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« J’ai installé une centrale photovoltaïque au nord »

Laurent Moréac a reconverti un ancien poulailler dans la production d’électricité photovoltaïque, en équipant la face sud puis nord de la toiture. Il mise sur un retour sur investissement de onze ans.

Après la face sud en 2010, la face nord de l'ancien poulailler a été équipée en 2022 d'une centrale photovoltaïque, avec des modules à hétérojonction.
Après la face sud en 2010, la face nord de l'ancien poulailler a été équipée en 2022 d'une centrale photovoltaïque, avec des modules à hétérojonction.
© L. Moreac

Avec l’énergie solaire, Laurent Moréac entend « cultiver » ses toitures agricoles comme il le fait dans ses champs. « Ce sont des outils de production ! », explique l’énergiculteur, défendant sa vision d’une écologie économiquement rentable. Depuis sa première centrale photovoltaïque installée en 2008, il en est à son sixième projet, réalisé à titre personnel via sa société SAS Kipsmil ou via le Gaec dont il est associé à Pluméliau dans le Morbihan. Sa dernière réalisation a été présentée lors d’une porte ouverte organisée avec l’Apepha.

Sa particularité est d’être posée sur le versant nord d’un ancien poulailler. C’est inédit pour ce type de dimensionnement ! En 2010, l’agriculteur a racheté le bâtiment désaffecté, situé sur la même commune, pour y installer une première centrale photovoltaïque de 87 kWc. Orientée sud 10° est, elle a produit 1 172 kWh/kWc en moyenne depuis douze ans. La nouvelle centrale de 100 kWc, exposée au nord, a été mise en service en mars 2022.

Des cellules optimisant le rendement

L’objectif de production moyenne est de 850 kWh/kWc, soit 27 % de moins que le versant sud. Installée par Solewa, elle est dotée de cellules photovoltaïques à hétérojonction, une technologie permettant un meilleur rendement en conditions défavorables qu’avec des cellules classiques à homojonction. Fabriquées par l’allemand Meyer Burger, ces cellules valorisent mieux la lumière diffuse, c’est-à-dire les rayonnements indirects (voir encadré). « Moins productive que la face sud du bâtiment, la centrale côté nord est tout de même rentable », démontre Laurent Moréac en comparant les performances de production des centrales nord et sud sur deux mois de printemps.

Une toiture plate plus favorable

Celles du versant nord se rapprochent davantage de celles de la face sud les jours nuageux. « Le rendement de la centrale nord atteint 89 % de la centrale sud lors d’une journée ensoleillée. Mais il est quasiment équivalent (99 %) lors d’une journée pluvieuse », a-t-il observé. Le rapport nord/sud est également plus intéressant lorsque l’on se rapproche du solstice d’été. En effet, l’installation nord se trouve mieux exposée en début et fin de journée d’été, le soleil étant plus haut dans le ciel. « Alors que l’inclinaison de toit idéale est de 25 à 30° dans le cas d’une centrale exposée sud, mieux vaut des toitures plus plates au nord, avec une pente de 18-20°, comme ici, assez courante dans les bâtiments agricoles. »

 

 
Laurent Moréac : « Moins productive que la face sud du bâtiment, la centrale côté nord est tout de même rentable. »
Laurent Moréac : « Moins productive que la face sud du bâtiment, la centrale côté nord est tout de même rentable. » © A. Puybasset
La centrale nord a coûté 95 000 euros dont 15 000 euros de coûts de raccordement au réseau et d’aménagements et hors coût de démontage des panneaux en fibro. Avec un tarif d’achat de 10,51 c€/kWh (vente totale), il vise un retour sur investissement de moins de onze ans. « Avoir les deux toitures équipées de panneaux photovoltaïques permet d’écraser les charges fixes (maintenance, centre de gestion, assurance…). » L’approche économique sur trente ans réalisée par l’Apepha et CER France montre une rentabilité de 6,4 % (4,5 % hors économie de la flat tax).

 

Jamais à court d’idées, l’agriculteur réfléchit déjà au prochain projet de centrale photovoltaïque, cette fois-ci sur une toiture de garage… exposée est.

 

 

Un meilleur rendement des cellules à hétérojonction

La centrale nord, installée par Solewa, est équipée de modules à hétérojonction. Cette technologie associe dans une même cellule deux types de silicium : un silicium cristallin recouvert sur ses deux faces par du silicium amorphe. « Ce dernier fonctionne sur tout le spectre de lumière visible, notamment à très basse luminosité, comme c’est le cas le matin ou le soir, ce que ne fait pas le silicium monocristallin. Son coefficient de température très bas limite les pertes de puissance lorsque la température est élevée », explique Jean-Noël Wolff, du fabricant allemand de Meyer-Burger. « Associé à son système breveté d’interconnexions des cellules (SWCT), ce panneau a un rendement proche de 22 % et permet de produire plus de kWh en sortie d’onduleur. »

Ses cellules plus souples sont moins soumises aux microfissures, améliorant le rendement et la longévité du panneau. 30 à 40 % plus chers qu’un module asiatique, ces panneaux 100 % européens trouvent tout leur intérêt en conditions contraintes telle qu’une exposition au nord. Les modules sont garantis vingt-cinq ans (performance de 92 % après vingt-cinq ans).

 

 

L’Apepha promeut la production photovoltaïque

L’association nationale des Agriculteurs producteurs d’électricité photovoltaïques associés regroupe 450 adhérents. Ce réseau de compétences vise à promouvoir et sécuriser la production photovoltaïque, à soutenir les porteurs de projet, à apporter de la valeur ajoutée aux projets et à préparer les modèles économiques de demain. Il propose aussi un suivi de la production mensuelle des centrales, pour se comparer et détecter un éventuel dysfonctionnement.

Pour en savoir plus : apepha.fr et contactapepha@gmail.com

Dernière minute

Hausse des tarifs d’achat

L’arrêté tarifaire du 28 juillet introduit de nouveaux tarifs d’achat de l’électricité photovoltaïque pour tenir compte de l’augmentation du coût des centrales. Pour les puissances entre 36 et 100 kWc, il passe à 10,70 c€/kWh en vente totale (cas d’une demande de raccordement entre le 1er août et 31 octobre 2022).

Source Apepha

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