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Comment concevoir un sas 3 zones efficace et fonctionnel

Franchi plusieurs fois par jour, le sas doit être facile à utiliser pour jouer pleinement son rôle de barrière sanitaire, pour les éleveurs comme pour les visiteurs. Démonstration dans le bâtiment de pondeuses d’Alicia Le Bec.

La zone intermédiaire est délimitée par des caillebotis. La poubelle est accessible des trois zones.

Alicia Le Bec a tiré parti de son expérience de dix ans comme salariée en multiplication pour optimiser la mise en œuvre des barrières de biosécurité de son nouveau bâtiment de ponte, et en particulier son sas sanitaire. Installée à Saint-Hernin, dans le Finistère, la jeune femme exploite depuis avril un élevage de 30 000 poules pondeuses plein air, en partenariat avec la coopérative Le Gouessant. « En filière ponte, le sas trois zones fait partie des obligations de la charte sanitaire dans le cadre de la maîtrise du risque de salmonelles », explique Ghislaine Eddaraï, sa vétérinaire sanitaire.

Le sas doit comprendre trois espaces bien délimités (extérieur, intermédiaire et intérieur) avec le franchissement d’un obstacle, un lavabo à commande non manuelle avec eau chaude, un savon désinfectant et un essuie-main à usage unique. Doivent y avoir lieu le changement complet de tenue et de chaussures ainsi que le lavage des mains. « L’objectif est d’éviter l’introduction de contaminants, qui entrent surtout par les chaussures mais aussi via les poussières sur les vêtements, les cheveux et les mains. »

L’important est que chacune des étapes du changement de tenue se fasse toujours au même endroit du sas, dans un espace bien séparé et bien défini afin d’éviter toute contamination de la zone extérieure vers la zone intérieure mais aussi dans le sens inverse (risque de diffusion d’un pathogène vers les autres bâtiments du site). « En théorie, on pourrait se cantonner à un marquage au sol des trois zones mais le fait de mettre une barrière physique oblige à utiliser le sas de façon rigoureuse dans le temps. »

Facile à démonter et confortable

Le sas d’Alicia Le Bec a la particularité de comprendre deux circuits d’accès, l’un « classique » pour les visiteurs et le second, qui lui est réservé, avec le passage par le local de douche. Un choix d’abord fait pour son confort : « Je m’y change complètement, ce qui me permet d’être plus à l’aise. Après plusieurs heures de travail, dans un environnement de poussières, j’apprécie de me doucher avant de sortir. Ce n’est pas pour le temps que cela prend ! » « L’intérêt de ce sas conçu en long est qu’il est relativement petit et étroit. C’est un passage obligé, on ne peut pas le contourner », souligne Ghislaine Eddaraï.

L’éleveuse a tenu à mettre une cloison suffisamment haute (40 cm) pour que les visiteurs occasionnels (vendeur, réparateur…) qui ne sont pas forcément au courant des mesures de biosécurité (malgré l’affichage du mode d’emploi) ne soient pas tentés de le traverser sans protection. Pour cette raison également, elle ferme à clé la porte située entre le sas et le magasin. En cas de visite, la personne entre dans la première partie du sas et appuie sur la sonnette tout près de la porte. « Cela m’évite d’avoir à traverser le sas. » Sans recoin et très épuré, équipé de matériaux en plastique (caillebotis, barrière pleine, étagère), le sas est facile à nettoyer. « Je sors tout ce qui est démontable. » Le nettoyage et la désinfection sont réalisés une fois par semaine et durent une vingtaine de minutes.

 

3 zones, mode d’emploi

Le passage par le sas se fait par une succession d’étapes, qui doit être rigoureusement respectée. En images, chez Alicia Le Bec.

  1. Alicia accède à la première zone du sas, dite zone extérieure. Elle trempe ses chaussures dans un pédiluve, ferme la porte puis se déchausse. Elle franchit la porte d’accès au local douche sur sa droite, pose ses vêtements civils sur un portemanteau, traverse ou prend sa douche, puis revêt sa cotte d’élevage suspendue à un second portant sur le mur opposé. Elle protège ses cheveux avec une charlotte. 









