Renouvellement des générations : « Oser lancer des actions nouvelles pour installer des agriculteurs »
Élue du conseil régional des Pays de la Loire et en charge de l’agriculture, Lydie Bernard croit aux initiatives locales et territoriales associant élus et professionnels agricoles pour améliorer le taux de remplacement des agriculteurs cédants.
Laisser le « marché » entre cédants et repreneurs agir en dehors de toute intervention, est-ce la bonne méthode ?
Lydie Bernard- « On ne peut pas dire que rien n’est fait par la profession agricole. Des actions sont déjà menées, mais il faut faire plus ; être audacieux en menant des actions nouvelles car le challenge est important. La région des Pays de la Loire veut aller plus loin, dans au moins deux directions. D’une part, impliquer des territoires et des élus de proximité pour innover. D’où l’initiative des dix territoires pilotes pour être près des préoccupations locales. D’autre part, améliorer l’attractivité du métier d’agriculteur, notamment en formation initiale (stage découverte en classe de troisième). L’objectif régional est d’atteindre 65 % de taux de remplacement en 2027, quand nous sommes à 55 % actuellement. »
Quels sont les freins à la transmission du côté des cédants ?
L.B.- « C’est clairement leur manque d’anticipation, alors qu’ils ont à cœur de transmettre leur outil de travail. C’est pourquoi il est nécessaire d’aller sur le terrain plutôt que de se contenter de leur envoyer un questionnaire. Il faut mieux les connaître pour les mettre en relation avec des repreneurs. »
Qu’apporte en plus la démarche Territoire pilote ?
L.B.- « Lancé en 2020-2021 dans cinq territoires par la région des Pays de la Loire, ce projet a été coconstruit avec les chambres d’agriculture. L’idée est que les élus concernés s’engagent aux côtés des professionnels pour lancer des actions nouvelles et donner envie à leurs collègues.
C’est à chaque territoire, forcément différent des autres, de le faire. Par exemple un « agribus » allant à la rencontre des futurs cédants, le contact systématique des plus de 57 ans, des rencontres entre candidats et cédants en soirée, en fermes ou sous forme de « job dating », la délocalisation du point d’information accueil transmission, des vidéos adressées aux jeunes, etc. Nous ferons bientôt le bilan pour cinq des territoires de la première tranche. »
Quels moyens financiers la région a-t-elle engagés ?
L.B.- « La région ne finance que la nouveauté ! Notre budget est limité, avec un maximum de 66 000 euros sur trois ans par territoire. En revanche, il faut que les collectivités sachent qu’elles peuvent bénéficier des fonds européens Leader dédiés aux territoires ruraux. Pour vingt euros financés par le territoire, l’Europe avance 80 euros. Ça vaut le coup de s’y intéresser. »
Comment impliquez-vous les partenaires économiques des agriculteurs ?
L.B.- « Ils sont associés à la démarche d’installation dans la mesure où les jeunes repreneurs doivent présenter une étude économique qui tient la route. Chaque territoire pilote prend l’initiative de contacter tel ou tel opérateur qui compte sur son secteur. Nous aurons plus de chances de réussir en fédérant toutes les initiatives. »