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L’impact du picage évalué sur des poules non épointées

L’Itavi a suivi 15 lots de poules pondeuses non épointées en 2019 et 2020. Malgré les enrichissements apportés dans les élevages, 3 lots ont connu des épisodes sévères de picage, impactant le bien-être et les résultats technico-économiques.

L’impact du picage évalué sur des poules non épointées

L’Itavi a étudié le bien-être animal et les performances techniques obtenues dans 10 élevages de poules pondeuses non épointées. Différentes stratégies d’enrichissement ont été appliquées afin d’optimiser l’intérêt pour les poules et réduire la pénibilité du travail par les éleveurs (type d’enrichissement, disposition dans le bâtiment).

Trois des quinze lots ont été sujets à des épisodes de picage sévère et concernaient trois bâtiments différents. Aucun éleveur n’a subi d’épisode sur deux lots successifs. Il est difficile de cerner précisément les causes de déclenchement des épisodes de picage, celles-ci étant multifactorielles (alimentation, lumière, etc.) avec une sensibilité qui varie selon la génétique. Une fois le picage déclenché, sa maîtrise s’est révélée très délicate malgré l’augmentation des enrichissements mis en place, le changement des rations alimentaires ou l’utilisation de produits thérapeutiques.

Le bien-être animal impacté

Les conséquences au niveau du bien-être animal et des pertes économiques ont été importantes pour les 3 éleveurs concernés. Du picage agressif a été observé dans les trois lots, avec une dégradation rapide du plumage, dès le 3e mois d’élevage (+2 points sur une note maximale de 9 en fin de lot). Les lésions ont été plus fréquentes avec une hausse de la mortalité sur deux lots (+ 9 %). En revanche, l’observation des lésions ne s’est pas révélée être un bon indicateur de détection précoce du picage. En effet, les petites lésions sur les crêtes et barbillons apparaissaient à la fois sur les lots avec ou sans épisode de picage sévère. Les lésions plus conséquentes sur le dos/ventre ou cloaque apparaissaient plus tardivement une fois l’épisode de picage déjà bien installé.

Une baisse du taux de ponte

Concernant les performances technico-économiques, les éleveurs ayant subi des épisodes de picage perdaient environ 3 points sur la moyenne des taux de ponte hebdomadaires entre 18 et 60 semaines, par rapport aux performances habituelles. La hausse de la mortalité cumulée avec la baisse du taux de ponte a entraîné une perte de 7,5 % des œufs. Le surcoût de production est lié à l’enrichissement (environ 0,05 € par poule sans épisode de picage et jusqu’à 0,13 € par poule pour un élevage avec épisode de picage), au recours à des aliments enrichis et aux soins vétérinaires.

 

 
L’impact du picage évalué sur des poules non épointées
Les épisodes de picage sévère ne sont pas systématiques en élevage de pondeuses non épointées. Mais lorsqu’ils apparaissent, ils s’avèrent être difficiles à maîtriser et ils entraînent des pertes économiques conséquentes. Il est nécessaire d’enrichir le milieu pour stimuler les capacités d’apprentissage, réduire les comportements de peur et aider l’animal à s’adapter aux variations des conditions d’élevage. Un milieu non enrichi rend l’animal plus réactif au moindre changement et ne lui permet pas d’exprimer certains comportements. Il est nécessaire d’enrichir le milieu de façon précoce, au démarrage en phase de ponte mais également en élevage de poulettes. Des études récentes (1) mettent par ailleurs en avant l’impact de l’incubation sur les comportements des pondeuses indiquant que des solutions doivent être apportées plus en amont.

 

(1) Source De Haas et al. 2021 : « Prenatal and Early Postnatal Behavioural Programming in Laying Hens, With Possible Implications for the Development of Injurious Pecking », Front. Vet. Sci., 16 July 2021

Raisonner sa stratégie d’enrichissement

L’utilisation des enrichissements doit être réfléchie en fonction de l’intérêt des poules à leur égard, leur durée d’utilisation et leur coût.

En préventif, différents enrichissements ont été mis en place : balles de luzerne, cordelettes, bidons, granulés de cosse d’avoine et blocs à piquer. Les poules montraient un fort intérêt pour les enrichissements consommables (luzerne et avoine). Cependant, les balles de luzerne se sont avérées être fastidieuses à installer en continu (mise en place d’une balle dès que la précédente était terminée). Quant à l’avoine, très attractive, elle ne profitait qu’à un faible pourcentage de poules quand la « place à table » n’était pas suffisante.

Les enrichissements non consommables ont l’avantage d’avoir un faible coût et ne sont à installer qu’une seule fois en début de lot, mais ils suscitent moins l’intérêt des poules. Quant aux blocs à piquer, leur intérêt a été très variable selon la marque, la durée d’accès ou le coût.

Il est donc primordial de raisonner la manière d’utiliser chaque enrichissement pour assurer sa longévité au regard de la pénibilité du travail et du meilleur bénéfice pour les volailles. Les modes et moments de distribution, le conditionnement, la localisation impactent de nombreux paramètres.

 

 
L’impact du picage évalué sur des poules non épointées

 

Les six préconisations de l’Itavi :

1. Vérifier l’absence de ponte sur et autour des enrichissements

2. Trouver des conditionnements augmentant la durabilité des enrichissements sans dénaturer l’intérêt des poules et en évitant d’alourdir le travail

3. Pour les enrichissements sur caillebotis, prévoir un conditionnement pour éviter le gaspillage

4. Pour les enrichissements très rapidement consommables, adapter le système de distribution pour que l’enrichissement profite au plus grand nombre (privilégier les gouttières plutôt que les seaux)

5. En préventif, varier le type d’enrichissement au cours de la bande. Opter pour des enrichissements plus durables ou fonctionner par « cures » pour les plus attractifs

6. En cas d’augmentation de la nervosité, utiliser des enrichissements à fort intérêt et augmenter la fréquence de renouvellement ou le nombre d’enrichissements

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