     
  2. Elle ouvre une seconde porte puis pose ses pieds sur les caillebotis en plastique vert, situés devant le lavabo et qui délimitent la zone intermédiaire du sas.




















     
  3. L’éleveuse se nettoie les mains, en utilisant un savon désinfectant puis s’essuie avec une serviette papier qu’elle jette dans la poubelle, au pied du lavabo. Elle chausse ses chaussures d’élevage posées sur le sol bétonné, dans la troisième zone dite zone d’élevage ou intérieure. Petit détail, elles ont une couleur différente de celle de ses chaussures civiles. Elle ouvre une dernière porte et accède au magasin (zone d’emballage des œufs, bureau, etc.). Pour passer dans la salle d’élevage, elle utilisera une troisième paire de chaussures. 





















     
  4. Les techniciens, vétérinaires… utilisent le circuit classique. La personne entre dans la première zone, ferme la porte, pose éventuellement un manteau sur un portant.


















     
  5. En franchissant la barrière de séparation pleine en plastique, elle chausse une première paire de pédisacs et pose ses pieds sur la zone de caillebotis. Elle revêt une cotte, une charlotte puis se lave les mains.

















     
  6. Elle chausse une deuxième paire de pédisacs pour accéder à la troisième zone. Parfois, l’éleveur propose au visiteur des chaussures d’élevage. Dans ce cas, la personne retire ses chaussures dans la zone extérieure, accède à la seconde zone en chaussettes puis met les chaussures de prêt dans la zone intérieure.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un sas facile à nettoyer

Ghislaine Eddaraï, vétérinaire de la coopérative Le Gouessant, apporte quelques conseils pour concevoir et aménager son sas. « Un sas ne doit pas comporter trop d’éléments (armoire, étagères…) car tout doit être démontable pour le nettoyage et la désinfection. Il faut privilégier les matières en plastique et éviter le bois, moins facile à nettoyer. De même pour le sol, en béton lissé ou revêtu d’un carrelage antidérapant. Une chaise en plastique contre la barrière permet de s’asseoir et d’être plus à l’aise pour changer de chaussures.

Une petite étagère est souvent utile pour poser quelques affaires. L’une des erreurs les plus courantes est de poser les tenues civile et d’élevage au même endroit. L’idéal est de prévoir un portemanteau dans chaque zone pour éviter tout transfert de poussières. La poubelle située dans la zone intermédiaire est accessible de partout. En chair, l’eau chaude n’est pas obligatoire mais fortement conseillée. Il y a ainsi moins de frein au lavage de mains, notamment en hiver. Le bureau est situé dans la zone intérieure. Certains éleveurs y ont installé une tablette spécifique pour les autopsies.

Je conseille de réserver l’utilisation d’un pédiluve aux périodes à risques, notamment d’Influenza aviaire, en complément des barrières sanitaires. Car pour être efficace au quotidien, la solution désinfectante doit être renouvelée tous les jours, idem pour les pédichaux. De même, les coussins imprégnés de désinfectant ont l’inconvénient d’apporter de l’humidité dans le sas. Dans tous les cas, le pédiluve ne doit pas être une bonne excuse pour ne pas changer de chaussures. »

 

Les préconisations du GDS Bretagne

Félix Mahé, du GDS Bretagne, encourage les éleveurs de chair à aménager un sas trois zones, finalement plus facile à utiliser et aussi efficace qu’un sas deux zones. Il conseille de placer deux cloisons étanches au sol de part et d’autre du lavabo pour bien séparer les trois surfaces. Un caillebotis est placé dans la zone centrale. « Il ne faut pas de « jour » sous la séparation sinon les mouvements d’air (lors de l’ouverture d’une porte) font passer les poussières du sol de la zone extérieure vers la zone d’élevage. » Un pédiluve « chaux vive » peut être ajouté pour passer de la zone d’élevage du sas à la salle d’élevage.

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