Revoir ses pratiques pour lutter contre la parvovirose en canard de Barbarie
Malgré la vaccination, la parvovirose reste présente sous sa forme chronique en canard de Barbarie, avec parfois un fort impact économique. La biosécurité et le protocole vaccinal sont essentiels.
Malgré la vaccination, la parvovirose reste présente sous sa forme chronique en canard de Barbarie, avec parfois un fort impact économique. La biosécurité et le protocole vaccinal sont essentiels.
En 2019, une enquête du Cicar révélait une recrudescence des cas de parvovirose en élevage de canard de Barbarie. « Et depuis, après une trêve en 2020 du fait du Covid-19, la parvovirose sous sa forme chronique reste présente sur les élevages, constate Laurence Moncaubeig, vétérinaire Chêne Vert. En 2019, 8-9 % des lots étaient touchés et le taux de récidive était de 50 %. La plupart des cas étaient de gravité légère. Mais dans 14 % des cas, l’impact économique était important, avec plus de 10 % de saisie et mortalité et une perte de MPA (marge poussin aliment) de plus de 6 euros par mètre carré, liée notamment au poids de filet à l’abattoir », a-t-elle détaillé lors d’une matinée « Les défis du Barbarie » organisée par Boerhinger Ingelheim.
En 2021, à la demande d’un groupement, un groupe de travail est donc mis en place, associant le cabinet Chêne Vert, le groupement et le laboratoire Boehringer Ingelheim, principal fournisseur de vaccin contre la parvovirose. Objectif : faire un état des lieux de la situation sur huit élevages identifiés à risque et mettre en place des actions correctrices.
Une pression virale parfois élevée
Une évaluation de la charge en parvovirus a été réalisée une semaine avant l’arrivée du lot, par prélèvements (boîtes contact, écouvillons) et photos sur différentes zones (portail d’entrée, murs, pipettes, chaîne, caillebotis, radiants, volets…). « Dans les cas les plus graves, il y a une très forte pression résiduelle en parvovirus, souvent liée à des problèmes de nettoyage, lavage et désinfection, de gestion du bac à cadavres, des rongeurs et de la fosse à lisier, rapporte Laurence Moncaubeig. S’y ajoutent parfois des problèmes sur le circuit des intervenants, la qualité du caneton et la gestion de l’eau de boisson. »
Des audits de vaccination ont ensuite été menés au rappel du vaccin. « Le vaccin n’est pas toujours stocké au bon endroit dans le réfrigérateur, ce qui peut entraîner des dépassements de la température maximale de 8 °C », constate Laurence Moncaubeig. Il peut aussi y avoir des défauts dans la reconstitution du vaccin, avec l’utilisation d’un seul Transofix sans repositionnement des capuchons protecteurs aux extrémités entre deux reconstitutions. Enfin, le confort du caneton pendant la vaccination, qui s’accompagne en général d’autres interventions (traitement des griffes et du bec), n’est pas toujours assuré. « 43 % des élevages n’utilisaient ni antidouleur, ni asséchant, ni stimulant immunitaire », observe la vétérinaire.
Actions correctives efficaces
La mise en place d’actions correctives pour le lot suivant a permis dans tous les cas de réduire les taux de mortalité et de saisie et d’améliorer la marge, qui est repassée « dans le vert » pour cinq élevages sur huit. « Ces résultats sont encourageants, car ils montrent qu’en changeant certaines pratiques, on peut limiter la récidive de parvovirose. » Prévenir l’infection par la biosécurité externe est essentiel, avec une attention à porter notamment à la gestion de l’épandage du lisier et à la gestion des visiteurs.
Autre point important : maximiser l’immunité par le programme vaccinal. « Il est conseillé de vacciner à J1 puis à J18, de faire le traitement du bec et des griffes au couvoir ou au moins de faire le traitement des griffes avant le rappel, à une semaine d’âge, d’apporter un stimulant immunitaire le jour du rappel et de s’assurer de la vitalité des canetons le jour du rappel et du confort dans le bâtiment », souligne la vétérinaire. Enfin, la biosécurité interne est importante pour minimiser l’exposition (qualité de lavage et désinfection, gestion des rongeurs et des insectes, gestion de la qualité de l’eau de boisson). « Il faut maintenir un équilibre entre biosécurité, pression microbienne et confort du caneton et avoir une démarche globale et inscrite sur le long terme », résume Laurence Moncaubeig.
Le virus de la parvovirose n’a pas muté
Face à la recrudescence de la parvovirose sur des lots vaccinés, Boehringer Ingelheim a fait appel à un laboratoire pour rechercher d’éventuelles évolutions des souches de parvovirus du canard de Barbarie. Quinze isolats de souches atypiques (violentes, récurrentes, précoces, tardives) prélevées sur le terrain de 2018 à 2023 ont été comparés à la souche historique et aux souches caractérisées lors de précédentes études, sur la base du gène VP1 codant pour la protéine la plus impliquée dans la réponse immunitaire. « Une grande proximité génétique est observée pour treize des quinze isolats, rapporte Guillaume Perreul, responsable technique aviaire France de Boehringer Ingelheim. Pour deux isolats, une recombinaison avec le parvovirus de l’oie a été constatée. Mais l’hypothèse de mutations du gène VP1 est à écarter.