La face cachée du véganisme
Vidéos à charge avec la volonté de choquer. Violence des propos. Intrusions dans les élevages et les abattoirs. Agression de bouchers… L’agenda des animalistes radicaux est bien de mettre fin à l’élevage.
Vidéos à charge avec la volonté de choquer. Violence des propos. Intrusions dans les élevages et les abattoirs. Agression de bouchers… L’agenda des animalistes radicaux est bien de mettre fin à l’élevage.
Pourquoi tant de haine ? Pourquoi désigner à la vindicte populaire les métiers des filières animales en s’appuyant sur des images ne reflétant pas la réalité quotidienne de leurs pratiques mais des manquements à la règle ? Pourquoi incendier un abattoir ou vandaliser l’étal d’un boucher bio ? Pourquoi les médias grand public relaient-ils les messages et reprennent-ils les images de ces activistes sans jamais, ou presque, questionner les idéologies qui sous-tendent leurs actions ou s’interroger sur leur financement ? Quel est l’impact du véganisme radical, pourtant extrêmement minoritaire, sur l’opinion publique et le regard que la société porte sur l’élevage et sur la consommation de viande ? Comment nos filières peuvent-elles reprendre la main sur un débat qui leur a en grande partie échappé ? L’animalisme radical a sauté à la figure des acteurs de l’élevage à partir du milieu des années 2010. Les vidéos à charge de L214, construites à partir d’images captées illégalement et assemblées pour choquer les ont laissés sans voix. Des mouvements plus radicaux encore ont émergé dans leur sillage. Ils sont à l’origine d’actions violentes : blocages d’abattoirs, intimidations et dégradations de biens visant des boucheries et des commerces. Très bruyants, ces mouvements sont pourtant loin de représenter tout le champ de la protection animale, qui existait bien avant eux. On a coutume de distinguer deux sortes d’associations, les welfaristes et les abolitionnistes, selon leur positionnement vis-à-vis des animaux d’élevage. Les premières militent en faveur de l’amélioration des conditions de vie et d’abattage des animaux. Trois associations dominent le paysage français : Welfarm, CIWF (Compassion in world farming) et OABA (Œuvre d’assistance aux bêtes d’abattoir), auxquelles s’ajoute une quatrième, LFDA (la Fondation droit animal, éthique et sciences) moins militante et proche des milieux institutionnels et scientifiques. Ces associations réformistes travaillent en partenariat avec les filières animales ou la grande distribution pour faire progresser les pratiques. Discussion impossible en revanche avec les associations véganes et abolitionnistes qui refusent par principe tout partenariat avec le monde de l’élevage. Et pour cause. Elles visent l’éradication de l’élevage au nom de l’idéologie antispéciste, qui met sur un pied d’égalité les animaux et les hommes. Selon Eddy Fougier, expert des mouvements protestataires pour une étude du Fondapol (Fondation pour l’innovation politique), l’animalisme radical présente une triple radicalité, celle des propos, celle des visions et celle des modes opératoires. « L’objectif évident des animalistes radicaux est de modifier le regard que les Français peuvent avoir sur l’élevage industriel, la viande, la boucherie, la fourrure, les expérimentations animales, le gavage des oies ou des canards ou encore la corrida, en suscitant chez eux indignation et colère face aux traitements infligés aux animaux », analyse-t-il.