Miscanthus : Patrick Boisseau veut sécuriser l’appro en plaquettes
Producteur de miscanthus depuis 2007, Patrick Boisseau a fait le choix de la valorisation énergétique plutôt que de la litière pour ses dindes.
Producteur de miscanthus depuis 2007, Patrick Boisseau a fait le choix de la valorisation énergétique plutôt que de la litière pour ses dindes.
Éleveur de dinde en Vendée sur trois sites d’élevage (7 500 m2), Patrick Boisseau a misé sur l’énergie du miscanthus. Son pouvoir calorifique est important et il peut être incinéré tel quel dès sa récolte. « J’ai planté 5 hectares de miscanthus en 2000, en vue de me sécuriser vis-à-vis d’un projet de chaudière à biomasse de 300 kW que j’ai concrétisé en 2010 pour chauffer deux bâtiments (2600 m2). » Son combustible principal reste le bois déchiqueté qu’il récupère de-ci de-là. Pour des raisons pratiques, l’éleveur veille toujours à mélanger le miscanthus avec de la plaquette (en proportion un tiers-deux tiers), « sinon il faut modifier la vitesse des vis d’alimentation, du fait des densités différentes (110 kg/m3 pour le miscanthus contre 260 kg/m3 pour la plaquette) ». Il a constaté que, même coupé en brins de 3-4 cm adaptés au chauffage, le miscanthus dégage de la poussière, ce qui l’oblige à vider les cendriers de la chaudière plus fréquemment (environ tous les mois). Les 5 hectares plantés lui fournissent de l’ordre de 40 tonnes de matière par an. « Je suis un peu déçu par les rendements, constate l’éleveur. J’ai atteint 9 tonnes/hectare la meilleure année, loin des 15 à 20 tonnes annoncées. Ici à Saint-Fulgent, la plante a besoin d’eau en juin-juillet. Idéalement, il lui faudrait de l’ordre de 100 mm d’eau à cette période. »
Une valorisation différente selon le débouché
Patrick Boisseau souligne l’absence de frais de culture, hormis le coût de la récolte (150 €/ha), soit un coût de production de l’ordre de 20 à 25 euros/tonne, hors frais d’implantation. « Malgré tout, c’est un peu juste en termes de marge, souligne-il. L’équivalent d’une petite récolte de blé à 60 quintaux. » Aussi, il vend parfois du miscanthus à des paysagistes pour du paillage, ce qui lui apporte une meilleure valorisation. « Mieux vaut vendre du miscanthus à 150 euros/tonne et acheter de la plaquette à 80-90 euros/tonne. » Mais comparé à du copeau acheté 180-200 euros/tonne, le miscanthus sort gagnant, « même avec des rendements de 8 à 10 tonnes/hectare », ajoute l’éleveur. Cependant, il ne l’emploie pas comme litière parce qu’il doit travailler avec un mélange paille-copeau imposé par le cahier des charges de la coopérative l’Éveil. Le compost issu de cette litière est en effet vendu comme fertilisant sur des marchés spécifiques. Néanmoins, à titre expérimental, il va réaliser un lot de dindes sur miscanthus car « la coopérative veut tester la valeur fertilisante d’un tel compost et sa dégradation dans le sol. On manque d’informations à ce sujet", indique Patrick Boisseau.
Tableau Comparatif
Miscanthus Bois déchiqueté
Pouvoir calorifique (PCI) : 4200-4400 kWh/t 3500-4000
Émissions de CO2 : 15 g/kWh 33
Taux de cendres : 2 % 1,5 %
Stockage en vrac : 120 kg/m3 170 à 250 kg/m3
Température de fusion des cendres : plus faible qu’avec du bois et plus de mâchefer, nécessitant une chaudière adaptée type « polycombustible »
Source : Adil 26.