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Expérimentation dans la Drôme
Deux bâtiments éco-construits avec Valsoleil

Nicole Branco a réalisé son projet d’installation en volailles bio dans la Drôme. Elle gère deux bâtiments de 480 m² éco-construits avec du bois local. Cette exploitation sera aussi un outil d’étude et de démonstration.

On les découvre après avoir emprunté le chemin qui mène à l’exploitation de Soyans dans la Drôme ; les deux longs bâtiments d’élevage ont été implantés dans un couvert naturel de chênes verts qui a été défriché (19 200 m² par bâtiment) pour ne pas utiliser de terres agricoles. 

Leur esthétique et leur intégration dans le paysage ont été soignées. Ces poulaillers éco-construits sont évidemment conformes à toutes les normes requises, dont celles de biosécurité. Les premières volailles sont arrivées en avril 2014 dans la première construction et en octobre 2015 dans la seconde. 

Inaugurés le 6 septembre 2016, ils sont le résultat d'une longue réflexion et correspondent à un projet de territoire inscrit dans la Biovallée (1), porté par la coopérative Valsoleil et Nicole Branco. « Il n’est pas facile de s’installer sans foncier, aussi quand j’ai appris que Valsoleil recherchait des éleveurs pour des volailles bio, je me suis portée candidate. Je voulais construire en bois, j’ai donc insisté jusqu’à ce que divers acteurs se prennent au jeu pour faire aboutir le projet », raconte-t-elle.

Privilégier les circuits courts

La filière Fibois Drôme et Ardèche et l’entreprise Sud-est charpentes ont convaincu Yannick Charroin, responsable développement volailles de chair à Valsoleil, de construire la charpente en pin noir du Diois. Le cahier des charges a été élaboré à partir des préconisations du cabinet d’études drômois Enertech. 

« Nous avons commandé les arbres qui ont été sciés à 50 mètres de chez nous par Provence sciages, précise Samuel Bedouin, gérant de Sud-est charpentes. Le pin noir a plus de résine, mais aussi plus de résistance physique (+10 %) qu’un épicéa, à condition de sécher naturellement durant deux à trois mois afin de ne pas se tordre ». 

Il rappelle que « le coût d’une construction en bois avec des panneaux et bardage est supérieur de 15 % à celui d’une structure métallique, mais il est difficile de comparer les deux. Le bâtiment bois est bien intégré dans le paysage, la fabrication repose sur des circuits très courts et ce sont nos équipes qui ont fait le montage ». Yannick Charroin table plutôt sur un surcoût de 40 %, en intégrant l’isolation en laine de bois et le bardage intérieur en panneaux de bois hydrofuges.

Respect de l’environnement

Pour l’éleveuse et son époux, Sylvain Vérité, également technicien avicole Valsoleil, les bâtiments devaient respecter l’environnement. « Dès le départ, nous avons pris contact avec la LPO (ligue de protection des oiseaux) afin de faire le point, vis-à-vis notamment de la protection des chauves-souris. Nous sommes en zone Natura 2000 et cela ne pose pas de problème, les parcours (sans barbelés) ne gênent pas la faune sauvage. »

Le couple a voulu préserver l’eau. « Une réserve d’eau de pluie nous permet de réduire notre consommation sur le réseau communal et donc notre impact local. La consommation de nos deux bâtiments pour les volailles et le nettoyage représente 400 mètres cubes par an », précise Nicole Branco. 

En revanche, ils ont renoncé aux panneaux photovoltaïques, lourds pour la toiture, et qui auraient compliqué la construction.

