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Pododermatites : Une litière friable est un bon indicateur

L’EARL Avibreizh se focalise sur trois paramètres pour maintenir une litière sèche, point clé de la gestion des pododermatites : le type de matériau, la gestion de l’eau et celle de l’ambiance.

Vincent Hillaireau (à g.), technicien Sanders et Philippe Tastard : "La cosse de sarrasin contribue à nettoyer les pattes des poulets par frottement."
© A. Puybasset

Je n’ai pas vraiment besoin de regarder sous les pattes des poulets pour m’assurer qu’ils n’ont pas de pododermatites. Il me suffit de vérifier que la litière est friable, facile à gratter et qu’elle ne prend pas en masse », résume Philippe Tastard. Installé depuis 2008, il exploite sur l’un de ses sites, à Plumelec dans le Morbihan, 5 500 m2 de poulets lourds en partenariat avec Sanders Bretagne. Les quatre poulaillers, dont l’un de 2000 m2 construit l’an dernier, sont équipés de fenêtres et d’une dalle bétonnée, sauf l’un sur terre battue. Tous ont, en moyenne sur l’année, un taux de pododermatites proche de 10 % sur les mâles et de 20 % sur les femelles. Un bon score qui s’explique d’abord par le type de litière utilisé. L’éleveur a recours à un mélange de 30 % de sciure et de 70 % de cosses de sarrasin.

« Très fine et légère, la cosse permet d’avoir une litière friable, facile à déplacer par les poulets. Elle contribue à nettoyer leurs pattes par frottement et évite une prise en masse de la litière. La sciure apporte de la capacité d’absorption », explique Philippe. Il épand 40 m3 de litière pour son bâtiment en terre battue de 1 280 m2. Trois fois moins sur un sol béton. « Avec la cosse, on peut se permettre une épaisseur de litière un peu plus élevée qu’avec d’autres matériaux (1 à 1,2 cm selon la saison) car la litière, plus mobile, sèche plus vite. Avec l’avantage de mieux gérer le risque coccidiose », complète Vincent Hillaireau, technicien Sanders Bretagne. La cosse étant un matériau plus froid, l’éleveur chauffe un peu plus au démarrage.

Une surveillance du ratio eau/aliment

Il est par ailleurs très attentif au réglage des pipettes, toutes équipées d’une coupelle pour réduire le gaspillage. Il augmente chaque jour la hauteur de la ligne. « La pression d’eau est réglée au minimum au démarrage. Dès que la consommation plafonne, j’augmente progressivement la pression jusqu’au maximum. » Chaque jour, il surveille trois ratios et les compare aux normes du Gaevol : les rapports de quantités d’eau et d’aliment par animal présent et le ratio eau sur aliment. « Surveiller ces critères au quotidien permet d’optimiser la croissance et l’IC, tout en évitant une surconsommation d’eau, que l’on finit par retrouver dans la litière. »

Pour les réglages de ventilation, l’éleveur se base sur le taux d’hygrométrie et la teneur en CO2. Sans s’imposer de seuils fixes, il ajuste les besoins de ventilation en fonction de l’état de la litière et des indicateurs de consommation d’eau. « Il est surtout important d’avoir des sondes bien calibrées et fiables », ajoute Vincent Hillaireau.

Philippe ne considère pas la gestion des pododermatites comme une contrainte. « C’est le signe que les animaux sont dans un confort maximal permettant d’extérioriser au mieux leur potentiel génétique. » Cela demande cependant d’être très réactif et attentif à l’état de la litière. Lorsque le chauffage et la ventilation ne suffisent plus à la maintenir sèche, il n’y a pas d’autres solutions que de repailler. En général, seuls un ou deux lots par an le nécessitent avec un rajout uniquement sous les lignes d’eau. Mais l’essentiel est de le faire à temps et en quantité suffisante.

Mixscience avance sur le levier nutritionnel

Le groupe Avril-Mixscience a commencé à travailler sur la qualité des coussinets plantaires il y a plus de dix ans pour répondre à des cahiers des charges clients via l’abattoir Boscher. « En l’espace de cinq ans, le taux moyen de pododermatites des élevages du Gaevol est passé de 80 % à 30 %. L’objectif à terme est d’arriver en dessous de 10-15 %. Sur les 50 points de gagnés, 30 sont dus au management technique, les 20 autres à la nutrition », estime Nicolas Brévault, responsable volaille de Mixscience. Il considère trois leviers à actionner pour agir sur les pododermatites : la génétique, la technique et la nutrition, sachant que ce dernier ne s’exprime que si les précédents ont été travaillés en amont. « Les premiers points à gagner, qui sont aussi les plus durs à atteindre, se font par le management de la litière et de l’ambiance du bâtiment », insiste-t-il. Concernant le levier nutritionnel, plusieurs champs d’action ont été explorés ces dernières années. Ils ont porté sur la sécurisation des formules avec des matières premières plus digestibles, l’apport d’additifs (bétaïne, enzymes, régulateurs de flore…) et la présentation de l’aliment (granulométrie grossière). Chez Sanders, cela a abouti à la mise en place d’une nouvelle gamme alimentaire. « Notre objectif est d’aller encore plus loin dans la caractérisation des matières premières et d’inclure un critère de prédiction pododermatite dans les grilles de formulation. On connaît aujourd’hui l’itinéraire technique et nutritionnel pour réduire le taux de pododermatites. Il existe plusieurs chemins pour l’atteindre, selon le contexte de chaque OP. »

L’appli Podoscope, un outil de progrès

Lancé cet automne par Mixscience, Podoscope est un outil d’audit visant à identifier les facteurs de risques liés à la présence de pododermatites et à définir les actions prioritaires à mettre en place. Mise à disposition des techniciens, l’appli est téléchargée sur un smartphone, une tablette ou un PC. Il suffit de 30 minutes pour répondre à la trentaine de questions sur les thématiques que sont la litière, la ventilation, l’eau et les animaux. L’appli calcule une prédiction du taux de pododermatites et compile les résultats sous forme de graphiques avec curseurs. « Un rapport sous format pdf est émis. Il préconise les actions à mettre en place à court ou long termes et met en parallèle le gain attendu sur le taux de pododermatites et le retour sur investissement », explique Théophile Condy, de Mixscience. Ces préconisations ont été élaborées à partir d’une base de données issues de 3 500 lots de poulets lourds des éleveurs de Sanders Bretagne. Ce modèle a par la suite été validé dans 22 élevages du groupe. « Cet outil permet de mieux formaliser et diffuser les bonnes pratiques. À l’échelle d’un groupement, il permet d’adapter la formation sur les leviers identifiés : management de l’eau, pratiques de démarrage, etc... »

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