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Vincent Le Jeloux a mis sept ans pour s’installer

Producteur de canards de chair depuis novembre 2016, Vincent Le Jeloux a eu assez de patience et de persévérance pour se faire financer et trouver le site à reprendre.

À peu près rien ne prédestinait Vincent Le Jeloux à devenir éleveur de canards de chair en Bretagne pour le groupe LDC, avec l’organisation de production (OP) Huttepain aliments. Originaire des environs de Locminé dans le Morbihan et sans parents agriculteurs, Vincent s’est formé aux métiers de l’hôtellerie. « Après mon BEP à 18 ans, j’ai assez vite bifurqué vers divers emplois en usines agroalimentaires, avant d’être facteur durant une dizaine d’années. Mais, j’avais besoin de sortir de la routine. Le week-end, je faisais des extras en restauration et comme barman en discothèque. » Sans perspective d’évolution, Vincent démissionne de la poste pour travailler comme paysagiste, puis dans les travaux publics. « Depuis l’adolescence, je faisais aussi des enlèvements de volailles, car ma tante avait un poulailler de 1 000 m2. C’est comme ça que l’envie m’est venue. Le métier d’éleveur m’attirait, ainsi que la liberté de pouvoir gérer moi-même les horaires et le travail. Enfin, j’ai aussi vu l’intérêt d’un contrat sécurisant. »

Un élevage de canards repéré sur Le Bon coin

Pendant sept ans, Vincent Le Jeloux essaie de trouver un élevage par lui-même, en demandant lors des ramassages ou en consultant des sites internet (Le Bon coin, Altéor transaction, Quatuor transactions). « Je ne connaissais pas le dispositif du répertoire transmission-installation », admet Vincent qui méconnaissait les institutions et les rouages agricoles. Et j’avais restreint ma recherche à un trop petit secteur. J’ai eu quelques occasions. Les bâtiments étaient trop chers à reprendre et rénover et la banque ne me suivait pas ; ou bien les OP disaient qu’elles n’étaient pas intéressées. La filière était dans un creux. » Vincent a néanmoins persévéré. « J’ai vu l’annonce sur Le Bon coin en janvier 2016, avec deux bâtiments de canards de chair de 1987 et 1997 situés à Colpo (56), avec 1 930 m2 et deux hectares de terrain. On a signé le compromis en juillet et j’ai démarré en novembre. » Compte tenu des rénovations à faire, Vincent a fait baisser le prix de vente de 90 à 65 euros/m2, avec l’appui d’un éleveur. « Lors de mes sept années de recherche, j’ai constaté que beaucoup de cédants demandent un prix trop élevé. Avec des rénovations importantes, le prévisionnel ne passe pas à la banque. » Il a fallu refaire les branchements électriques et les boîtiers de régulation, mettre le gaz aux normes, installer des échangeurs d’air dans les deux statiques (dont un Louisiane), changer des cloches par des pipettes, changer des lignes de mangeoires d’origine. Sans compter les « surprises » : alarme qui grille juste avant le premier lot, portail défoncé par une tempête un lendemain de mise en place, installation de traitement d’eau du forage à faire, matériel à acheter (nettoyeur, tracteur d’occasion, minipelle). « Mis bout à bout, ça en fait plus que prévu… ». Aux 210 000 euros du coût d’acquisition-rénovation, remboursés en douze années (22 000 euros/an), s’ajoutent 95 000 euros de frais supplémentaires. Au total, il aura donc investi 158 euros par m2.

Après la mise à l’épreuve, deux nouveaux projets

Installé hors de tout cadre, Vincent Le Jeloux n’a bénéficié d’aucune aide (DJA et PCAE notamment), sauf celle de l’OP Huttepain Bretagne. Il a reçu une aide à la reprise de 12,50 euros par mètre carré, à condition de contracter sept ans. « J’ai préféré miser sur la garantie du débouché LDC, ce qui a aussi rassuré le Crédit agricole du Morbihan. » Malgré des bâtiments relativement vétustes à l’achat, après les rénovations nécessaires l’éleveur obtient de très bonnes performances. Avec une marge caneton-aliment objectif de 26 euros/m2/lot, Vincent peut prélever 1 200 euros par mois pour ses besoins et ceux de sa famille. Mais après un an de rodage, ses ambitions ne s’arrêtent pas là. « Dans trois ans, je pourrais peut-être reprendre le bâtiment de dinde de 1 200 m2 de mon cédant, gardé pour permettre à son épouse de terminer sa carrière. Mais j’ai deux projets plus sérieux si la banque suit, sachant que je serai encore soutenu par Huttepain Bretagne. » Vincent envisage la construction d’un troisième bâtiment de 1 200 m2 en canards, mais l’investissement sera élevé. « Il faut réfléchir avec ou sans caillebotis (avec jardin d’hiver) pour anticiper les attentes sociétales. » Si ce projet va à son terme, le site pourrait perdre ses trois fosses à lisier. « Actuellement, l’épandage me coûte environ 10 000 euros par an et c’est beaucoup de souci administratif. » L’autre projet serait de reprendre un site de dindes dans une commune avoisinante. « L’avantage est d’avoir une autre production et de dégager un meilleur revenu à court terme, même s’il y a des rénovations à faire. » Vincent Le Jeloux sait bien qu’il devra faire des travaux, « ne serait-ce que l’éclairage naturel pour la démarche Nature d’éleveurs. Au final, ne pas démarrer trop gros m’a permis d’apprendre sur le tas et de faire mes preuves, » conclut Vincent Le Jeloux, prêt à relever d’autres challenges.

Trois questions à Guenael Le Sourd, directeur d’Huttepain Bretagne

Le maître mot de l’organisation bretonne de LDC est d’accompagner tous les entrepreneurs porteurs de projets dans toutes les productions.

-Dans quel état se trouve le parc qui est transmis ou vendu hors cadre ?

« Le parc avicole breton est très important mais il a deux inconvénients : il a vieilli et certains éleveurs qui manquaient de perspectives claires de débouchés ont peu rénové leurs sites. Ceux-ci sont donc difficilement reprenables. Mais cela ne nous empêche pas d’inciter les entrepreneurs à refaire du neuf avec du vieux, puis à construire dans un second temps. »

-Quels sont les besoins ?

« Chez LDC, nous produisons ce que l’on vend. Le groupe a beaucoup investi dans ses outils industriels, tout particulièrement en Bretagne. Les besoins sont donc importants dans toutes les productions : poulet, dinde, canard, pintade… Il y a des opportunités à saisir maintenant. Nous avons enregistré une vingtaine d’installations de jeunes sur les 24 derniers mois, pour environ sur 40 000 m2, avec des jeunes comme Vincent, issus ou pas du milieu avicole. »

-Comment mieux convaincre et accompagner les porteurs de projet ?

« Dès le premier rendez-vous, nous exposons un projet clair au candidat, qui répond à nos besoins commerciaux. Sans client, nous ne ferons rien. Nous accompagnons techniquement et financièrement nos installés ; nous les formons également à leur métier (programme Génération Le Gaulois) ; nous apportons notre expertise sur les bâtiments (programme Compbat) ; nous raisonnons dans un esprit de filière engagée pour répondre aux enjeux d’aujourd’hui et de demain (contrat de progrès Nature d’éleveurs). »

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