Suivi technique et automatisation

« On ne travaille pas seuls, l’équipe de Valsoleil nous apporte son appui », déclare enthousiaste Nicole Branco. Elle est vivement intéressée par les essais qui vont se mettre en place l’an prochain, portant sur les souches, le matériel, la conduite, le rationnement, l’éclairage (le programme joue avec du bleu, du blanc et du vert)… 

« Ces tests, qui intéressaient également l’Itavi et la chambre d’agriculture, seront un plus pour notre exploitation, mais également pour le réseau d’éleveurs de Valsoleil », souligne-t-elle. L’éleveuse n’a pas attendu pour équiper les silos de pesons. « Ils nous permettent de réagir au quotidien et de bien gérer notre approvisionnement. Ceci nous permet d’ajuster finement notre rationnement et de gagner de l’argent. Il est encore trop tôt pour dégager des chiffres précis, mais nos résultats globaux ont été bons ». 

La mise en place d’une gestion automatisée des consommations (aliment, gaz, électricité, eau…) et du pesage des animaux s’est imposée. « Utiles pour nous, ces données serviront aux autres éleveurs. Valsoleil va vérifier ce dont ils peuvent avoir besoin et voir comment adapter ces équipements à de petits bâtiments », complète Sylvain Vérité. 

« Les pesons pour deux silos coûtent 3 000 euros, mais grâce à notre expérience, je les conseille aux autres éleveurs. Plus globalement, la technique, c’est vraiment notre seul truc pour augmenter notre marge en bio ou en label. »

(1) Couvrant la vallée de la Drôme, Biovallée a été labellisé par l’État "pôle d’excellence rurale” en 2006. Ses objectifs portent sur l’aménagement d’un large territoire afin de préserver et valoriser les ressources naturelles. On y soutient des expérimentations de développement durable visant à favoriser la coopération entre les acteurs locaux.

Charpente et isolation bois

La surface d’élevage est d’exactement 478,4 m². Les soubassements sont réalisés en agglo creux enduit deux faces sur une hauteur de 60 cm.

La charpente de type portique en bois massif (poteaux de 2,6 m et pente de 30 %) est couverte de fibrociment ondulé flammé. En sous-toiture, l’isolation est en mousse polyuréthane d’une épaisseur de 50 mm.

Les parois latérales sont isolées avec de la laine de bois (100 mm) et bardées de bois de part et d’autre. Des volets d’entrée d’air et d’éclairement (polycarbonate alvéolaire) sont commandés par treuils et câbles. Les trappes de sortie des poulets sont identiques aux panneaux des parois verticales.

L’isolation renforcée génère une économie de chauffage. La consommation de gaz s’élève à 3,64 €/m²/an. La bonne inertie du bâtiment permet de gagner 3 à 5 °C lors des surchauffes estivales et de minimiser les écarts de température.

Investissements élevés

Le prévisionnel d’amortissement prend en compte les aides et subventions, soit 150 250 € pour un investissement de 450 000 € HT. Cette somme est nettement supérieure à la norme du fait d’une installation sur un site vierge qu’il fallait viabiliser et du choix de l’éco-construction intégrant l’isolant à base de bois et ses protections. Les éleveurs ont eu recours à un prêt bancaire (155 000 €) et un prêt Valsoleil (90 750 €). La coopérative a réalisé un surinvestissement technique de 54 000 €. Selon ces calculs, les éleveurs peuvent dégager une marge nette annuelle (avant MSA) de 15 655 €.

Un projet décalé de trois ans

Le terrain arboré de 12 hectares a été acheté en 2010 et le permis de construire obtenu en juillet 2011. En février 2012, il est bloqué par un recours contentieux, après un premier recours gracieux déposé contre l’installation par une association du village de Soyans. « Pour résumer, cette association ne veut pas d’élevage sur la commune. Ils ont tout passé au crible, eu recours à un référé pour arrêter les travaux en 2014, mais nous avons gagné et enfin le tribunal de Grenoble a tranché en notre faveur en mars 2015 », se remémore Nicole Branco. Toutefois, ce retard a modifié sensiblement son projet de vie. Nicole conserve un emploi à temps partiel et gère son élevage à distance. Bientôt, leur habitation sera construite à proximité. Avec le temps, le couple a renoué avec la sérénité.

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