Optimiser les apports pour limiter les surcoûts des aliments volaille
Le contexte haussier des cours des matières premières impose des stratégies de lutte contre le gaspillage et des apports moindres de phosphore et de protéines. Les Journées de la recherche avicole qui se tenaient fin mars ont livré quelques pistes.
Le contexte haussier des cours des matières premières impose des stratégies de lutte contre le gaspillage et des apports moindres de phosphore et de protéines. Les Journées de la recherche avicole qui se tenaient fin mars ont livré quelques pistes.
Avec des prix qui continuent de grimper pour toutes les matières premières, les indices de coût de l’aliment calculés par l’Itavi sont toujours en forte hausse en cette fin de printemps.
Toutes les stratégies alimentaires permettant de réduire le coût et, dans le même temps, les rejets, sont bonnes à explorer comme le soulignait la majorité des intervenants des sessions nutrition lors des récentes Journées de la recherche avicole (JRA), les 9 et 10 mars à Tours dans l’Indre-et-Loire.
Ajuster la ration au jour le jour
Ainsi Eva Pampouille (Itavi) et ses collègues montrent que l’alimentation de précision est une solution alternative à la stratégie d’alimentation par phase (démarrage, croissance, finition). Elle réduit les coûts et les rejets sans compromettre les performances des animaux. Dans leurs essais, l’ajustement quotidien de la composition de la ration aux besoins moyens du lot abaisse le coût alimentaire de 8 % et l’excrétion de phosphore de 13 %, par rapport à un programme classique à deux aliments (croissance-finition).
Reste à confirmer ces résultats prometteurs en conditions commerciales. L’idée serait d’utiliser deux pré-aliments de composition contrastée qui seraient mélangés en proportion variable chaque jour pour reformer une ration complète.
Autre stratégie, la baisse de la concentration des formules en énergie, protéines et acides aminés a été testée par les firmes Wisium et ADM. Si la baisse de 5 % de protéine équilibrée affecte le poids des poulets, la baisse de 3 % en énergie ne modifie pas leurs performances. « Elle est efficace à partir de 28 jours d’âge pour limiter le coût alimentaire par kilo de croît », pointe Laure Bignon (Wisium). Dans son essai, elle a observé une régulation de la consommation en fonction de la teneur en énergie depuis la période de croissance jusqu’à la finition.
Réduire les protéines grâce aux acides aminés
Les organisateurs des JRA avaient demandé à Jean Noblet, chercheur Inrae retraité et consultant, de présenter une synthèse sur la réduction des apports de protéines en production avicole et sur les systèmes de mesure de l’énergie. « L’alimentation du poulet de chair, et dans une moindre mesure de la poule pondeuse, représente de 60 à 70 % de son coût de production, la partie énergétique contribuant à souvent plus des deux tiers du coût alimentaire », rappelle en effet le chercheur.
Il pointe aussi la diversification progressive des ressources alimentaires avec des matières premières peu utilisées jusqu’à présent en aviculture, comme des coproduits plus riches en fibres (drèches de maïs, son de blé). Dans le même temps, la précision des apports s’accroît et les objectifs du développement durable incitent à la réduction du gaspillage. La valorisation maximale des protéines alimentaires et la réduction des rejets d’azote dans les fientes passent par la diminution de la teneur en protéines des aliments : chaque baisse d’un point de protéines réduit de 6 à 10 % les rejets azotés. Mais il faut maintenir les apports d’acides aminés (AA) essentiels grâce à la supplémentation en AA de synthèse. Cette diminution de la teneur en protéines des aliments se heurte à trois limites : tous les acides aminés essentiels secondaires ne sont pas disponibles, l’indice de consommation se détériore légèrement et, peut être surtout, l’adiposité des animaux s’accroît. Il faut donc aller chercher comment réduire cet impact négatif du côté de l’énergie.