Les sciences humaines pour accompagner la démédication
Le facteur humain est l’un des paramètres explicatifs de la variabilité des usages d’antibiotiques. Les sciences sociales aident à mieux le prendre en compte.
Le facteur humain est l’un des paramètres explicatifs de la variabilité des usages d’antibiotiques. Les sciences sociales aident à mieux le prendre en compte.
Les usages d’antibiotiques en volaille ont été divisés par deux entre 2011 et 2017 sous l’impulsion du plan Ecoantibio1 visant à réduire la problématique d’antibiorésistance. Les marges de manœuvre pour continuer à réduire les usages sont désormais plus étroites, d’autant plus qu’il existe une forte variabilité entre élevages. En effet, 20 à 25 % des éleveurs de volailles représentent 60 à 70 % des usages totaux. Les facteurs biologiques, techniques et financiers sont les principaux facteurs qui influencent les usages d’antibiotiques, mais il existe également un facteur humain.
Peu étudié jusqu’à présent en volaille, il a fait l’objet de plusieurs présentations à la dernière édition des JRA. Chercheuse à l’École vétérinaire de Toulouse, Mathilde Paul a souligné l’importance du niveau de connaissances. « Il a été démontré qu’une meilleure connaissance sur les antibiotiques et sur les risques liés à l’antibiorésistance était directement corrélée à de moindres usages. » Les traits de personnalité des éleveurs jouent également (résistance au stress, confiance, motivation au changement…). Une enquête pilotée par l’Itavi et réalisée en 2016 auprès de 68 éleveurs de poulets du grand ouest a montré un lien entre une vision négative du métier d’aviculteur et une utilisation plus importante d’antibiotiques. La perception par l’éleveur du niveau sanitaire de son élevage joue aussi un rôle. Par exemple, le seuil d’alerte sur la mortalité à partir duquel une action sera à enclencher n’est pas le même selon les éleveurs. « D'où la sensibilisation des équipes techniques à mieux prendre en compte la personnalité pour accompagner les éleveurs dans leur démarche de démédication », souligne Nathalie Rousset, de l’Itavi.
Pas de lien entre usage d’antibiotiques et performances
Plus récemment, une étude de l’École vétérinaire de Nantes (Oniris) et du cabinet vétérinaire Univet s’est intéressée aux pratiques et aux perceptions de l’usage des antibiotiques dans des élevages de poulets de chair et de poules pondeuses. Leurs utilisations d’antibiotiques sont suivies grâce au logiciel Indicavet. L’analyse des résultats a tout d’abord montré l’absence de lien entre les utilisations d’antibiotiques et les performances techniques. « C’est un argument de poids dans la discussion avec les éleveurs lors de la mise en place d’actions pour réduire l’usage d’antibiotique, a souligné Mily Leblanc-Maridor, d’Oniris. Selon les éleveurs, les deux mesures à mettre en place pour les aider à réduire les usages sont un plan de suivi personnalisé et une meilleure connaissance des alternatives. « Ils considèrent le vétérinaire comme l’interlocuteur privilégié dans le processus de réduction d’usage en trio avec le technicien. »