Le jardin d’hiver des bâtiments de volailles de chair standard se cherche
Sous la pression des ONG Welfaristes, la filière des volailles de chair standard commence à poser les bases technico-économiques d’un système semi-plein-air à la française.
Sous la pression des ONG Welfaristes, la filière des volailles de chair standard commence à poser les bases technico-économiques d’un système semi-plein-air à la française.
Lorsque l’on interroge les consommateurs sur le mode d’élevage qui respecte le bien-être de l’animal, une grande majorité se prononce pour des animaux ayant accès à un parcours extérieur. Les volailles label rouge répondent à cette attente depuis longtemps, mais pas les productions standards. Pour Françoise Burgaud, responsable du pôle Études et bien-être de l’association welfariste Welfarm, « la claustration permanente n’est pas durable. L’élevage standard de demain devra permettre un accès à l’air libre ». Cette demande est également exprimée par la charte du « better chicken commitment » que signent de plus en plus d’acteurs de la grande distribution ou de la restauration hors domicile. Elle exige d’ici 2026 des souches de poulet à croissance ralentie, de la lumière, un milieu enrichi… Cela n’a pas échappé aux metteurs en marché qui ont commencé à évoluer avec la démarche « Nouvelle agriculture » de Galliance ou « Oui c’est bon » de LDC, mais ils hésitent à faire sortir leurs volailles. Le jardin d’hiver pourrait être une alternative comme l’a fait la filière œuf en transformant des élevages du mode cage au mode sol. C’est le cas depuis longtemps en Suisse où 85 % du poulet a accès à une « aire d’exercice à climat protégé », et depuis presque quinze ans aux Pays-Bas avec le label « Beter Leven ». « Oui, mais pas n’importe quel jardin d’hiver », estime Françoise Burgaud. Pour la welfariste, « ce n’est pas juste une extension exposée au climat extérieur. Il doit être suffisamment différent pour permettre aux oiseaux d’exprimer des comportements et de ressentir des émotions ». Aujourd’hui, des acteurs français jettent les bases d’un nouveau concept qui ne devrait pas bouleverser la segmentation du marché, qui soit validé par le consommateur (bien-être animal et prix), qui soit réalisable et rentable. C’est ce que tentent les Ets Michel avec des volailles certifiées en explorant comment rentabiliser l’investissement supplémentaire, comment adapter la conduite, la nutrition, la ventilation ? D’autres l’expérimentent ponctuellement, comme le groupement Bellavol pour le concilier avec une ventilation dynamique. L’apport d’air par temps chaud ou froid fait partie des points à maîtriser. L’équipementier Tuffigo Rapidex propose une solution qui rompt avec la ventilation habituelle. Intermédiaire entre le plein air et la claustration, le jardin d’hiver a aussi un intérêt sanitaire. C’est le choix de la coopérative Val de Sèvre pour claustrer les canards mulards d’éleveurs dans l’incapacité de dupliquer leur bâtiment. En attendant que ces initiatives individuelles débouchent sur des systèmes pérennes et validés, les filières concernées pourraient réfléchir à un cahier des charges pour cet espace qui n’a pas de statut officiel. Comment le caractériser ? Dimension, éclairement, équipement… Comment l’utiliser ? Densité, temps de présence animale… Faute de quoi, des clients inspirés par des welfaristes s’en chargeront.