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L'Itavi évalue l'impact environnemental des élevages de volailles

Les effets des élevages avicoles sur l’environnement peuvent être mesurés en utilisant la méthode d’Analyse cycle de vie, qui prend en compte toutes les étapes de la formation d’un produit.

La méthode d’Analyse du cycle de vie — dite ACV — permet de calculer un ensemble d’indicateurs environnementaux pour une "unité fonctionnelle" d’un produit (un kilo de poulet vif, un kilo d’œuf…) en prenant en compte tout ce qui a concouru à sa genèse. On considère la phase d’élevage et la gestion des déjections, qui engendrent des émissions gazeuses, mais on intègre aussi tout l’amont : l’aliment, l’élevage des reproducteurs, la fabrication du bâtiment, la production de la litière, toutes les phases de transport… Pour évaluer les impacts de l’alimentation, il faut tenir compte de la culture des matières premières (intrants, équipements…), de leur récolte, de leur transport et de leur transformation. Le plus souvent, l’ACV est évaluée jusqu’à la sortie de la ferme, hors abattage, transformation et distribution. En France, des bases de données comme AgriBalyse (gérée par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), rassemblent les informations de très nombreux produits agricoles et matières premières. Les chiffres présentés ici sont tous issus d’AgriBalyse version 1.3.

Deux principaux contributeurs aux impacts

L’alimentation des volailles contribue fortement, voire souvent majoritairement, aux indicateurs environnementaux calculés. La contribution directe de l’alimentation des poulets de chair varie de 37 % du total pour l’indicateur « acidification » à 90 % pour celui « consommation de phosphore ». Si on cumule les impacts de l’alimentation sur toute la chaîne de production, on atteint plus de 99 % pour la consommation de phosphore et pour l’occupation des sols. Le choix des matières premières est primordial. Un tourteau de soja brésilien lié à la déforestation a un impact réchauffement climatique plus élevé qu’un tourteau européen : 1 730 kg eq CO2/t contre 396 kg pour l’européen. Attention cependant aux transferts de pollution, car un tourteau français a un impact « occupation des sols » (3 750 m²/an/t) plus important qu’un tourteau brésilien (1 480 m²/an/t).

Pour l’acidification et l’eutrophisation, la part des émissions directes de gaz pendant la phase d’élevage n’est pas négligeable et elle varie selon la production. En poulet, 58 % de l’acidification et 29 % de l’eutrophisation lui sont imputables. En œuf de consommation avec élevage au sol, elles sont de 69 % pour l’acidification et de 43 % pour l’eutrophisation. Il est possible de diminuer ces impacts, en limitant les émissions d’ammoniac au cours de lot (maintien d’une litière sèche) et en couvrant les effluents durant leur stockage.

Des impacts variables selon les produits animaux

De nombreux produits animaux français ont fait l’objet d’évaluations ACV, incluses dans AgriBalyse. C’est le cas du poulet de chair, de l’œuf, du canard (à foie gras et à rôtir) et de la dinde. Vis-à-vis de l’impact changement climatique, le lait et les œufs présentent des impacts plus faibles que les viandes, et les monogastriques en général ont un impact plus faible que la moyenne nationale "bovin viande". En revanche, vis-à-vis de l’acidification, les œufs présentent un impact plus important que le poulet de chair ou le porc conventionnel, du fait d’émissions gazeuses supérieures pendant le lot. Le mode de production a souvent un fort impact sur les valeurs des indicateurs. Une production bio diminue l’impact « consommation de phosphore » (moins 50 % en poulet et moins 37 % en œuf par rapport au standard) mais augmente énormément l’impact « occupation des sols » (plus 309 % en poulet et plus 234 % en œuf).

Une approche à élargir aux parcours

Déjà mise en œuvre dans de nombreux projets nationaux ou européens pour des produits avicoles, la méthodologie ACV reste à améliorer. À l’heure actuelle, le rôle des parcours n’est pas entièrement pris en compte. Ces surfaces peuvent constituer un puits de stockage naturel du carbone. Ce stockage peut être une voie d’atténuation de l’impact "réchauffement climatique" à l’échelle d’un élevage, mais la capacité du piégeage reste encore à affiner. Par ailleurs, les indicateurs usuels de l’ACV peuvent ne pas suffire pour l’évaluation environnementale d’un système, notamment pour refléter les impacts en termes de biodiversité, de pesticides, de services écosystémiques ou encore de qualité du sol. Des travaux et projets sont en cours.

Pas un, mais des impacts

Il est très important de ne pas se limiter à un seul indicateur d’impact environnemental, car on risque de dégrader un autre indicateur.

L’idéal est de prendre en compte une variété d’impacts pour évaluer le potentiel d’innovations ou de changements.

Parmi les principaux impacts évalués, on trouve :

- le réchauffement climatique, qui représente le pouvoir réchauffant (ou potentiel de réchauffement global) des gaz à effet de serre émis tout au long du cycle de vie. Ce sont le dioxyde de carbone (CO2), le protoxyde d’azote ou le méthane, mais pas l’ammoniac qui n’a pas de pouvoir réchauffant. Ce pouvoir réchauffant s’exprime par rapport au CO2. Le méthane a un pouvoir réchauffant de 28 sur 100 ans, contre 1 pour le CO2. L’impact réchauffement climatique est exprimé en kilos équivalents CO2. L’empreinte carbone (en kilos de CO2) prend en compte les émissions lors de la consommation d’énergie et celles liées aux intrants à l’échelle d’un territoire, d’un pays ou d’un acteur économique ;

- l’acidification, qui est liée à l’émission des gaz qui provoquent une acidification de l’air pouvant mener à des pluies acides et bouleverser des équilibres écologiques ;

- l’eutrophisation, qui évalue les apports excessifs en nutriments dans les milieux aquatiques, pouvant mener au surdéveloppement d’organismes végétaux ;

- l’occupation des sols, qui concerne la compétition alimentaire animal-homme pour les cultures.

A. B.

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