Un élevage de poulettes repro au standard européen
En Bretagne, le site de 4 800 m2 de Sylvie et Pascal Chevillard, sécurisé et quasiment neuf, produira plus de 70 000 poules reproductrices chair par an, conformément aux attentes du couvoir Perrot.
En Bretagne, le site de 4 800 m2 de Sylvie et Pascal Chevillard, sécurisé et quasiment neuf, produira plus de 70 000 poules reproductrices chair par an, conformément aux attentes du couvoir Perrot.
Couplé à l’évolution génétique des souches de poulets de chair, le besoin d’être plus compétitif pousse les accouveurs à plus d’exigence qualitative vis-à-vis de leurs éleveurs de poules reproductrices. Atteindre l’objectif du nombre de poussins au meilleur coût implique des reproducteurs à maturité sexuelle au moment choisi, avec un poids et une homogénéité optimaux. C’est possible en travaillant dans des bâtiments de nouvelle génération où les paramètres sont maîtrisés (abreuvement, alimentation, température, lumière, ventilation). « Par manque d’investissements, les bâtiments de futurs repro ont toujours été le maillon faible de l’accouvage français, expliquait Dominique Perrot, PDG du couvoir Perrot, en mars dernier. Mais, pas ici chez Sylvie et Pascal Chevillard, avec un outil comme il s’en fait ailleurs en Europe. » Le couple, fournisseur du couvoir depuis fin 2013, a investi 720 000 euros (300 euros/m2) dans deux bâtiments de 1 200 m2, obscurs et dynamiques (type Colorado de Serupa à ventilation transversale). Cette somme comprend le changement de groupe électrogène, la modification du tarif EDF et un caisson répartiteur de copeau. Dans le cadre du PCAE Bretagne, les éleveurs ont bénéficié de l’aide maximale de 30 000 euros.
Une forêt de mangeoires jaunes
Ces anciens éleveurs de futures dindes repro étaient déjà détenteurs de deux bâtiments de 1 200 m2, un de 1998 et un de 2013 reconstruit après un incendie, rééquipés à neuf. Le nouvel ensemble va produire au moins 12 000 poules par bâtiment et par lot, plus les coqs élevés à part, à raison de 2,1-2,2 lots par an. Il a été construit dans la perspective de l’installation de leur fils Kevin. « Nous avons 64 hectares de SAU avec des céréales et des jeunes bovins en engraissement. Notre secteur de Saint-Malon-sur-Mel, en Ille-et-Vilaine, est à dominante laitière, souligne Sylvie Chevillard. Ici, il est très compliqué de récupérer du foncier. D’où notre projet d’agrandissement. »
Une fois traversés les barrières sanitaires et le magasin, le visiteur est étonné par la profusion de matériel dans le bâtiment neuf. Sur 15 mètres de large alternent quatre rangées de pipettes Roxell et huit de mangeoires ovales Kixxo de Roxell. Pour parvenir à une homogénéité excellente, il faut une mangeoire pour 14 ou 16 poules, selon la souche (lourde ou légère). Soit 832 gamelles, une pour 1,45 m2 au sol. Trois circuits suffisent pour les coqs moins nombreux. Toutes les mangeoires sont remplies en même temps d’une même quantité. En pratique, les éleveurs trient souvent les poulettes pour réhomogénéiser les poids. Ils constituent des parcs, longitudinaux comme les circuits d’alimentation. Ils doivent ajouter manuellement l’aliment supplémentaire dans la trémie peseuse du parc à suralimenter, car chaque nouveau bâtiment est équipé d’une pesée centralisée. La totalité de l’investissement est couverte par prêt de quinze ans. En plus de la rémunération liée à la qualité des poulettes, le couvoir versera une prime annuelle de 9,60 euros par mètre carré pendant ces quinze ans (48 euros au total).
Le couvoir Perrot poursuit le rajeunissement de son parc
Pour être encore là demain, le couvoir Perrot de Pommerit Jaudy (Côtes-d’Armor) doit continuer à investir dans l’amélioration de son couvoir et faire investir ses éleveurs sous contrat. L’entreprise produit 1,7 million de poussins par semaine, dont 20 % à croissance lente ou intermédiaire (label rouge, bio, certifié) et 80 % standards, issus à parts égales de souche légère et lourde. Le parc élevage en contrat avec le couvoir comprend 55 000 m2 de poussinières et 80 000 m2 de bâtiments de ponte. « En un an, nous aurons bientôt fait construire 20 000 m2 de poussinières », précise Dominique Perrot. Justifié par le besoin d’augmenter le niveau, cet effort donne aussi plus d’autonomie vis-à-vis de fournisseurs extérieurs pas toujours spécialisés en poulette repro. Le basculement progressif de la souche naine Ross PM3 vers le lourd Ross 308 exige 15 % de surfaces en plus et dans des élevages de meilleure qualité technique. En ponte, l’effectif baisse par bâtiment, mais « avec moins de poules, nos éleveurs peuvent obtenir un meilleur revenu », souligne Dominique Perrot. Des projets de construction sont en cours avec des unités de grande, voire de très grande taille, comme chez nos voisins du Nord de l’Europe.