Réussir l’installation des poules pondeuses alternatives
En atelier de poules pondeuses maintenues hors cage, la dizaine de semaines qui s’écoulent entre l’arrivée des poulettes et l’atteinte du pic de ponte sont capitales. L’éleveur est omniprésent pour aider ses poules à trouver rapidement leurs repères et s’adapter à leur nouvel environnement. Il stimule leur appétit pour qu’elles achèvent leur croissance.
En atelier de poules pondeuses maintenues hors cage, la dizaine de semaines qui s’écoulent entre l’arrivée des poulettes et l’atteinte du pic de ponte sont capitales. L’éleveur est omniprésent pour aider ses poules à trouver rapidement leurs repères et s’adapter à leur nouvel environnement. Il stimule leur appétit pour qu’elles achèvent leur croissance.
À l’heure du développement tous azimuts de l’agriculture connectée, s’il est un métier agricole qui revient aux fondamentaux de l’élevage, c’est bien celui de producteur d’œufs. Démarrer aujourd’hui des poulettes dans un atelier de ponte en mode alternatif n’a plus rien à voir avec les années pas si lointaines où pratiquement toutes les poules étaient logées dans des cages. L’eau et l’aliment étaient à portée du bec et la poule pondait directement sur le grillage.
C’était plus simple pour l’éleveur. Il réglait le programme lumineux afin que la ponte se mette progressivement en place. Il avait aussi à piloter correctement ses tours de chaînes d’aliment afin que les poules augmentent leur ingestion et terminent leur croissance, tout en commençant à pondre. Désormais, une majorité grandissante de poules est libre de se mouvoir dans un volume aménagé en zones d’activité : le perchoir pour dormir, le gisoir et le parcours pour se promener, gratter, piquer, se toiletter, interagir avec les voisines…, et le nid pour pondre, sans oublier le boire et le manger.
Connaître le passé des poulettes
Si chaque poule peut désormais faire ce qu’elle veut quand elle veut, les activités du lot se déroulent encore selon un rythme impulsé par l’éleveur ; à commencer par le programme lumineux. C’est celui-ci qui détermine le créneau horaire de la ponte (8 à 12 heures après l’extinction), et par ricochet les heures des repas (début et fin de journée), ainsi que l’heure du coucher.
À la différence de la conduite en cage, la poule alternative passe par une période d’apprentissage des espaces d’activité, plus ou moins stressante. L’adaptation est d’autant plus rapide que le changement d’environnement est moindre. La poulette a-t-elle été élevée au sol, avec ou sans perchoirs ? Avec ou sans plateaux ? En volière de quel type ? Sait-elle évoluer dans l’espace ? Sauter et voler ? Dans quel équipement mangeait-elle et buvait-elle ? Connaître tout cela permet de mieux préparer l’apprentissage, plutôt que de ne rien savoir et d’être en mode « réactif ». L’éleveur doit aussi être bien informé du programme lumineux en poussinière (horaires, durée, intensité) pour faire la bonne transition. Enfin, le changement d’aliment entre poussinière et atelier de ponte doit être minime et progressif.
Leur apprendre à aller au nid
Pendant la période d’installation et de début de ponte, l’éleveur a trois objectifs à atteindre : adapter et rythmer les poules, les faire pondre là où il faut, les faire manger suffisamment.
Éduquer correctement les poules évitera d’en avoir qui pondent hors nid, la principale hantise des éleveurs. L’éleveur a à passer du temps en journée pour qu’elles se répartissent dans toutes les zones du bâtiment ; le soir pour qu’elles remontent correctement dormir en hauteur. Les inciter à manger suffisamment et complètement leur ration, passe par des heures de repas adaptées à chaque lot. C’est indispensable, car l’adage « la poule pond par le bec » est toujours vrai.
Ne pas se fier aux automatismes
Exigeantes en temps, ces tâches inévitables du début de lot ont tendance à être minimisées auprès des porteurs de projets néophytes dont la plupart ignorent presque tout des poules. Dans la mesure où cette période est censée bien se dérouler, ils se focalisent plutôt sur le temps de collecte des œufs…
Or, la galère des pontes hors nid pendant tout un lot, ça existe. Par ailleurs, les automatismes (lumière, trappes, alimentation, pondoirs, ventilation…) ne peuvent pas remplacer l’humain. « C’est très pratique, mais cela ne suffit pas, souligne Nathalie Le Yaouanq, technicienne Eureden en Bretagne. Même avec des smartphones et des alarmes, il faut toujours vérifier manuellement l’eau des pipettes, le niveau d’aliment dans la chaîne… Être observateur et réactif, c’est ça être un bon animalier. Et c’est ce qui fait l’intérêt de ce métier, pour l’éleveur comme pour le technicien qui le conseille. »
Pascal Le Douarin
La journée d’une poule
Le rythme journalier de la poule est conditionné par l’heure d’extinction de la lumière, laquelle détermine sa plage de ponte 8 et 12 heures plus tard.
Le choix par l’éleveur du début de la nuit des poules dépend de la capacité à obscurcir le bâtiment et de son organisation de travail sur la ferme.
Avec un bâtiment de type clair, l’éleveur peut caler la fin des 15-16 heures d’éclairement (artificiel et naturel) sur l’heure de coucher du soleil la plus tardive du cycle, par exemple 22 h 30. La ponte se déroulera entre 6 h 30 et 10 h 30.
En bâtiment de type obscur, l’éleveur a plus de souplesse pour faire coïncider ses disponibilités (dans le cas où il assure une autre activité) avec une présence avec les poules au moment le plus opportun. Avec une extinction à 19 heures, la ponte se fera de 3 heures à 7 heures, lui permettant une collecte plus matinale des œufs.