Avec leur bâtiment XXL en Bretagne
Isabelle et Thomas Couëpel voient clair et grand
Pour leur bâtiment de 3000 m2, le plus grand de France en volaille de chair, le couple d’éleveurs a choisi des équipements de dernière génération avec toujours un même objectif d’amélioration du confort de travail.
Pour leur bâtiment de 3000 m2, le plus grand de France en volaille de chair, le couple d’éleveurs a choisi des équipements de dernière génération avec toujours un même objectif d’amélioration du confort de travail.
Malgré le pic de chaleur annoncé le jour de la porte ouverte organisée dans le cadre des Innov’Action, le nouveau bâtiment d’Isabelle et Thomas Couëpel, à Andel (Côtes d’Armor), a attiré quelque 800 visiteurs. C’est d’abord sa taille - 3000 m2 en une seule salle - qui en a fait la principale attraction, mais pas seulement. Il est équipé des dernières innovations : fenêtres pour l’éclairage naturel, sol béton, sur-isolation, ventilation progressive, sondes CO2, pesage d’aliment, luminaires à leds, récupérateur de poussières… Pour le couple, investir dans un bâtiment de très grande taille n’était pas un objectif en soi. Le principal intérêt était d’écraser le coût au mètre carré de certains postes pour investir davantage sur des équipements permettant d’améliorer les performances et le confort de travail tout en anticipant les attentes sociétales en termes d’environnement et de bien-être. « Notre projet d’agrandissement portait initialement sur deux bâtiments de 1500 m2. Avec un seul de 3000 m2, l’économie est de 10 à 15%», précisent-ils. Pour autant, le ticket d’entrée reste élevé. L’investissement total atteint 900 000 euros, sachant qu’en plus du bâtiment (autour de 230 €/m2) s’ajoutent un hangar de stockage de 400 m2, la pose d’enrobé sur tout le site d’élevage, le local du groupe électrogène, la lagune de récupération des eaux de pluie et le prolongement de la toiture des deux poulaillers existants de 1200 m2.
Des fenêtres représentant 3% de la surface au sol
Davantage que le volume de la salle, c’est avant tout sa luminosité qui surprend et l’impression d’ouverture vers l’extérieur. Conçu par Le Couillard, le bâtiment de 25 mètres de large sur 120 mètres de long, est équipé de fenêtres sur les deux longs pans, quasiment à hauteur d’homme … ou de femme. Car c’était la seule exigence d’Isabelle Couëpel. « C’est beaucoup plus agréable et moins fatiguant de travailler sous un éclairage naturel», souligne-t-elle. « Et par la même occasion, cela permet d’anticiper l’évolution des attentes sociétales en termes de bien-être même s’il n’y a pas pour l’instant de plus-value», poursuit Thomas. Les fenêtres à double vitrage (10 €/m2) disposent d’un volet intérieur, le seul bémol émis par l’éleveur étant la présence des moteurs électriques dans le poulailler. Pour la gestion de l’ambiance, il a opté pour le concept de ventilation Skov «éprouvé depuis longtemps sur de telles largeurs de bâtiment.» Avec une entrée d’air bilatérale, l’extraction se fait par deux blocs de 8 cheminées au centre (deux progressives de 0 à 100%, les autres de 50 à 100%), complétées par 9 turbines en pignon. L’éleveur a prévu d’installer une passerelle à chaque bloc de cheminées pour le lavage. La régulation se fait en fonction de la teneur en CO2, avec un seuil maximal fixé à 2000 ppm, « que l’on tient sans problème jusqu’à présent. » Le chauffage provient de deux lignes de tubes à ailettes Spiraflex sur tout le pourtour du bâtiment et dans lesquels circule de l’eau chauffée à 80°C par une chaudière à gaz. « Cela laisse la possibilité de changer un jour de source d’énergie, » explique l’éleveur, toujours un projet en tête. Il pense notamment à la combustion de fumier. «Les tubes sont faciles à nettoyer. Il n’y a pas de condensation puisque leur température est toujours supérieure ou égale à celle de l’air ambiant.»
Un gain de temps lors du vide
L’alimentation est réalisée par 7 lignes de pipettes 100% multidirectionnelles et 6 lignes de mangeoires Coméo de Roxell (installateur Sodimel), le tout sur relevage électrique. « L’assiette est basse et facilement accessible pour le poussin, d’autant plus sur sol bétonné. Il n’y a pas d’ajout d’aliment à faire sur le papier de démarrage », apprécient les éleveurs. « Au final, on passe quasiment deux fois moins de temps dans le 3000 m2 que dans les deux 1200 m2 cumulés », constatent-ils. Le lavage de la coque est réalisé par un prestataire sur une journée. Les éleveurs se chargent du curage, du démontage et du lavage des assiettes et de la désinfection. « On pourrait remplir les 5400 m2 après seulement 7 jours de vide. »
Début juillet, le poulailler neuf démarrait son second lot de poulets lourds sexés en partenariat avec la coopérative Le Gouessant. Un lot qui s’annoncait bien plus prometteur que le premier, plombé par un problème sanitaire au démarrage (12% de mortalité) avec des poussins provenant de plusieurs parquets de repros. «On touche au point faible des bâtiments de grande taille », confirme Thomas. « Il nécessite d’être encore plus rigoureux.»
Financés par plusieurs prêts de 5 à 15 ans, le projet bénéficie par ailleurs d’une aide du Gouessant (sous forme de prêt à taux 0% de 40 €/m2) et d’une subvention de 30 000 euros dans le cadre du PCAEA.
Une bascule d’aliment pour un pilotage de précision
Située dans un local attenant au magasin, la trémie peseuse Dol 9940 de Skov pèse l’aliment provenant des trois silos de 26 m3 par quantité de 40 kg avec une grande précision. Commandée par le boitier de régulation du bâtiment, elle permet un contrôle quotidien du GMQ (deux pesons automatiques) et du ratio eau/aliment. « C’est un critère essentiel pour surveiller les pododermatites», souligne Thomas Couëpel. Par ailleurs, l’éleveur ne perd pas espoir d’utiliser à terme la bascule pour incorporer des céréales entières. « On y viendra forcément. Il suffira alors d’ajouter un silo pour le blé.»