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Un élevage de poulet optimisé pour la performance

À Ménil-Lépinois dans les Ardennes, Matthieu Galland produit 162 800 poulets sur 7 400 mètres carrés. Cette dimension lui permet d’optimiser le chauffage et l’alimentation, ainsi que de privilégier le confort de travail.

Fin 2017, les quatre bâtiments de Matthieu Galland ont accueilli leurs premiers poussins. Le montant global du projet s’élève à 1,6 million d’euros (hors chaudière), amorti sur 15 ans. « Avec mon équipe, nous avons choisi de rénover deux anciens bâtiments de 1 500 mètres carrés chacun, explique l’éleveur. Construits en 1999, ils étaient vieillissants. Pour être davantage compétitifs et obtenir des contrats plus attractifs, il nous a aussi semblé plus réaliste d’investir dans deux constructions neuves, de 2 200 mètres carrés chacune. » Après quatre années de production, l’éleveur estime que la rénovation des anciens bâtiments lui fait gagner en performance avec globalement un gain de deux à trois euros du mètre carré par lot en comparaison avec la situation antérieure.

 

 
Les deux bâtiments en béton de 2200 m2 ont couté 1,2 million d'euros
Les deux bâtiments en béton de 2200 m2 ont couté 1,2 million d'euros © Julie Guichon

 

162 800 poulets dans quatre bâtiments

En plus de mutualiser le chauffage des bâtiments avec une chaudière à bois, ces travaux de rénovation et de construction ont permis à Matthieu Galland de centraliser l’alimentation. « La gestion des stocks est ainsi plus simple, convient-il. Nous consommons 3 000 tonnes d’aliment concentré par an ainsi que 1 200 tonnes de blé, produites sur l’exploitation et rémunérées au prix Matif du moment moins 15 euros. Sur le site, nous disposons également d’une fosse de réception qui nous permet d’être autonomes si nous souhaitons gérer nous-mêmes l’approvisionnement des aliments. » Dans son projet, l’éleveur a tout misé sur le confort de travail. Ainsi, les ouvertures des quatre bâtiments communiquent toutes sur une même zone bitumée.

Un modèle belge spécifique

 

 
Matthieu Galland a adopté le modèle de production belge hyper efficient en y ajoutant une touche de durabilité avec le chauffage au bois et les panneaux photovoltaïques.
Matthieu Galland a adopté le modèle de production belge hyper efficient en y ajoutant une touche de durabilité avec le chauffage au bois et les panneaux photovoltaïques. © P. Le Douarin

 

« Depuis la fermeture des usines Doux du Nord en 2008 et compte tenu de la taille de notre projet, nous avons eu l’opportunité de collaborer avec les Belges, raconte Matthieu Galland. Nous nous sommes rapprochés du fabricant d’aliments néerlandais De Heus qui travaille majoritairement avec Plukon sur la Belgique. Leur modèle économique est plus risqué que celui de la France mais nous avons davantage de libertés. En effet, De Heus se charge de répartir les poulets dans les abattoirs et nous laisse libres de choisir notre couvoir et notre accompagnement technique et vétérinaire. » L’éleveur apprécie de pouvoir optimiser sa production selon ses propres objectifs stratégiques. Il est conscient que cette liberté s’accompagne d’une prise de risques et qu’elle nécessite de suivre les différents marchés. « Chacun est libre de sécuriser sa production via un contrat personnalisé. De Heus me rémunère dès la semaine de sortie, selon un prix moyen de six semaines de production calculé selon les marchés belges de Deinze et hollandais ABC. » Même si l’activité a été difficile avec la Covid-19 et que la crise aviaire impacte le marché français, Matthieu Galland croit en sa reprise, les poulets français restant plébiscités par le consommateur.

Un poulet de 2,7 kilos en 42 jours

Actuellement, Matthieu réalise 10 000 euros de bénéfice qui lui permettent de couvrir les amortissements en cours. Il lui faut 72 euros du mètre carré par an de marge poussin-aliment pour atteindre son seuil de rentabilité. Personnellement, il a contractualisé 7 à 7,4 bandes par an avec la société néerlandaise. Une souplesse qu’il juge nécessaire pour que chacun des producteurs puisse l’adapter à sa propre organisation. Il travaille avec deux couvoirs pour garantir la qualité des poussins et répartir les risques.

 

 
Avec une densité initiale à 22 poulets réduite à 16 à partir de 36 jours et de bonnes conditions d'élevage, le salarié Alexis Bossus parvient à 55 kg de poids vif sorti par mètre carré
Avec une densité initiale à 22 poulets réduite à 16 à partir de 36 jours et de bonnes conditions d'élevage, le salarié Alexis Bossus parvient à 55 kg de poids vif sorti par mètre carré © EARL du Mont d'Aussonce

 

Tous les poussins sont mis en place le même jour. Ses volailles partent pour les marchés du poulet prêt à cuire et de la découpe. « Le modèle belge nous permet de produire du poulet lourd de 2,7 kilos. Pour ce faire, nous desserrons une à deux fois les volailles entre leur trentième et trente-sixième jour pour réduire l’effectif de 22 à 16 par mètre carré. » Après desserrage et jusqu’à la fin de leur cycle (42e jour), le gain de production s’élève à 12 kg par mètre carré, atteignant alors 55 kilos par mètre carré, par bande contre 42 kilos par mètre carré par bande en version classique.

 

 
Un élevage de poulet optimisé pour la performance

 

« Dès le septième jour, nous incorporons progressivement des grains entiers de blé dans la ration jusqu’au quarante-deuxième jour, ce qui représente en moyenne 27 % de céréales. Nous travaillons avec quatre formules différentes d’aliments, adaptées à l’âge des poulets. L’indice de consommation est bien évidemment un critère essentiel pour mesurer notre performance économique. »

« Cet atelier est une vitrine pour la profession »

 

Des poulets chauffés au bois

 

 
La chaudière à bois de 500 kWh fournit la majorité de la chaleur des 7 400 m² de poulaillers.
La chaudière à bois de 500 kWh fournit la majorité de la chaleur des 7 400 m² de poulaillers. © Julie Guichon

 

Matthieu Galland a choisi de chauffer l’ensemble de ses bâtiments avec une chaudière à bois. Il a investi 400 000 euros, dont 177 000 euros financés par l’Ademe. D’une puissance thermique de 500 kWh, elle consomme 300 à 400 tonnes de plaquettes par an pour un coût de 25 000 euros annuel. Il utilise encore ponctuellement une chaudière à gaz, en appoint ou en solution de secours, soit environ 7 tonnes en 2021. Par la suite, il espère un gain économique par la chaudière à condition que les frais de maintenance ne soient pas trop élevés.

 

Une éclosion dans le poulailler

 

 
Mise en place des oeufs 3 jours avant l'éclosion avec l'automate Nestborn (archive)
Mise en place des oeufs 3 jours avant l'éclosion avec l'automate Nestborn (archive) © P. Le Douarin

 

Matthieu Galland a essayé la technologie NestBorn qui consiste à faire éclore les poussins dans le poulailler. Il a effectué le test sur cinq lots de suite dans deux bâtiments différents. « L’inconvénient de cette pratique c’est qu’il faut un œil averti pour effectuer le bon tri au moment de l’éclosion. Globalement, les poussins nés NestBorn ont rattrapé la croissance des autres sans pour autant compenser les trois jours perdus pour l’éclosion. C’est une technique qui n’est pas sans risque. C’est pourquoi je préfère maintenir la réception classique des poussins du couvoir en attendant d’autres perspectives d’évolution et une valorisation sur le prix de vente. »

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