc), j’étais sûr de tout autoconsommer. J’en ai installé un cinquième, en me disant que je pourrais décaler des consommations en dehors des heures de production. » Installée aux environs de Lamballe (Côtes-d'Armor), l’installation de 92 kWc devait produire 140 000 kWh (hors 7 000 kWh d’effet d’ombrage), permettant une économie annuelle de consommation de 26 % sur une consommation réelle de 540 000 kW heure par an. Le contrat a été signé en septembre. Les formalités administratives ont été simples et rapides (déclaration de travaux et information d’Enedis), de sorte que les trackers sont entrés en action en novembre 2016. Ils ont produit 135 500 kWh en 2017, en raison d’un ensoleillement défavorable surtout en juillet et en septembre. L’éleveur estime que la meilleure période d’ajustement entre production et consommation se situe au printemps et à l’automne. Et 93,2 % des kWh produits ont bien été autoconsommés. Yves-Marie pourra faire mieux en décalant des consommations dans les périodes de production solaire. « Ce que je constate, c’est que la facture est passée de 54 000 euros à 36 000 euros, c’est-à-dire 18 000 euros d’économies. » Soit encore 33 % de réduction.
Retour sur amortissement de douze ans
Sur sa facture EDF, la comparaison des relevés mensuels entre 2016 et 2017 fait apparaître une diminution systématique, mais irrégulière, allant de moins 11 % en décembre 2017 à moins 59 % sur les deux mois d’été. Par contre en un an, le KWh acheté a encore augmenté de 7 %. Cet hiver, il lui revient à 13,2 c (hors TVA) pour un prix de fourniture à 4,2 c en heures creuses et de 5,68 en heures pleines. « L’intérêt, c’est d’autoconsommer en journée pendant les heures pleines, justement lorsque le kW heure coûte le plus cher. » Selon l’installateur, le coût de revient du kWh tracker se situe aux alentours de 5,7 c kWh sur 25 ans. De plus, l’éleveur a aussi réduit la puissance de 180 KVa à 174 KVa l’hiver et 147 KVa l’été, lui faisant économiser 900 euros d’abonnement par an.
Sur le long terme, le prévisionnel est aussi très positif. L’investissement est de 265 000 euros (2,88 euros par watt crête), entièrement empruntés sur 10 ans (au taux de 1,3 %), soit une annuité de 28 500 euros. Comparativement aux panneaux fixes, ce surcoût est compensé par le rendement supérieur. S’ajoutent environ 1600 euros de charges de fonctionnement. Côté gain, la prévision était de 14 000 euros la première année et il a atteint en réalité 18 000 euros. En tablant sur une augmentation annuelle de 5 % du tarif d’achat de l’électricité, ce gain devrait croître. Et, selon son comptable, la trésorerie redeviendra positive la douzième année pour atteindre un solde cumulé de 145 000 euros dans 20 ans (part fiscale et sociale déduite). Yves-Marie n’exclut pas de réinvestir dans du stockage pour autoconsommer 100 % de sa production, « quand ce sera plus abordable » et d’installer de nouveaux trackers « pour augmenter mon autonomie ».
(1) Voir aussi Réussir Aviculture n° 224 - mars 2017Cellules biface sur 20 à 117 m2
La gamme proposée par Okwind a évolué depuis l’installation chez Yves-Marie Beaudet. Équipés de cellules biface, les panneaux captent des deux côtés. La puissance varie de 3,36 kWc (12 panneaux sur 20 m2) à 20,12 kWc (64 panneaux sur 117 m2). Sur le grand modèle, le mât de 7 mètres de haut supporte un cadre de 13,5 m par 8,4 m. L’ensemble de 4,3 tonnes est ancré sur une base en béton de 2,5 m de côtés pour 2 m de profondeur. En position inclinée maximale, le haut du cadre culmine à 11 m et le bas descend à 3 m du sol. Chaque appareil est muni de son onduleur (à changer tous les dix ans). Les panneaux sont garantis 25 ans et la structure 10. Le suivi du soleil est piloté par un logiciel de gestion spécifique à chaque emplacement. À la nuit tombée et en cas de vent (plus de 50 km/h mesuré par l’anémomètre individuel) le cadre est positionné à l’horizontale. Le nettoyage des panneaux se fait au gré des précipitations ou de la rosée.