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« Ne jamais préjuger de la facilité à monter un projet de poulailler»

Tristan Poincloux a défendu bec et ongles son autorisation d’exploiter face à un adversaire déterminé. Il est aujourd’hui installé dans le Maine et Loire en poulet du quotidien avec 6400 m2.

Thierry Poincloux sur le merlon en terre masquant son élevage. Sur cette parcelle idéalement placée, rien ne laissait présager une opposition malgré tout restée limitée.
Thierry Poincloux sur le merlon en terre masquant son élevage. Sur cette parcelle idéalement placée, rien ne laissait présager une opposition malgré tout restée limitée.
© P. Le Douarin

En avril 2012, son installation se présentait sous les meilleurs auspices. Alors jeune technicien dans l’Eure, Tristan Poincloux avait déniché une parcelle de 6 ha à la Chapelle Hullin (Maine et Loire), une commune de 130 habitants et 9 agriculteurs. « Je cherchais dans cette région dont je suis originaire, pour être assez proche d’abattoirs et non loin de cousins agriculteurs. » Jouxtant une forêt, l’emplacement était idéal car loin du bourg et à plus de 500 mètres du premier riverain. Emballé, le futur éleveur rencontre le maire et lui présente son projet initial de trois bâtiments (4500 m2), sans noter de réaction négative. En juillet, il fait de même avec les habitants lors de la kermesse. En septembre, il achète le terrain et prépare son dossier.

Imprévisible concours de circonstances

« Ça a dérapé après qu’un couple a acheté une résidence secondaire en mars 2013, laquelle était à plus de 500 m du terrain. » À leur première rencontre lors de la fête communale de 2013, Tristan comprend vite qu’il pourrait lui donner du fil à retordre. « L’enquête publique étant prévue en octobre, ce couple a organisé un mouvement de protestation, avec courrier, réunion publique à laquelle je n’ai pas été invité, à créer un collectif contre mon projet, raconte l’éleveur. Tous les poncifs contre l’élevage 'industriel' ont été invoqués. » Alertés au moment de l’enquête publique, les médias ont un peu relayé l’affaire. Le projet a reçu un avis favorable et le premier bâtiment achevé en avril 2014. « J’avais rencontré ces opposants. Ils avaient mon numéro de portable, mais ils ont préféré agir par voie procédurale, sans chercher à comprendre mon projet, ni demander des réponses à leurs inquiétudes qui me paraissaient légitimes. Au contraire, ils ont choisi l’attaque deux ans après. »

Deux années d’incertitude angoissante

Fin février 2015, le couple dépose un recours contre l’autorisation d’exploiter juste avant le démarrage des deux autres poulaillers. L’affaire a été tranchée par le Tribunal administratif deux ans plus tard en faveur de Tristan. « Je n’avais pas pris d’avocat pour limiter la dépense et j’ai passé des heures à élaborer ma défense, car même si c’est la Préfecture qui était attaquée, c’était à moi d’argumenter. Je me suis parfois senti seul. » Considérant cet élevage comme son bébé, Tristan a vécu ces deux ans comme une remise en cause personnelle. Il a découvert les petites erreurs qui peuvent se glisser dans une procédure et prêter le flanc à une procédure pointilleuse. « Qui fait appel à un géomètre expert pour implanter ses bâtiments au mètre près ? Il ne faut pas hésiter à vérifier que le dossier est en « béton », ni masquer ses intentions. » De son histoire, Tristan retient qu’il ne faut jamais préjuger de la facilité à concrétiser un projet. « Il faut s’attendre au pire, et on peut être déçu de réactions venant du secteur agricole. Ce qui me rassure, c’est que personne n’est venu se plaindre après. Depuis, j’ai réalisé sans difficulté un quatrième poulailler et une installation de chauffage à biomasse. »

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