Un nouveau bâtiment de ponte pour le couvoir d’Avril
La famille Thomasset agrandit son élevage de Muel pour produire des œufs à couver de poulets de chair destinés à alimenter le couvoir du groupe Avril.
La famille Thomasset agrandit son élevage de Muel pour produire des œufs à couver de poulets de chair destinés à alimenter le couvoir du groupe Avril.
Quatre cent trente kilomètres séparent le couvoir d’Amilly dans le Loiret et l’élevage de la famille Thomasset situé à Muel en Ille-et-Vilaine. L’EARL Poulmar, dirigée par David Thomasset, vient d’y terminer un bâtiment de production d’œufs à couver (OAC) de poulets de chair pour préparer l’installation de Matthieu, le fils de David. Depuis le mois de juillet, il accueille 15 000 poules Ross 308 et leurs coqs dans une salle de 2400 m2. Appelé à prendre la suite de son père, Matthieu a été décisif dans le montage du projet. « Cela fait longtemps que je prépare mon retour, précise Matthieu. En réalité, j’y ai toujours pensé. » De fait, le jeune homme de 22 ans, a suivi un parcours idéalement balisé par un BTS en productions animales, suivi d’un CS de technicien avicole et deux années de salariat en tant que technicien en repro chair au couvoir de l’Ausier en Ille-et-Vilaine. Cet atelier vient rejoindre un ensemble de trois bâtiments construits par David Thomasset dans les années 90 et abritant 26 000 poules parentales. En revanche, il a été construit un peu à l’écart pour permettre de travailler de manière autonome (sauf pour le groupe électrogène commun). Il sera bientôt entouré d’un périmètre de protection distinct. Matthieu est salarié de l’EARL et responsable de ce bâtiment, mais il donnera inévitablement un coup de main à son père qui, jusqu’à présent, pilotait seul les trois bâtiments. « Nousy arrivons en étant bien organisés et avec de bons équipements », remarque son fils Matthieu.
Un site de 41 000 places pour deux UTH
Pour choisir sa coque et son matériel, le jeune éleveur a fait la synthèse de l’expérience paternelle et de ses deux années de technicien. « Je suis parti sur une structure en panneaux de béton isolé (fournis par le belge VLtrac). Sa durée de vie est de 45 ans, alors que les pignons en panneaux sandwich sont à refaire au bout de 20 ans. » Et bien sûr avec une grande largeur de 28 mètres qui s’accompagne d’une extraction d’air par le faîtage, complétée par une ventilation longitudinale en cas d’excès de chaleur. « Pendant la canicule de fin juin, on est monté à 35 °C dans les anciens bâtiments et c’était 'limite' car le groupe électrogène n’arrêtait pas de disjoncter. » Pour les équipements de ventilation, Matthieu a choisi le fournisseur Skov. Ils comprennent des trappes d’entrées d’air sur les deux côtés, sept cheminées à extraction progressive au faîtage (maximum de 13 500 m3/h) et trois turbines au pignon (70 000 m3/h). Le bâtiment est bien sûr équipé d’une brumisation à haute pression. La nouveauté, ce sont les baies vitrées insérées sur quatre lignes dans la toiture. « On a voulu anticiper des évolutions liées au bien-être animal. Cela nous a coûté 30 000 euros. » La surface d’éclairage naturel équivaut à 3 % de la surface au sol et chaque baie est obturable par des lames isolées et pivotantes. « Leur niveau d’obscurcissement est automatisé, souligne Matthieu, pour s’adapter à l’intensité lumineuse nécessaire aux poules. Et si on n’a pas assez de lux, l’éclairage à leds Agrilight assure le complément. Et vice versa. »
Investir pour gagner du temps
Le chauffage est assuré par des radiateurs tubulaires (Spiraflex de Skov) à eau chaude posés sur les deux longs pans, avec quatre brasseurs d’air pour homogénéiser la répartition des calories. Le matériel d’alimentation (ainsi que l’abreuvement) est 100 % Roxell, avec une trémie peseuse, un silo journalier de stockage et une distribution par le milieu aux six circuits fermés à spire. « C’est beaucoup plus simple à gérer que des lignes à chaînes plates et tout est relevable. » Les poules iront pondre dans deux rangées de pondoirs en bois Van Gent, un matériel éprouvé. « Ils sont sur une fosse de stockage des fientes, précise Matthieu, pour réduire l’écart de hauteur entre le gisoir et le caillebotis qui pénalise les souches lourdes. » Pour optimiser les conditions de travail, le bâtiment est aussi équipé d’une emballeuse alvéoleuse Prinzen munie d’une table élévatrice.
Autre innovation, la famille Thomasset a fait installer deux trackers photovoltaïques OKwind de 117 m2 et 22 kWc pour s’auto-alimenter. Le surcoût de 100 000 euros est relatif, eu égard au 1,32 million d’euros investis dans le bâtiment, c’est-à-dire 88 euros par place de poule. Le couvoir Avril participe à l’investissement, avec une aide annuelle au mètre carré versée pendant quinze ans. Mais la somme restera confidentielle. Avec cet outil ayant adopté les nouvelles technologies du moment, le couvoir ne doute pas de la qualité future des poussins qu’elle livrera à ses clients du Centre Val de Loire et des régions périphériques.
380 000 poussins naissent par semaine à Amilly
Le couvoir d’Amilly est détenu par le groupe Avril depuis fin 2012, qui l’a repris conjointement avec l’abatteur Duc après le dépôt de bilan du groupe Doux. Le voisin bourguignon s’est assez rapidement désengagé lui laissant les commandes. L’outil fournit les éleveurs en contrat avec Avril, mais aussi une dizaine d’organisations en France, grâce à son implantation au cœur de la France. Il fait éclore 380 000 poussins par semaine (en quatre éclosions) à partir d’OAC provenant exclusivement de l’Ouest de la France, d’élevages situés à la frontière entre la Bretagne et les Pays de la Loire. Neuf éleveurs, anciens éleveurs Doux sauf un, sont en contrat avec 140 000 poules logées dans 17 bâtiments. S ‘ajoutent les 15 000 nouvelles places de Muel. Ce nouveau bâtiment de la famille Thomasset est le premier d’une nouvelle génération, les autres ayant été construits dans les années 90, puis rénovés ou aménagés depuis.