Multiplicateur ... un métier à la pointe
La généralisation des pondoirs automatiques a considérablement amélioré les conditions de travail du multiplicateur en poules et dindes. Ce métier reste très technique et exige une adaptation permanente à l'évolution des souches.
![Elevage de poules reproductrices](https://medias.reussir.fr/volailles/styles/normal_size/azblob/2023-06/1QIT3W721_web.jpg.webp?itok=Cn71xb1q)
On parle peu souvent du métier de multiplicateur, producteur d’œufs à couver destinés à devenir des poussins commerciaux. La première raison évoquée est d’ordre sanitaire. Pour éviter tout risque de contamination, l’accès aux bâtiments est très réglementé. Par ailleurs, le « milieu » de l’accouvage a longtemps voulu rester assez discret, voire secret, au risque d’être oublié.
C’est pourquoi Louis Perrault, le nouveau président du syndicat des accouveurs (Sna) fort d’une cinquantaine d’adhérents, veut faire bouger les lignes en rendant ce maillon essentiel plus visible pour les autres professionnels et pour les pouvoirs publics. Après avoir créé son premier logo, le Sna va créer un site web pour dire qui il est et ce qu’il représente.
Premier maillon de la chaîne de production, les poussinières et les bâtiments de ponte représen- tent près de 15 % des superficies totales du parc avicole, toutes productions confondues. L’enquête avicole de 2008 a dénombré un millier d’élevages producteurs d’œufs à couver, auquel s’ajoutent 500 poussinières de futurs reproducteurs. Cela représente une surface de 3,3 millions de mètres carrés, dont un peu plus de la moitié concerne les espèces poulet (Gallus) et dinde. La part des élevages détenue par les accouveurs, employant des salariés, n’est pas précisée. La production s’est aux deux tiers concentrée sur le Grand Ouest.
« On ne s’investit pas à moitié dans ce métier », nous expliquent tous les producteurs d’œufs à couver que nous avons rencontrés. Il exige une forte technicité et un sens animalier développé, une implication quotidienne et chronophage, ainsi qu’une maîtrise sanitaire de tous les instants. La généralisation des pondoirs automatiques depuis une quinzaine d’années a contribué à améliorer les conditions de travail, à l’exception de l’espèce canard où le pondoir manuel reste de mise.
« Il n’y a plus la même pénibilité qu’auparavant », confirme un accouveur. Parallèlement, l’éleveur doit intégrer l’évolution génétique des souches. Par exemple, les lignées mâles de poulet de chair ont des potentiels de croissance importants et leur courbe de poids doit être bien maîtrisée. La nature du travail a évolué vers plus de technicité. L’accouveur ajoute : « Il faut être présent aux bons moments pour observer le comportement des volailles. Le gain de temps lié à l’automatisation est consacré au suivi des animaux ». Même si la réussite d’un lot se joue en grande partie lors de la préparation des futurs reproducteurs en poussinières, le démarrage du lot et la montée de ponte sont deux phases essentielles.
Comme en élevage de chair, on constate une augmentation de la taille des exploitations. Les bâtiments isolés viennent à diminuer pour se regrouper sur des sites de deux ou trois bâtiments. Avec les économies d’échelle, investir dans une emballeuse, voire dans une calibreuse, est plus facilement envisageable. Un élevage très automatisé de 20 000 poules peut aujourd’hui être géré par un peu plus d’une UTH, alors qu’en ramassage manuel, un bâtiment de 7 500 poules (1 000 m2) occupe une personne. La spécialisation a aussi un impact positif sur les coûts logistiques du couvoir. L’automatisation concerne également les fermes propriétés des couvoirs, avec des sites de cinq ou six bâtiments.
En Gallus, l’élevage en bâtiment clair est majoritaire, mais la tendance actuelle porte sur des bâtiments obscurs dynamiques comme en dinde reproductrice. Bien qu’ils nécessitent une bonne maîtrise technique pour éviter la ponte au sol, ils permettent de mieux gérer l’ambiance, la qualité de la litière et la stimulation lumineuse, notamment au printemps. Toutefois, les producteurs se heurtent aux coûts d’investissements élevés « qui atteignent environ 38 à 40 euros par poule pour un statique de 1 500 mètres carrés, et 15 à 20 euros de plus pour un dynamique », annonce un équipementier.
Dans certaines zones de production, des accouveurs ont parfois des difficultés à recruter de jeunes éleveurs car la reproduction est mise en concurrence avec la production d’œufs de consommation et avec la volaille de chair. Pourtant, à condition d’être pointilleux et d’avoir le sens animalier, cette activité peut être très rémunératrice. Peu de données sur les résultats technico-économiques des élevages sont malheureusement diffusées, secret oblige. Aussi, les chambres d’agriculture de l’Ouest encouragent les éleveurs à participer plus nombreux à la prochaine enquête avicole « volailles repro » qui démarrera au printemps.