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" Pour mes poules, je suis passé au maïs humide pour me sécuriser "

Depuis l’automne 2022 en Alsace, Hervé Roeckel alimente en partie ses pondeuses avec du maïs humide inerté. Il a investi 300 000 euros pour conserver des grains entièrement à l’abri de l’air et sans séchage préalable.

Éleveur « fafeur » installé à Avenhein, Hervé Roeckel a franchi le pas de la conservation par inertage du maïs humide pour ne plus revivre la récolte catastrophique de 2021.
Éleveur « fafeur » installé à Avenhein, Hervé Roeckel a franchi le pas de la conservation par inertage du maïs humide pour ne plus revivre la récolte catastrophique de 2021.
© F. Péry

Ce sont les conditions calamiteuses de la récolte de maïs grain qui ont provoqué le déclic. « En Alsace, l’année 2021 a été une saison à rallonge. On a séché pendant six semaines, avec des ruptures d’approvisionnement en gaz qui ont entraîné la dégradation de 300 tonnes de maïs, et des coûts de séchage multipliés par trois, se remémore Hervé Roeckel, éleveur de poules pondeuses à Avenheim (Bas-Rhin). Il n’était pas question de revivre ça. De plus, avec une augmentation de notre capacité de production d’aliment de 6 000 à 12 000 tonnes, nous avions atteint les limites du système. »

En 2022, même si les conditions de récolte du maïs ont été bien meilleures qu’en 2021, la mise en service des deux silos tours, capables de stocker 550 tonnes chacun, a permis de gagner en rapidité de récolte.

 

 

En s’affranchissant du séchage sur une partie de son maïs, l’éleveur bas-rhinois a du même coup réduit sa consommation de gaz à 50-60 tonnes, contre 100 tonnes en 2021, alors même que le prix du combustible doublait en l’espace d’un an. Les économies de séchage devraient permettre de payer les silos en trois ou quatre ans, selon Hervé Roeckel.

Bénéfique aux volailles et à l’éleveur

« Le maïs humide, c’est l’investissement le plus intelligent qu’on n’ait jamais fait », prétend même Freddy Zacher, un collègue bas-rhinois qui s’est équipé d’un silo tour de 900 tonnes voici onze ans. Lui, met en avant les avantages zootechniques de cet aliment qui sont liés à son mode de conservation en grains entiers, par inertage.

« Contrairement au maïs séché, qui perd une partie de ses valeurs nutritionnelles au moment du séchage, le maïs humide conserve tout : l’énergie, la matière protéique digestible, les vitamines… explique Odile Stahl, l’ingénieur nutritionniste d’Agro01 qui suit et conseille les deux éleveurs. L’inertage permet à une flore acidifiante de se mettre en place. Celle-ci est très bénéfique pour le système digestif de la volaille. On le voit sur les fientes qui sont bien plus sèches qu’avec du maïs classique. »

 

 

Cette conservation en milieu humide apporte d’autres avantages, selon la spécialiste : elle ramène du phosphore disponible supplémentaire, elle améliore l’appétence de l’aliment, dont l’odeur devient très attirante pour les volailles, et elle réduit leur consommation d’eau.

20 % d’incorporation maxi

Enfin, l’utilisation de maïs humide semble améliorer l’état des carcasses, selon les retours de l’abatteur des poules de réforme, mentionne Freddy Zacher.

 

 

Les deux éleveurs privilégient une récolte entre 22 et 30 % d’humidité, pour un maïs avec un pH compris entre 2 et 4. En raison d’un problème de « coulabilité » dans son système de distribution de l’aliment, Freddy Zacher limite son incorporation à 15 % et recommande de ne pas dépasser 20 %. Autre limite soulevée : une fois broyé, le maïs humide ne se conserve pas au-delà de deux ou trois jours, sous peine de repartir en fermentation. D’où la nécessité de fabriquer l’aliment régulièrement. L’éleveur insiste aussi sur la nécessité de bien maîtriser la granulométrie : le grain humide n’éclate pas comme un grain séché - il génère donc moins de poussière - mais il fournit des particules plus grosses.

 

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