Hygiène : L’eau de boisson, un des leviers de la performance des volailles
Les élevages avicoles connaissent un fort mouvement de démédicalisation qui a changé les pratiques d’élevage, notamment sur la gestion de la qualité de l’eau de boisson.
Les élevages avicoles connaissent un fort mouvement de démédicalisation qui a changé les pratiques d’élevage, notamment sur la gestion de la qualité de l’eau de boisson.
« Les poulets standards, à haut potentiel de croissance, sont des souches de volailles davantage sensibles aux infections bactériennes (E. coli, entérocoques…) et aux déséquilibres du microbiote digestif, contrairement aux poulets labels plus rustiques, indique Julia Rhliouch, vétérinaire chez MC Vet Conseil.
Les troubles digestifs font partie des dominantes pathologiques. Il convient donc de surveiller régulièrement la qualité de l’eau de boisson, car n’oublions pas qu’un poulet standard boit 1,9 fois ce qu’il mange ! » En poulet standard, les problématiques sanitaires sont bien souvent multifactorielles et doivent s’appréhender sous différents prismes, dont celui de la qualité d’eau.
Être attentif à la qualité de l’eau
L’eau issue d’un puits ou du réseau avec une qualité moyenne et l’état des canalisations du bâtiment d’élevage peuvent être à l’origine de ces problématiques infectieuses. En effet, faute d’entretien ou de canalisations usées, un biofilm peut s’y développer, les encrasser et les charger en bactéries. Mal utilisés, les produits nutritionnels peuvent également amplifier le phénomène. « Pour évaluer la qualité d’eau bue par les oiseaux et anticiper les problèmes sanitaires, une analyse bactériologique en début et en bout de ligne, ainsi qu’une analyse chimique sont essentielles, explique Julia Rhliouch.
A minima, pour une première approche, il convient de rechercher les principaux germes indicateurs d’hygiène (coliformes, entérocoques, flore totale, etc.) » Des quantités anormalement élevées dans l’eau de boisson doivent interroger et engager des mesures correctives immédiates. « Ne pas oublier que le travail sur la bactériologie de l’eau ne peut se faire qu’en bonne connaissance de ses paramètres chimiques (pH, dureté, matière organique, etc.) », prévient la vétérinaire.
Différentes solutions possibles
Lors du vide sanitaire, il est conseillé de renforcer l’entretien des canalisations par un protocole complet : utilisation d’une base détergente, d’un acide puis d’un désinfectant. En complément, l’utilisation d’une machine réalisant un décapage mécanique des canalisations (modèles Aquaflush’R ou Flushpipe) permet, grâce à des séquences d’air comprimé et d’eau à haute pression, de décoller le biofilm. Il est aussi possible de vérifier l’état des canalisations avec des caméras. « C’est un procédé très pédagogique puisqu’il permet de visualiser instantanément la présence de biofilm, indique Julia Rhliouch. Toutefois, nous n’investiguons qu’une petite partie de la canalisation, c’est pourquoi cette méthode est davantage didactique qu’un moyen d’exploration complète. »
D’autres outils sont à disposition pour monitorer la qualité de l’eau (bandelette pH ou peroxyde, test du taux de chlore). Il est conseillé de réaliser un traitement d’eau en continu avec du chlore, du DCCNa (dichloroisocyanurate de sodium) ou d’autres désinfectants disponibles sur le marché. Le choix du traitement et la dose sont fonction de la qualité chimique de l’eau. « En parallèle de la désinfection de l’eau, l’acidification permet de limiter le développement de la flore pathogène, souligne la vétérinaire. Deux types d’acidifiants sont principalement utilisés, les acides minéraux et les acides organiques. Ces derniers sont particulièrement indiqués dans la gestion des dérèglements digestifs. »
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Prévenir plutôt que guérir
Emilien Diouy, éleveur dans la Marne
« L’eau de boisson de mes volailles provient d’un puits situé à plus de 35 mètres du bâtiment. Pour vérifier l’état de mes canalisations, avec la technicienne et la vétérinaire, nous avons déjà passé une caméra en bout de circuit, là où le débit est moins important. J’effectue aussi des purges régulières, surtout en début de bande, pour éliminer l’eau stagnante. En effet, à ce stade, les poulets en consomment peu et la chaleur favorise le développement de biofilm. Une à deux fois par an, je réalise des analyses pour vérifier l’état bactériologique de l’eau du puits. Je la traite avec un produit 2 en 1 composé de peroxyde d’hydrogène et d’acide orthophosphorique. Ce traitement assainit et évite le dépôt d’un biofilm dans les canalisations. D’autre part, il acidifie l’eau, très calcaire dans notre région. Le produit est directement incorporé dans l’eau grâce à une pompe doseuse électrique. »