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Le poulailler de demain sera évolutif et économe

À l’assemblée générale d’Elinnove, des éleveurs de chair ont partagé auprès des équipementiers leur vision de l’élevage de demain, face aux enjeux économiques, environnementaux et de bien-être.

Entre les attentes bien-être, la biosécurité, le coût de production et l'économie d'énergie, le poulailler de chair doit répondre à de multiples enjeux, parfois contradictoires.
Entre les attentes bien-être, la biosécurité, le coût de production et l'économie d'énergie, le poulailler de chair doit répondre à de multiples enjeux, parfois contradictoires.
© A. Puybasset

Bâtiment polyvalent ou spécialisé, dynamique ou statique, avec ou sans jardin d’hiver et accès au plein air ? Savoir vers quel type de bâtiment de chair se tourner n’a probablement jamais été aussi complexe, pour les éleveurs mais aussi pour les équipementiers qui doivent innover.

Dans un contexte d’augmentation des coûts des matériaux et des charges énergétiques, le bâtiment doit répondre à des enjeux parfois contradictoires de coût de production, de biosécurité, d’adaptation au climat et de réponse aux attentes sociétales. La grippe aviaire et l’inflation en 2022 ont mis en exergue ces contradictions. « Avec la baisse du pouvoir d’achat, le prix est redevenu la première préoccupation du consommateur, contraint d’orienter ses choix vers un produit moins exigeant sur le bien-être qu’auparavant (report du bio vers le label rouge, etc...). Les attentes sociétales restent néanmoins sous-jacentes et ne vont pas s’arrêter », a souligné Simon Fourdin, économiste à l’Itavi, lors de l’assemblée générale de l’association des équipementiers et fournisseurs Elinnove, dédiée à l’innovation dans les bâtiments d’élevage.

Le jardin d’hiver en débat

« En élevant nos volailles dans les meilleures conditions possibles, nous intégrons le bien-être au quotidien », ont rappelé les éleveurs de chair ligériens interrogés par Elinnove sur leur vision de l’élevage de demain. « Beaucoup d’efforts ont été déjà réalisés mais nous ne le communiquons pas assez. Nous sommes prêts à poursuivre les investissements pour améliorer le bien-être animal mais à condition qu’ils soient rémunérés. »

Installé dans les Deux-Sèvres, Louis-Marie Pasquier a investi il y a quatre ans dans un poulailler de dindes dynamique comprenant un jardin d’hiver accessible toute l’année. « C’est un plaisir de les voir courir mais je n’en ressors pas de gain économique. Le consommateur veut du plein air mais n’est pas prêt à le payer », déplore-t-il.

En Loire-Atlantique, Angélique Drouet a aussi fait le choix d’un jardin d’hiver pour rénover deux poulaillers statiques en dinde et poulet ECC. « Le jardin d’hiver permet d’avoir un accès à l’extérieur tout en maîtrisant la biosécurité externe (risque IA). C’est un bon compromis », justifie-t-elle. « L’éclairage naturel est nettement meilleur pour le bien-être de l’éleveur et le risque de picage en dindes est maîtrisé. La gestion de la ventilation est plus compliquée mais si c’était à recommencer je referais la même chose. »

Des bâtiments polyvalents pour être agile

Pour Isabelle Leballeur, dans la Sarthe, le bâtiment de demain doit être polyvalent. « Cela donne de l’agilité à l’éleveur pour basculer plus facilement d’une production à l’autre (poulet standard, ECC, dinde..). La question du jardin d’hiver reste un grand débat mais pourquoi pas l’envisager sur l’un des bâtiments d’un site comptant plusieurs poulaillers ? Voire prévoir des trappes s’il faut un jour passer en plein air ? », interroge-t-elle. « Nous manquons de visibilité. Le bâtiment à construire doit pouvoir s’adapter aux évolutions futures. » « Il sera multiproduction et multiespèce, y compris en canard de chair », estime aussi Louis-Marie Pasquier.

Et d’autres spécialisés et hyperperformants

En parallèle des bâtiments polyvalents, d’autres vont se spécialiser, à l’image de ceux de poulet lourd en Bretagne, hyperéquipés et dotés d’une ventilation dynamique, indispensable pour produire en période chaude. « Demain, il n’y aura pas qu’un seul type de bâtiment », appuie Jean-Yves Guérot, éleveur en Mayenne. « J’ai un bâtiment mixte, suréquipé pour engraisser les dindes. L’avenir ira peut-être vers une spécialisation des bâtiments pour le démarrage ou l’engraissement (Brood and Move) ? » Une solution qui permettrait par ailleurs une meilleure maîtrise des charges de gaz.

Davantage d’autonomie énergétique

C’est dans le domaine de l’énergie que les attentes des éleveurs sont probablement les plus fortes. La hausse des charges de gaz et d’électricité est devenue une préoccupation principale et va accélérer l’innovation : équipements et étanchéité du bâtiment, sources d’énergie alternatives, stockage d’électricité photovoltaïque… Dominique Grasset, éleveur dans le Maine-et-Loire, imagine le poulailler idéal de demain équipé de panneaux photovoltaïques et d’un plancher chauffant pour gagner en autonomie d’énergie. « Polyvalent, il serait situé au bord d’un champ, adaptable aux évolutions possibles. Il faut aller sur des bâtiments performants et simples à piloter », a-t-il demandé aux équipementiers présents.

Armelle Puybasset

« Nous éleveurs avons besoin de bâtiments performants, simples à piloter et innovants en termes d’autonomie énergétique »

 

Un démonstrateur de bâtiment en projet à Elinnove

Elinnove, qui fédère les entreprises de l’équipement et des bâtiments d’élevage, a pour projet de créer un démonstrateur de poulailler. « L’objectif est de tester des équipements dans ce bâtiment expérimental, mais dans des conditions commerciales », explique Solenn Fassion, animatrice d’Elinnove. « Outil de formation, il serait aussi une vitrine du savoir-faire des équipementiers français. » Le type de bâtiment, probablement modulable, sera envisagé à l’issue du projet de recherche Cocorico, porté par l’Itavi, qui vise à définir le système d’élevage de poulet de chair de demain. Il reste à trouver les financements.

Regroupant plus d’une cinquantaine d’adhérents, représentant tous les maillons de la filière, Elinnove vise à faire émerger des actions de recherche et développement et des innovations dans les bâtiments d’élevage. Elle est impliquée dans une dizaine de projets (désamiantage, bâtiment d’avenir, biosécurité, ammoniaque…).

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