Les six points clés pour réussir la conduite en volière
Producteur d’œufs de poules en volière, Didier Carfantan a rappelé lors de la journée nationale de l’œuf organisée par l’Itavi quels sont les facteurs de la réussite d'un lot.
Producteur d’œufs de poules en volière, Didier Carfantan a rappelé lors de la journée nationale de l’œuf organisée par l’Itavi quels sont les facteurs de la réussite d'un lot.
Initialement producteur d’œufs de code 3, Didier Carfantan a fait le choix de se diversifier partiellement en code 2 avant la mise aux normes du bien-être. En 2009, il a investi dans deux bâtiments, comprenant chacun deux niveaux de 30 000 poules logées en volières. Et en 2012, il a construit une troisième volière de même capacité. Toutes les poulettes sont produites par un seul fournisseur, à raison de trois lots de 17 semaines par an. L'éleveur estime que "la volière est un mode d’’élevage en plein devenir, car c’est un compromis technique et économique intéressant entre le plein air et le conventionnel." Sociétalement, la volière répond à l’attente de consommateurs réclamant du bien-être animal. La volière à niveaux superposés permet de conduire deux fois 18 poules par mètre carré utilisable (au lieu de 9 en mode plein air), avec des résultats proches de ceux obtenus en cage. Elle peut aussi être, moyennant des adaptations techniques, une solution de reconversion d’élevages sous code 3 équipés de cages aménageables (version 2003). Ses réflexions sont le fruit de la conduite d'une quinzaine de lots. Selon lui, la réussite tient aux équipements et au management global, de la poulette d’un jour à la poule.
« Aujourd’hui, il n’est plus permis de bricoler pour élever des poulettes », estime Didier Carfantan. Contrairement à une poule en cage, la poule de volière évolue dans un espace où elle va dormir, bouger, manger, boire, pondre et avoir des comportements sociaux en des lieux distincts. Bien les repérer et les utiliser passe par son apprentissage dès le plus jeune âge.
Il faut bannir les systèmes qui ne permettent pas aux oiseaux d’apprendre à se percher et à voler correctement une fois adultes.
Il est important d’équiper le système d’élevage de points d’abreuvement et d’alimentation à des niveaux différents et de bien régler la ventilation.
Faire de la poulette une « exploratrice » de son milieu de vie implique plus d’engagement et plus de présence. L’éleveur des poulettes doit s’assurer en permanence que les oiseaux se déplacent et ajuster les réglages. À l’extinction des feux, il est présent pour vérifier la remontée des poulettes dans les niveaux. Dès que les poulettes ont trois semaines, le programme lumineux doit avoir son heure d’extinction correspondant à celle du producteur destinataire des oiseaux. Ce programme diffère de ceux appliqués pour les poules en cage. Par exemple, entre 9 et 14 semaines d’âge, la durée du plateau de lumière est de 11 heures au lieu des 9 heures habituelles.
Didier Carfantan est convaincu qu’il sera bientôt possible de produire autant de masse d’œufs en volière qu’en cage. Mais la poule étant plus en contact avec les fientes, des efforts supplémentaires de prévention sont à prévoir. Cela nécessite une alimentation et une prophylaxie renforcées de la poulette, "en n’hésitant pas à investir." L’éleveur cherche à obtenir une poulette de 1,6 kg à 18 semaines, avec 100 à 150 grammes de poids supplémentaire par rapport aux normes habituelles. "Quand j’ai eu des doutes sur les capacités de résistance de certains lots, il m’est arrivé de prolonger la distribution de l'aliment "poussin deuxième âge" jusqu’à 15 semaines. »
Les équipements sont aussi importants en ponte qu’en élevage. La ventilation doit être conçue de telle sorte que la veine d’air entrante ne perturbe pas les poules dans la zone de repos du haut des volières et en face des nids. Pour le confort des poules, elle doit aussi permettre de sécher les fientes au sol. L’ensemble de la surface est donc aéré et libre d’obstacles, ce qui limite aussi la ponte au sol. Pour améliorer nettement la qualité de l’air intérieur, l’éleveur préconise le séchage à l’extérieur des fientes tombées sur les tapis.
Concernant la disposition des nids, Didier Carfantan préconise un seul niveau avec un maximum de rangées pour homogénéiser la ponte. Pour un bâtiment de quinze mètres de large, six rangées uniques sont préférables à deux rangées de deux lignes superposées. Dans tous les cas, avoir 120 poules par mètre carré de nid est un grand maximum.
Enfin, pour assurer la maintenance et le traitement des poux rouges, le moindre recoin de la volière doit être aisément accessible.
Didier Carfantan suggère aux constructeurs de prévoir la collecte automatique des œufs pondus sur les caillebotis du haut. Ces œufs représentent bien souvent la quasi-totalité des pontes hors nid.
La poule est mise en place à l’âge de 17 semaines pour lui permettre de s’adapter à son nouvel univers avant de commencer à pondre.
La gestion de la lumière (intensités et horaires) et de l’alimentation (horaires, vides de chaîne) vont de pair, afin que les poules montent sur la structure en fin de journée (ceci évite les pontes au sol) et en descendent le matin (ceci évite les pontes sur caillebotis). Ainsi, les chaînes d’aliment du bas sont remplies le matin pour attirer les poules, alors que celles du haut n’ont plus été remplies depuis la veille.
Parvenir à un poids moyen de 1,85-1,9 kg de façon régulière et sans accroc est essentiel. Entre 18 et 30 semaines d’âge, la moindre baisse du poids peut avoir un impact négatif, beaucoup plus important qu’avec des poules en cage.
Il faut donc être attentif et réactif au moindre dysfonctionnement : problème sanitaire, accident d’élevage, aliment inadapté, comportement anormal… Durant cette période, le peson automatique et la bascule de circuit d’aliment sont de très bons indicateurs de santé.
Le surcoût du code 2
Pour une poule qui produit 19 kg de masse d’œuf, Didier Carfantan estime le surcoût de production de la volière à 130-150 euros par tonne d’œuf par rapport à du code 3 ; autrement dit à 2,5-2,8 euros par poule, dont 1,7 à 2 euros de charges variables.
Ce surcoût provient d’un surinvestissement (plus 7 à 8 euros par poule logée), d’une consommation alimentaire augmentée (plus 5 à 7 g/jour/poule) à masse d’œufs égale et de charges variables plus élevées (prophylaxie, prestation de l’éleveur de poulette, main-d’œuvre en ponte).