Exportations ukrainiennes vers l’UE : L'accord est toujours en négociation
Alors que les mesures commerciales autonomes (ATM) de l’Union européenne en faveur de l’Ukraine doivent s’appliquer le 6 juin prochain, le dispositif de limitation de l’importation des produits sensibles n’est toujours pas fixé.
Alors que les mesures commerciales autonomes (ATM) de l’Union européenne en faveur de l’Ukraine doivent s’appliquer le 6 juin prochain, le dispositif de limitation de l’importation des produits sensibles n’est toujours pas fixé.
Les institutions européennes recherchent encore un compromis entre le soutien commercial aux débouchés des produits ukrainiens et la protection du marché agricole européen.
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Le 31 janvier, la Commission a proposé un système de «frein d’urgence» automatique pour certains produits sensibles (volaille, œufs et sucre) basé sur les niveaux d’importation moyens des années 2022 et 2023. Au-delà de ces seuils, des droits de douane seraient réinstaurés dans un délai de 21 jours. L’idée est de plafonner le niveau des importations pour tenir compte des préoccupations des États membres et des professionnels.
Des eurodéputés pris par le temps
Mi-février, des discussions se sont engagées au niveau du Conseil et du Parlement européen pour discuter la proposition de Bruxelles et aucun consensus n’a émergé. Qui plus est, des eurodéputés de la commission de l’agriculture (Comagri) se sont prononcés le 26 février pour un renforcement des mesures de sauvegarde, en reprenant les propositions des professionnels des secteurs concernés.
Les organisations européennes demandent d’introduire les céréales, les oléagineux et le miel dans les produits sensibles, de se baser sur les niveaux d’importation de 2021 et 2022 et d’activer le frein dans un délai de 10 jours lorsque les volumes dépassent le seuil alloué. Ces ajustements permettraient à l’Ukraine d’augmenter ses exportations tout en préservant mieux les intérêts européens, plaident ces organisations.
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En revanche, l’avis de cette commission agricole est moins décisif que celui des eurodéputés du Comité de la politique commerciale (Cominta) qui se réunira jeudi 7 mars, avec au programme le vote sur les ATM (autonomous trade measures ) concernant l’Ukraine et la Moldavie. « Nous ne sentons pas un soutien très fort des parlementaires » indique un représentant d’un des groupes professionnels. Un élément peut accélérer la fin de la négociation : trouver un accord avant mi-avril, fin de la session parlementaire à cause des élections européennes.
Si des amendements sont adoptés jeudi, il y aura à nouveau une négociation en trilogue qui pourrait durer. Si le texte ATM est adopté tel quel le 7 mars, il sera sûrement validé en assemblée plénière du Parlement européen avant la fin de session parlementaire, afin de pouvoir entrer en vigueur à partir du 6 juin..
L’UE très rémunératrice pour l’Ukraine
Selon Eurostat, les importations de volailles ont atteint 147 800 tonnes d’équivalents carcasse en 2022 et 217 800 tec de janvier à novembre 2023 (+47 % par rapport à la même période 2022). Quant aux œufs, elles sont passées de 19 190 t d’équivalent œuf coquille en 2022 à 46 500 toc sur 11 mois de 2023 ( fois 2,4).
Le marché européen est un marché très rentable pour le principal fournisseur ukrainien (la société MHP), selon le récent rapport du ministère de l’agriculture américain (USDA). Vers l'Europe, l’Ukraine a plusieurs avantages sur ses compétiteurs brésiliens et thaïlandais, à commencer par le poulet frais, la proximité logistique et évidemment le prix, de l’ordre de 2,5 $US/kg pour de la découpe (2 dollars au Moyen Orient).
L’USDA estime que les volumes exportés vers l’UE devrait se situer aux environs de 160 000 tonnes brutes en 2024 sur les 440 000 t d’exportations pronostiquées. Le surplus dérouté de l’UE ira au Moyen Orient, en Afrique et en Asie Centrale où les prix sont nettement inférieurs. Avant-guerre, l’Ukraine produisait environ 1,4 million de t de poulet et devrait revenir à 1,3 million en 2024 après le creux de 2022- 2023.