Poulet de chair : Duc-Plukon investit dans le Sud-Est pour conquérir des parts de marché
L’inauguration d’un poulailler dans la Drôme a permis au directeur général de Duc d’expliciter la stratégie de Plukon en France, aboutissant à une filière plus performante qui propose des volailles pour tous les budgets.
L’inauguration d’un poulailler dans la Drôme a permis au directeur général de Duc d’expliciter la stratégie de Plukon en France, aboutissant à une filière plus performante qui propose des volailles pour tous les budgets.
En octobre dernier, le directeur général de Duc, rachetée par Plukon Food Group en 2017, ne cachait l’ambition expansionniste de son groupe. « L’augmentation régulière du chiffre d’affaires et la croissance externe de Plukon nous permettront de devenir leader en Europe. » En participant à l’inauguration du quatrième bâtiment d’un élevage drômois à Geyssans, Damien Calandre a souligné l’objectif de Duc dans le Sud-Est : investir pour améliorer la performance des outils industriels et des élevages. « Pour Plukon la performance demeure une constante et il faut constater qu’elle est trop oubliée en France, pays qui importe beaucoup de volailles » affirme-t-il.
Duc est devenu le troisième opérateur de viande de volailles dans l’Hexagone. Son chiffre d’affaires a atteint 210 millions d’euros (M€) en 2021 avec une activité sur neuf sites en Bourgogne, dans la Drôme et en Bretagne pour élaborer 67 000 tonnes l’an de produits finis. Les trois quarts de son chiffre d’affaires sont réalisés avec la grande distribution, Carrefour en tête, puis Leclerc, Auchan, Aldi, Lidl, etc.
Rénover les outils industriels
" Depuis cinq ans nous avons investi 60 M€ en France. Nous recherchons la rentabilité pour chaque maillon de notre filière et nous nous concentrons sur 2 gammes, le poulet standard Duc volaille française et l’ex-poulet certifié (N.D.L.R. : remis au goût du jour sous cahier des charges European Chicken Commitment) avec la marque « Duc bien-être animal » ", détaille le directeur général.
" Dans le Sud-Est, qui représente un important bassin de consommation à fort potentiel, nous investissons 15 M€ en trois ans. La restructuration de l’abattoir de Saint-Bauzély (Gard), (capacité de 300 000 poulets par semaine), est achevée et près de 10 M€ vont être engagés en 2023 pour rénover l’usine d’aliments de Montmeyran (Drome) qui fabrique 70 000 tonnes par an à partir de céréales locales, puis moderniser le couvoir de Crest (26). "
Damien Calandre se dit également préoccupé par la recherche d’alternative au soja non déforesté « afin d’améliorer le bilan environnemental et le bilan carbone de Duc. » De plus, il lui apparaît préférable de déconcentrer les élevages de l’Ouest vers le Sud pour limiter les dangers sanitaires.
Mais, dans le Sud-Est comme ailleurs, il est difficile de trouver des producteurs motivés pour investir dans de nouveaux ateliers, tant la hausse des coûts de production rend le challenge plus dur. « Toutefois, nous avons obtenu des permis pour 6 000 m² de bâtiments qui seront construits en 2023 », précise Frédéric Moze, responsable de la filière élevage Sud. Dans cette région, Duc opère avec 47 éleveurs (92 bâtiments).
Mieux accompagner les éleveurs
Duc met en avant son « plan d’avenir élevage » pour encourager les investisseurs. Ils perçoivent une participation financière (non divulguée) à la tonne de poulet livrée à l’abattoir, durant huit ans pour les rénovations et quinze ans pour les constructions. « Nous incitons les éleveurs à rénover et à construire afin d’améliorer l’indice de consommation et leurs performances, qui en France sont plus faibles que dans d’autres pays comme la Pologne », souligne Damien Calandre.
Par ailleurs, en avril la marge au mètre carré garantie aux éleveurs a été revalorisée afin d’absorber la hausse du gaz. En revanche, lors des renouvellements de contrats de fourniture d’électricité, le traitement sera individualisé pour tenir compte des augmentations variables. De nouvelles discussions avec le bureau des éleveurs porteront sur une prise en charge des hausses des produits vétérinaires et des aliments.
Hélène Bombart, présidente de ce bureau dans le Sud, confirme que la négociation a porté sur les trois points du contrat (poulet, poussin, aliment). « Nous devons obtenir une revalorisation de tous les termes afin de mieux coller à la réalité économique, sachant que cette méthode nous pousse à plus de performance. Nous espérons que cela profitera aux éleveurs, car dans la Drôme l’observatoire des charges nous indiquait début 2022 qu’elles avaient augmenté de 80 c/m²/lot. » L’éleveuse s’inquiète car « pour certaines exploitations les augmentations exorbitantes des contrats d’électricité sont susceptibles de remettre en cause leur activité ».
Un développement contesté en Bourgogne
Implanter des poulaillers en dehors des régions avicoles s’avère difficile pour retrouver de la souveraineté alimentaire.
Depuis l’acquisition de Duc en 2017, le groupe Plukon a fortement investi dans l’abattoir de Chailley (Yonne) construit par Gérard Bourgoin, originaire de cette commune et fondateur du groupe Bourgoin. Des travaux sont encore prévus pour achever la montée à la capacité d’abattage et de découpe à 400 tonnes par jour et pour réaménager l’usine d’aliment. L’enquête publique a donné lieu à un avis favorable du commissaire enquêteur en mars 2022, qui n’a pas été suivi par le Coderst, lequel a émis un avis défavorable le 10 novembre 2022. La décision finale devait être prise par le préfet avant le 17 décembre.
« Oui mais pas chez moi »
Cette demande illustre bien les difficultés à développer la production de poulet conventionnel, comme veut le faire Duc dans un rayon de 150 km autour de Chailley. Quatre-vingts nouveaux poulaillers sont nécessaires pour renouveler le parc vieillissant, mais de nombreux projets sont attaqués. Certains candidats ont jeté l’éponge, un des plus emblématiques ayant été celui de Neuvy-Sautour. Les arguments contre les « méga poulaillers » sont souvent les mêmes (maltraitance, malbouffe, pollution…) et menés par peu de personnes très actives, parfois soutenues par des élus. C’est ainsi que la dernière « grande » manifestation anti-Duc a mobilisé une centaine de personnes devant la préfecture d’Auxerre le 12 novembre.