Aller au contenu principal

Bien gérer l’après-influenza
La filière foie gras à la croisée des chemins

L’assemblée générale de l’interprofession du foie gras du 24 juin a été l’occasion de faire un bilan d’étape et des défis qui attendent la filière.

recadrer en coupant les pieds L'avenir de la filière gras repose sur sa capacité à maintenir les pratiques de biosécurité à un haut niveau
© X. Cresp

Avec des exportations bien orientées et une mise aux normes réussie des installations de gavage, l’année 2015 aurait dû se terminer sous les meilleurs auspices. Fin novembre, le premier foyer d’influenza aviaire détecté à Biras en Dordogne y a mis un terme. Toutes les instances professionnelles et publiques ont dû rapidement se mettre au diapason pour élaborer un plan de lutte et pour « sauver la fin d’année » en évitant la psychose médiatique. Pour Christophe Barrailh, président du Cifog, « il s’agissait d’éteindre le feu, comprendre ce qui nous arrivait, passer de la stupeur au raisonnement. » Les annonces successives, d’abord du dépeuplement dans la zone de restriction de 18 départements, puis de la mise en place d’un nouveau dispositif de biosécurité (bande unique et unité de production) ont été des coups de massue. Surtout par des producteurs décontenancés et partagés par les mesures de biosécurité à appliquer. « Il fallait faire face et expliquer la situation pour éviter l’embrasement », se souvient Christophe Barrailh. Et faire des propositions d’adaptation aux pouvoirs publics, via la nouvelle commission sanitaire du Cifog, en tenant compte de tous les modèles de productions.

Gagner le défi de la biosécurité

La France doit retrouver au plus vite le statut « indemne d’influenza. » Ce ne sera possible qu’en le prouvant par des contrôles négatifs et en l’absence de cas pendant six mois. La filière gras du Sud-Ouest se doit donc de mener deux chantiers de front. Celui de la biosécurité au jour le jour, élevage par élevage, métier par métier, pour que le dépeuplement et le vide sanitaire n’aient pas servi à rien. Si des cas se produisent çà et là, ils doivent rester isolés et être circonscrits. Au-delà de cette biosécurité du quotidien s’ajoute la mise en conformité des élevages dans un délai de deux ans, avec bien souvent la nécessité d’investir pour pouvoir vraiment adapter les pratiques d’élevages (bande unique avec moins de lots). Avec l’arrêté biosécurité, c’est toute la « philosophie » de l’élevage qui est à revoir dans le Sud-Ouest, et même au-delà (toutes volailles et filières courtes). S’ajoute la nécessité d’augmenter globalement les capacités de production en prêt à gaver d’au moins 10 % pour compenser la restructuration en cours. Les pouvoirs publics ont promis une aide de 220 millions, mais les producteurs se heurtent à une administration ayant des procédures inadaptées à l’urgence. En nouvelle Aquitaine, seuls les dossiers de moins de 25 000 euros sont examinés. Au-delà, il faudra attendre janvier 2017, sans garantie d’acceptation.

Une année de vache maigre

Les quelque 70 foyers d’influenza ont eu un impact considérable sur tous les maillons avec un préjudice économique encore non-mesurable. Rien que pour la filière gras, la production devrait baisser de 25 % (moins 4750 t environ) et l’excédent commercial passer de 60 millions d'euros à zéro. L’ampleur dépasse largement cette filière, ne serait-ce que par la fermeture de certains débouchés à l’export pour les autres produits avicoles. Conscient du risque de déstabilisation, l’État a annoncé une enveloppe de 130 millions d’euros, essentiellement pour les producteurs et les accouveurs impactés par le dépeuplement. Les collectivités territoriales ont été promptes à mobiliser des fonds. Ceux de l’État ont fait l’objet d’aller-retours entre la Commission européenne, le ministère de l’Économie et celui de l’Agriculture. Pour Christophe Barrailh, « on se heurte à un système n’ayant jamais connu une telle situation. » D’où les retards de paiements. L’autre motif de mécontentement de la profession concerne la quasi-absence de compensation pour les maillons amont et aval. Le Cifog a rappelé que les mesures habituelles ne suffiraient pas et « ne font pas l’affaire de la profession. » Les prochains mois diront qui a pu traverser la tempête. En tout cas, les consommateurs seraient fidèles au foie gras. Au premier quadrimestre, les ventes se sont améliorées de 1,9 % en volume (3,1 % en valeur). Selon une étude CSA de juin, 82 % des interrogés déclarent vouloir consommer en fin d’année, même si 87 % s’attendent à une augmentation de prix, ce qui pourrait les pousser à acheter moins. Par contre, rétablir la balance commerciale sera plus difficile.

« Être indemne d’influenza et maintenir la consommation »

Les plus lus

Confirmation d'influenza aviaire dans un élevage breton

Le premier foyer d'influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) de la saison 2024-2025 est confirmé ce mardi 13 août dans un…

Huit ans après son premier poulailler dynamique produisant essentiellement du poulet, Clémence Bellanger récidive avec un statique donnant accès à une véranda.
« Je suis passée du dynamique au statique dans mon poulailler avec jardin d'hiver»
Productrice de dindes et de poulets avec un bâtiment dynamique créé en 2016, Clémence Bellanger a construit un second poulailler…
Jérôme Chasles espère amortir en cinq ans son installation de récupération d’eau de pluie qui lui aura coûté 15 000 euros.
Consommation d'eau en volailles : "Je réduis ma facture en récupérant l'eau de pluie"

Pour abreuver ses vaches à moindre coût, l’éleveur breton Jérôme Chasles a installé une citerne souple et un traitement de l’…

Graphique : En 2022, le parc de bâtiments, stable en Label, s’est à nouveau contracté en standard et certifiéÉvolution du parc de bâtiments en volailles de chair ...
Le parc de bâtiments de volailles de chair s’est contracté en 2022
L'enquête bâtiment réalisée par l'Itavi aide à suivre l'évolution du parc de poulaillers de chair, en tenant compte des…
Graphique : Schéma du montage du système Ekorain d’OcènePrêt à brancher et à fonctionner, le container Ekorain assure toutes les étapes de la potabilisation de ...
Hygiène : Un traitement pour changer l’eau de pluie en eau de boisson pour l'élevage 

La société Ocene commercialise un module de traitement à base d’ultrafiltration, spécifiquement destiné à potabiliser l’eau de…

Nouveaux visuels, affichage, spot radios et TV, Galliance met le paquet sur la communication.
Galliance : « Notre relance en volailles Label rouge s’appuie sur un ancrage régional »
Durement impacté par la grippe aviaire, deuxième opérateur de la volaille mais troisième en Label rouge, Galliance joue la carte…
Publicité
Titre
je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Version numérique de la revue Réussir Volailles
2 ans d'archives numériques
Accès à l’intégralité du site
Newsletter Volailles
Newsletter COT’Hebdo Volailles (tendances et cotations de la semaine)