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Nutrition : Les Protéines animales Transformées, des nutriments réellement nouveaux

Suite à la réautorisation des protéines animales transformées (PAT), les firmes service se sont penchées sur leurs caractéristiques techniques et nutritionnelles.

La production de dinde aurait le plus à gagner du retour des protéines de porc dans la ration alimentaire.
La production de dinde aurait le plus à gagner du retour des protéines de porc dans la ration alimentaire.
© P. Le Douarin

« Les protéines animales transformées (PAT) actuelles n’ont rien à voir avec les années quatre-vingt-dix avant la crise de l’ESB, ni même avec les matières premières qui sont utilisées ailleurs dans le monde », estime Céline Guérini, responsable du service avicole et cunicole de la firme service CCPA. Elle explique que « le nerf de la guerre en formulation, c’est toujours de bien connaître les matières premières. On a donc travaillé en 2021 dans notre atelier de digestibilité et en laboratoire pour requalifier toutes les PAT potentiellement utilisables. »

Même écho chez Wisium. « Les PAT sont un mix de différents tissus animaux (muscle, viscère, collège, os…). Chacun d’eux a un profil en acides aminés qui lui est propre et, surtout, une digestibilité spécifique. Au-delà de sa composition initiale, la qualité de la protéine va en plus dépendre du processus de thermisation, qui peut la dégrader », insiste Nathalie Saliez, responsable formulation clients.

Premier constat, il existe moins de variabilité dans les PAT de porcs issues de différents sites de production et d’un lot à l’autre que dans celles de volailles, celles-ci étant interdites pour nourrir les volailles.

Un profil assez équilibré en acides aminés

Le premier intérêt nutritionnel des PAT est toujours leur taux protéique. Outre leur teneur élevée, elles ont un profil en acides aminés proche de la « protéine animale ». Selon l’Anses, la lysine y représente 5,2 % de la protéine totale (contre un peu plus de 6 % pour le tourteau de soja), la méthionine est à 1,2 % (comme le soja), la thréonine est un peu supérieure à 3 % (près de 4 pour le soja) et le tryptophane à 0,5 % contre 1,3 % pour le soja : les deux matières premières se ressemblent donc fortement sur cet aspect. Un constat à modérer évidemment selon l’usine de production et les tissus qui les composent : une farine de sang flirte avec les 9 % de lysine quand une farine d’os dépasse difficilement les 4 %.

 

 
Composition moyenne des PAT de porcs
Composition moyenne des PAT de porcs © Source : Wisium

 

Les PAT de porcs qui pourraient trouver un débouché en volailles sont celles à 45 voire 50 % de protéines, sachant que celles à 75-90 % sont déjà valorisées dans le pet Food. De plus, ces PAT devraient être stérilisées et garanties sans trace d’autre ADN. Ce n’est le cas à l’usine d’Akiolis à Pontivy (56), 100 % dédiée au porc, qui vend sa PAT 45 % en fertilisation. « À date, nous avons fait le choix de ne pas remplir ces prérequis réglementaires. Nous vendons donc en pet food et en fertilisation » indique Sophie Grégoire, la responsable communication d’Akiolis.

Variabilité des oligoéléments

La matière grasse constitue la seconde fraction intéressante puisque les PAT apportent aussi de l’énergie. La fraction minérale peut par contre poser question.

 

 
Stock de farines animales en attente d'incinération au début des années 2000. Plus rien à voire entre les "farines" et les PAT
Stock de farines animales en attente d'incinération au début des années 2000. Plus rien à voire entre les "farines" et les PAT © P. Le Douarin

 

Quand les farines animales étaient utilisées, elles étaient bien valorisées pour leur apport phosphoré. « C’était incontestablement un avantage, notamment pour les aplombs chez la dinde, pointe Céline Guérini, mais c’était avant la généralisation des phytases qui nous permettent désormais de bien valoriser le phosphore végétal. » Le potassium, dont les formules actuelles sont pourvues grâce au soja, pourrait conférer un avantage aux PAT, même si point trop n’en faut pour les litières.

 

 
Céline Guérini (CCPA). « Les protéines animales transformées (PAT) actuelles n’ont rien à voir avec celles des années 90 avant la crise de l’ESB, ni même avec les matières premières qui sont utilisées ailleurs dans le monde. »
Céline Guérini (CCPA). « Les protéines animales transformées (PAT) actuelles n’ont rien à voir avec celles des années 90 avant la crise de l’ESB, ni même avec les matières premières qui sont utilisées ailleurs dans le monde. » © P. Le Douarin

 

C’est la variabilité qui peut bloquer l’intérêt nutritionnel. « Avec le soja, l’aspect oligoéléments et électrolytes est assez stable. Certains animaux comme les pondeuses sont particulièrement sensibles à la balance électrolytique pour la solidité de la coquille. Avec les PAT, la variabilité peut être importante. À titre d’exemple, le taux de phosphore va de 1 à 7 % », explique Céline Guérini. Les fabricants d’aliments restent en veille, mais il est peu probable qu’ils intégreront ces PAT à court terme.

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