Investissement : choisir son poulailler de volailles de chair
Influencée par le modèle de production (fermier, label rouge, conventionnel…) qui fixe un cadre souvent difficile à faire évoluer, la construction ou la reprise d’un poulailler engagent sur le long terme. On passe difficilement du poulet conventionnel au poulet label rouge et vice-versa. Mieux vaut donc prendre le temps de réfléchir avant de se lancer et d’en « prendre » pour quinze à vingt années.
Influencée par le modèle de production (fermier, label rouge, conventionnel…) qui fixe un cadre souvent difficile à faire évoluer, la construction ou la reprise d’un poulailler engagent sur le long terme. On passe difficilement du poulet conventionnel au poulet label rouge et vice-versa. Mieux vaut donc prendre le temps de réfléchir avant de se lancer et d’en « prendre » pour quinze à vingt années.
Les consommateurs ont souvent tendance à oublier que les éleveurs produisent des volailles surtout pour gagner leur vie. Cela veut dire produire dans des conditions d’élevage optimisées, veiller à maîtriser ses investissements et ses dépenses courantes, obtenir des volailles de la qualité demandée et en quantité suffisante pour dégager un revenu décent.
Le choix du bâtiment est la préoccupation prioritaire car il détermine la gamme de volaille (bio, fermière, conventionnelle, intermédiaire). Dans ses études sur les bâtiments, l’Itavi distingue deux grands types : le poulailler standard et le poulailler label rouge ou bio. Des sous catégories pourraient être ajoutées en fonction de la dimension des poulaillers et des équipements plus ou moins sophistiqués. Peu de points communs entre une « cabane » de démarrage de 60 mètres carrés et un bâtiment automatisé de 3 000 mètres carrés.
Des enjeux nombreux mais parfois contradictoires
Aujourd’hui, les poulaillers à concevoir, construire, rénover ou transformer doivent prendre en compte et répondre à des enjeux plus divers et plus contradictoires qu’il y a vingt ou trente ans.
Ils doivent permettre d’améliorer les conditions de travail, mais cette mécanisation s’oppose à la maîtrise de l’investissement. Il faut assurer la biosécurité des élevages tout en répondant aux attentes sociétales de volailles élevées en plein air ou semi plein air. Il faut limiter les impacts environnementaux (poussières, gaz, effluents…) mais les dispositifs nécessaires sont non productifs et coûteux. Il faut aussi réduire la surconsommation des ressources (eau, matières premières, énergies fossiles) tout en assurant du confort aux animaux, protéger les volailles des coups de chaleur en investissant dans des systèmes de ventilation et de brumisation énergivores.
À moyen terme, il faudra concevoir un poulailler durable, convertible pour un autre usage et prévoir le recyclage des matériaux en fin de vie. Pour le moment, ce poulailler idéal n’existe pas.
Mobiliser un capital important
Répondre à ces enjeux demande des investissements importants qui aujourd’hui ont du mal à se concrétiser. L’inertie s’explique par l’incertitude sur les modes d’élevage du futur (Intensif ou extensif ? Plein air ou claustration ? Jardin d’hiver ou pas ?) et sur le montant des capitaux à engager.
L’éleveur doit investir beaucoup, donc s’endetter, pour dégager une valeur ajoutée relativement modeste, eu égard à l’investissement. L’ordre de grandeur est de 250 euros par mètre carré (€/m2) en type label de 400 mètres carrés et de 350-400 €/m² pour un poulailler standard de 1 500 mètres carrés. Avec un emprunt intégral au taux de 2 % pendant quinze ans, la simulation d’annuité est d’environ 19 €/m²/an en label et de 29 €/m²/an en standard (à 375 €/m²) .
Obtenir un excédent brut d’exploitation (EBE) suffisant pour rembourser et retirer un revenu exige une régularité des performances avec des poulaillers souvent remplis. Plus l’investissement est important, plus le risque est élevé.
En poulet conventionnel, il est fondamental de connaître précisément la marge poussin-aliment minimale, celle du point d’équilibre économique sans revenu. En fin de compte, le choix du bâtiment dépend plus souvent de critères économiques que de l’envie de détenir un « beau poulailler ». Pour durer, un producteur de volailles doit savoir bien compter.
Anthony Gobin, président d’Elinnove (1)
« La priorité est d’avoir un bâtiment efficient »
« Le bâtiment avicole de demain restera multiple. Deux principaux aspects déterminent le type de poulailler : la génétique et le débouché proposé par l’abattoir et l’organisation de production. Quel que soit le modèle, la priorité est d’avoir un bâtiment efficient et rentable pour l’éleveur. Il est possible techniquement de faire évoluer les bâtiments pour répondre aux nouvelles attentes sociétales (jardin d’hiver par exemple), mais à condition que le prix d’achat de la volaille permette de rémunérer l’éleveur. En deux ans, le coût du bâtiment a augmenté de 25 %, du fait de l’inflation sur les matériaux. Un poulailler de 1 500 mètres carrés revient aujourd’hui au même prix qu’un 1 800 mètres carrés hier, à mêmes niveaux d’équipement. Plus que les charges fixes, la principale problématique porte aujourd’hui sur les charges variables, en particulier le gaz et l’électricité. La priorité est de réduire les consommations d’énergie (isolation, échangeur de chaleur, éclairage ou équipement de ventilation moins énergivores). L’enjeu est aussi de développer des solutions pour produire voire stocker l’énergie (développement de la géothermie, photovoltaïque, etc.). Je pense qu’à l’avenir la plupart des poulaillers neufs ou d’occasion seront équipés de panneaux photovoltaïques. Malgré l’investissement supplémentaire, le contrat de reprise sur vingt ans contribue à financer le bâtiment sur le long terme. »
Un parc largement vieillissant
Impossible de dresser l’état détaillé du parc pourtant recensé en 2020, les données étant en cours d’analyse. Mais il est certain que ce parc est vieillissant. Depuis les années 2000, l’observatoire bâtiment de l’Itavi fait état d’un taux annuel de construction autour des 2 %, légèrement supérieur au taux de destruction. Dans l’estimation de 2020, c’est le parc label qui progresse le mieux, à +1,4 %, contre -0,3 % pour le standard. Avec un taux annuel de création de 2 %, la physionomie du parc n’évoluera pas beaucoup dans les dix années à venir, alors que les éléments poussant à son évolution sont nombreux.