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Quand circuits long et court vont de pair en volailles

Initialement producteurs de poulets label rouge, Caroline et David Ripoche ont fait le saut du bio et de la vente directe aux halles de Cholet.

Les éleveurs indépendants en circuit court et ceux en contrat dans une filière longue, considèrent assez souvent ne pas faire partie du même monde, tant leurs méthodes et leurs conceptions de l’élevage diffèrent. Pourtant, ils se complètent en fournissant des marchés différents. En réunissant les deux systèmes, Caroline et David Ripoche font exception. Producteurs à Brégolles-en-Mauges, dans le Maine-et-Loire, ils élèvent sur le même site des volailles fermières pour leur propre compte et des volailles pour l’abattoir Bodin, toutes bio depuis le début de cette année.

Faire monter l’élevage en gamme

David s’est installé en 2008 sur la ferme familiale, en s’associant avec sa mère Marie Odile. L’exploitation comptait environ 60 hectares de SAU, un troupeau de 80 Blondes d’Aquitaine et deux bâtiments Label rouge de 400 m2 construits en 1997. « Dès mon installation en pleine crise bovine, j’avais le projet d’évoluer ", précise David. En 2011, le jeune éleveur ajoute deux autres 400 m2 pour muscler l’atelier volailles en contrat avec les Fermiers d’Ancenis. " À partir de 2012, nous sommes progressivement passés en race Salers, plus rustique avec une conduite plus facile. Plus persillée et goûteuse, la viande est plus adaptée à la vente directe." En 2013, son épouse le rejoint comme salariée. « Notre souhait était de poursuivre la valorisation des productions, même si l’exploitation reste de petite taille. Il fallait monter en gamme, d’où la conversion en bio. D’autant que nous en étions proches avec des bœufs à l’herbe et les poulets label. » La démarche bio n’était pas qu’économique. « Pour bien faire ce métier, il faut aussi être convaincu par ses valeurs, ajoute Caroline : autonomie, lien au sol et à l’animal, diversification. » Le couple a aussi souhaité se donner de nouveaux challenges pour sortir d’une routine. « Avec vingt ans d’expérience, on connaissait bien le poulet label rouge. » Le passage à l’acte s’est fait en mars 2017, à l’occasion du départ en retraite de la mère de David.

Passer naturellement des Fermiers d’Ancenis à Bodin

bBio a été relativement facile. Au début de cette année, le couple est passé des Fermiers d’Ancenis à Bodin, les deux structures faisant partie du groupe coopératif Terrena. « Les quatre bâtiments fonctionnent quasiment en bande unique (décalage d’une semaine), avec 16 000 poulets au maximum, ou des dindes pour le moment, rapporte Caroline. Techniquement, nous avons investi dans du petit matériel pour les dindes et agrandi les parcours. » La transition a été plus délicate en productions végétales et David a suivi une formation complémentaire. En volaille, l’éleveur souligne l’importance plus grande donnée au confort animal et à l’observation du comportement. « On doit être en permanence sur le qui-vive et anticiper. On n’hésite pas à chauffer plus et à repailler. On fait attention à la qualité de l’eau. » D’autant que Bodin se refuse à commercialiser en bio un lot traité avec des antibiotiques.

Franchir le pas de la vente à la ferme au magasin

Parallèlement, le couple a musclé l’activité vente directe existante. « Ma mère Marie Odile vendait sur place à chaque fin de lot de poulets. Ils étaient abattus à Ancenis par Gastronome. S’ajoutait de la viande bovine de temps en temps. » Caroline a repris le flambeau en 2014. « On vend les poulets 7,8 euros/kg en Pac, très souvent pour être congelés. » L’activité fonctionnant bien, le couple a saisi l’opportunité de reprendre un point de vente aux Halles de Cholet, tout en continuant la vente à la ferme. « Nous avons démarré en janvier, ce qui nous a conduits à mettre en place une nouvelle production fermière. Le vendredi et le samedi matin, nous vendons 70 à 100 volailles par semaine. » Pour Caroline, avoir le sigle AB était indispensable. « Cette clientèle citadine a besoin d’être rassurée par du bio, du local, du sans OGM. Elle nous demande souvent du gros poulet de 3 kg (vendu 9 euros/kg) pour le plat du dimanche et pour consommer les restes. Et quand on découpe, il faut le faire devant le client. » Les rares invendus sont transformés en rillettes ou plats cuisinés (coq au vin, préparation pour paella) dans un atelier extérieur. Pour l’avenir, la ferme du wagon lorgne du côté de la restauration hors domicile. « On livre quatre restaurants de temps en temps. Nous avons été approchés pour fournir la cantine de notre commune. Il est important d’éduquer nos enfants à bien manger. » C’est pour l’instant resté sans suite, peut-être pour une question de prix ou de volume. « Il ne faudrait pas être le seul à fournir » conclut Caroline.

« Autonomie, lien animal et diversification »
 

Cohabitation harmonieuse

À quelques dizaines de mètres des premiers bâtiments de 400 m2, trois poussinières de 60 m2 sont érigées côte à côte. Chacune abrite environ 500 poulets et pintades démarrés toutes les 4-5 semaines. Ils sont abattus à partir de 110 jours contre 81 jours pour les poulets Bodin. Ces volailles sont nourries aux graines de la ferme (pois, mais, triticale…) pendant la croissance, l’aliment démarrage et finition provenant de chez Bodin. Pour minimiser le risque sanitaire, David suit les volailles fermières et leur salariée Constance les volailles Bodin. L’abattage est réalisé le mercredi dans un établissement situé à une demi-heure de route. « Nous n’avons pas voulu nous lancer sur ce métier, mais il faudra que cela évolue » estime David qui voudrait bien trouver plus près. Pour les fêtes de fin d’année, ils proposeront aussi des chapons et des oies à rôtir.

 

Bodin, leader du poulet Bio

L’entreprise Bodin a été créée en 1979 par Jean Bodin, un agriculteur vendéen. Rachetée en 1997 par Gastronome, Bodin assure un tiers de la production avicole française Bio en filière longue, à raison de 60 000 volailles de chair mises en place par semaine (poulets, dindes, pintades et canards). Elles sont vendues en magasins spécialisés (marque Le Picoreur) et en grande distribution (marque Nature de France). Organisée en filière (organisation de la production, fabrication d’aliment et abattage), Bodin progresse au rythme du marché, qui « après +16 % en 2017, devrait atteindre les +20 % cette année », souligne Véronique Pinton Drégoire, technicienne. Les 118 producteurs en contrat se répartissent dans quatre départements (Vendée, Deux-Sèvres, Loire-Atlantique et Maine- et-Loire). « Nous avons une large diversité d’élevages, allant de 150 m2 jusqu’au maximum autorisé de 16 000 volailles, avec différents types de bâtiments fixes ou déplaçables », sachant qu’avec un déplaçable la densité peut atteindre 16 volailles (10 en fixe).

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