Economie : La filière oeufs d'Auvergne-Rhône Alpes veut préserver son potentiel
La région Auvergne-Rhône-Alpes se distingue avec une part importante d’élevages d’œufs alternatifs. Toutefois, la chaleur et le relief peuvent constituer des handicaps. Néanmoins, les opérateurs nationaux ne boudent pas cette région qui les approvisionne.
La région Auvergne-Rhône-Alpes se distingue avec une part importante d’élevages d’œufs alternatifs. Toutefois, la chaleur et le relief peuvent constituer des handicaps. Néanmoins, les opérateurs nationaux ne boudent pas cette région qui les approvisionne.
Comparée au Grand Ouest et au Nord-Est, Auvergne-Rhône-Alpes (Aura) est une « petite » région de production d’œufs, avec 15 % des éleveurs français recensés en 2020. Le nombre de pondeuses y atteignait 4,5 millions fin 2022, selon Agreste, avec 2,7 à 3 millions de poules mises en place ces trois dernières années, selon l’interprofession (CNPO).
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Elle se caractérise également par de plus petits ateliers (hormis dans la Drôme). Autre différence notable, la part des élevages alternatifs à la cage représentait déjà 86 % en 2021, contre 67 % au niveau national.
Tandis que des opérateurs nationaux prévoient d’augmenter avec prudence leur production dans le Sud-Est, des opérateurs régionaux, attachés aux marques locales comme Oxyane, misent sur la qualité et affirment apporter un soutien dans la durée aux éleveurs via des contrats d’intégration.
Rechercher de nouveaux éleveurs
En Aura, le « bannissement » de la cage a secoué la filière. Entre 2016 et 2021, le nombre de pondeuses a diminué de 2 millions. La disparition progressive des cages se poursuit, mais plus lentement. Elle implique une diminution du cheptel estimée de 10 à 25 % selon les types de bâtiment. Après une année 2022 plus difficile du fait de l’influenza aviaire, on observe des réformes plus tardives. Comme ailleurs, pour maintenir le niveau de production, il s’agit de trouver rapidement des candidats pour reprendre, rénover ou construire de nouveaux bâtiments pour du plein air (code 1) ou pour installer des volières (code 2).
« Le bassin de consommation entre Lyon, Marseille, Grenoble, Montpellier et Clermont-Ferrand, dans une région drainant un tourisme important en été et hiver, nous permet d’investir dans l’alternatif. La transition va aussi se faire plus sereinement les prochains mois », affirme Jean-Philippe Nallet, éleveur en Isère (1) et président de l’Apose, l’association des producteurs d’œufs du Sud-Est. Pour accélérer le développement de la production régionale et améliorer l’image d’une filière, ses représentants envisagent d’en faire la promotion dans les établissements d’enseignement agricole.
Des opérateurs régionaux et nationaux
Comme l’explique Samuel Chombart, directeur des Fermiers du Sud-Est qui produit pour le principal acteur régional Envie d’œufs, ce sont les contrats, avec un engagement sur la durée d’amortissement des bâtiments, qui aident à persuader de nouveaux éleveurs à franchir le cap.
Ce soutien à l’investissement lui a permis de se convaincre de transformer 50 bâtiments « cages » depuis 2017. Cela a aussi permis d’installer 23 jeunes agriculteurs et près de 20 nouveaux ateliers avicoles sur des exploitations.
Chez des opérateurs nationaux, l’engouement pour se développer dans le Sud-Est est plus mesuré. Ainsi pour le marnais CDPO (2), la signature de nouveaux contrats d’intégration de douze à quinze ans permettrait d’alimenter localement son site de Montbazin (Hérault) dont la capacité de traiter 160 millions d’œufs n’est pas pleinement utilisée. « Dans cette région nous devons tenir compte des températures estivales, et il y a peu de candidats. Toutefois, cette production régionale représente 5,5 % de nos apports », précise Jean-Marc Philippe, président fondateur de CDPO.
Quant à Loïc Coulombel, directeur au groupe italien Eurovo pour les activités françaises de Liot, il estime que « dans le Sud-Est, notre objectif peut être d’atteindre 10 % de notre production dans une stratégie de sécurité sanitaire ». Le groupe a identifié trois sites qui pourraient être rachetés et transformés rapidement, mais aucun accord n’était en cours en mai dernier. Ces opportunités lui permettraient de gérer la production de 450 000 à 500 000 poules contre 300 000 actuellement avec quatre sites (en contrat ou acquis), dont 260 000 en cages. Ce volume représente 7,5 % de l’activité de Liot. Les œufs sont transformés par l’unité d’Annezin, près de Béthune dans le Pas-de-Calais. « Nous ne donnons pas de délai pour faire disparaître les cages, mais nous savons que la demande pour développer le sol est forte », commente Loïc Coulombel.
Le groupe LDC manifeste son intérêt pour le Sud-Est depuis peu. Avec le rachat de Matines et d’Ovoteam (ovoproduits), il cherche à développer de la production à partir de son organisation de production Huttepain Sud-Est, basée en Saône-et-Loire. Il a passé un accord avec le centre Valsoleil qui lui conditionnera 60 millions d’œufs par an.
Des préoccupations et des perspectives
La filière régionale rencontre quelques difficultés spécifiques. Le niveau de prévalence en salmonelles demeure important, en particulier dans la Drôme. « J’espère que le recours au vaccin vivant va se développer et nous permettra de sortir de cette ornière et des difficultés avec l’administration qui crispent tout le monde », commente Jean-Philippe Nallet.
Après quelques années difficiles, le président de l’Apose se montre confiant. « Je suis optimiste pour le Sud-Est. J’espère qu’un plus grand nombre d’opérateurs travaillant dans nos régions vont pouvoir proposer des prix satisfaisants aux éleveurs et que les banques suivront, expose Jean Philippe Nallet. Il est possible aussi que d’autres industriels de l’agroalimentaire intègrent des élevages locaux pour assurer leur approvisionnement. »