Installation en volailles : Être éleveur fait encore rêver des jeunes
Le métier d’éleveur fait encore rêver des jeunes, qui n’ont pas peur de travailler, mais veulent de la rentabilité et un équilibre vie professionnelle et vie privée.
Le métier d’éleveur fait encore rêver des jeunes, qui n’ont pas peur de travailler, mais veulent de la rentabilité et un équilibre vie professionnelle et vie privée.
« Je ne viens pas du monde agricole, mais à dix ans, je passais mes mercredis et samedis chez des voisins éleveurs, a témoigné Rodolphe Sire, au salon Tech-Élevage en Vendée. Et peut-être parce que mon père était artisan, j’ai toujours voulu être mon propre patron. »
À 21 ans, après un Bac pro et un BTS, Rodolphe Sire s’est donc installé en autoentreprise au service d’agriculteurs, puis comme éleveur de volailles. « Ce qui me plaît, c’est d’être mon propre chef et d’adapter mon temps de travail comme je veux. J’aime aussi bien élever mes volailles sur toute leur vie, malgré toutes les embûches. »
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Comme lui, des jeunes rêvent encore d’être éleveur, depuis toujours ou en reconversion. Alban Vié, 31 ans, non issu du milieu agricole, passe ainsi son BPREA (Brevet professionnel responsable d’entreprise agricole) pour s’installer en volailles label. « Après un BTS qualité en agroalimentaire, j’ai travaillé dix ans en abattoir volailles, comme conducteur de ligne et au service qualité, explique-t-il. Dès mon BTS, j’ai eu dans l’idée de m’installer en volailles et de gérer l’élevage, l’abattage et la vente à la ferme. »
Certains veulent s’installer en collectif, d’autres en individuel. « S’installer en collectif permet de partager les astreintes et les responsabilités, note la sociologue Bertille Thareau, de l’École supérieure d’agriculture d’Angers. Cela implique que les associés s’entendent et aient les mêmes objectifs. Des jeunes préfèrent donc s’installer en individuel, un peu plus souvent en volailles que dans d’autres filières. »
Gérer son temps à sa guise
Tous veulent de la rentabilité. Mais ils veulent aussi pouvoir gérer leur temps comme ils veulent et préserver l’équilibre vie professionnelle et vie privée. « Le temps de travail ne me gêne pas, assure Rodolphe, encore célibataire. Mais je veux garder mon cours d’accordéon du mercredi, pour me ressourcer, me libérer de la pression de l’élevage. »
Sylvain Boisseau, installé en 2015 avec 2 000 m² de poulets et canards, cherche un complément d’activité, pour pérenniser son élevage avicole et pour prendre un associé qui partage les décisions et avoir des week-ends et des vacances. « C’est une priorité, car j’ai une vie de famille », souligne-t-il. Travailler avec le vivant, la nature est aussi important. Et l’accompagnement du cédant en cas de reprise est essentiel.
« J’attends une relation proche avec le cédant, indique Antonin, en BTS, qui envisage de s’installer dans cinq à sept ans. Je voudrais que nous ayons la même philosophie et qu’il m’accompagne les premières années. » Le cédant ne doit toutefois pas mettre trop de pression sur un apprenti qui réfléchit à s’installer, l’effet pouvant être qu’il prenne peur et fuit. Enfin, les jeunes ne sont pas découragés par « l’agribashing ». « C’est triste, mais motivant, estime Antonin. Des éleveurs montrent ce qu’ils font sur Youtube. Il y a des choses à faire. »
Adapter l’accompagnement des porteurs de projet en volailles
Une enquête de l’ESA d’Angers auprès de 140 jeunes installés montre que les profils et priorités des nouveaux installés évoluent. Les porteurs de projet sont de plus en plus non issus du milieu agricole, ni du milieu rural.
Ils sont plus diplômés et s’installent plus tard, à 29 ans en moyenne, après des stages et souvent du salariat en agriculture ou para-agricole. Cette expérience les conduit à être plus attentifs à l’équilibre vie professionnelle et vie privée et leur donne des compétences techniques, d’organisation du travail, du réseau…
« Connaître les trajectoires peut aider à l’accompagnement, estime la sociologue Bertille Thareau. Un jeune non issu du milieu agricole peut avoir du réseau s’il a fait de stages, été salarié, mais il a peut-être besoin de soutien pour l’accès au foncier ou à l’investissement. »