Dans la Drôme, énergie renouvelable rime avec bien-être
Pour s’installer, Baptiste Dumoulin a construit deux bâtiments de poulet standard avec deux chaudières à biomasse pour améliorer l’ambiance, réduire l’empreinte carbone et accroître la productivité.
Pour s’installer, Baptiste Dumoulin a construit deux bâtiments de poulet standard avec deux chaudières à biomasse pour améliorer l’ambiance, réduire l’empreinte carbone et accroître la productivité.
Il y avait foule d’éleveurs dans la Drôme, lors de l’inauguration des deux bâtiments de 1 500 m2 du Gaec de la Réserve à Margès. Ils se sont avant tout intéressés aux deux chaudières Heizomat et à la future culture de miscanthus (1) sur les huit hectares faisant face aux deux tunnels neufs. Quelques semaines plus tard, Baptiste Dumoulin faisait visiter ses installations flambant neuves avec une satisfaction évidente. « L’amélioration importante, ce sont les trois aérothermes Multiheat centraux et suspendus par bâtiment, qui pulsent l’air chaud produit par l’échange avec l’eau chaude provenant des chaudières. Ce chauffage, qui n’apporte pas de CO2 et contribue à réduire le taux d’ammoniac, fonctionne avec une ventilation transversale les premiers jours, puis longitudinale. L’ambiance est bien meilleure. Ces nouveaux bâtiments, toujours selon le concept du tunnel rigide Duc, bénéficient aussi de lumière naturelle (3 % des 1500 m²), de 4 lignes de gamelles et de 5 lignes de pipettes Roxell », commente le jeune éleveur. Un forage a été réalisé jusqu’à 60 m de profondeur pour un débit d’eau maximum de 8 m3/h, nécessaire pour l’abreuvement, la brumisation, l’eau chaude. Baptiste Dumoulin le répète, ce qui change c’est le chauffage. Des aérothermes ont également été installés dans les deux anciens bâtiments (1080 m2 et 1200 m²). À l’heure actuelle, les deux chaudières de 500 KW sont alimentées avec des plaquettes forestières stockées dans un hangar neuf qui accueillera la paille de miscanthus dans trois ans. « Ces plaquettes, dont l’humidité est inférieure à 30 %, sont achetées à bon prix via un contrat annuel de fourniture. Nous brûlerons entre 500 et 700 t de bois par an. Nous avons calculé pouvoir réaliser une économie de 30 000 à 40 000 € par rapport aux 60 000 € de facture annuelle de gaz estimée pour 4 bâtiments », précise l’éleveur. Deux autres éleveurs drômois liés comme lui au groupe Duc ont opté pour les énergies renouvelables afin de chauffer leur élevage de poulets à croissance rapide.
Améliorer le confort des poulets et de l’éleveur
Ouvrant le foyer d’une chaudière et montrant le conduit isolé de la cheminée et le réseau de collecteurs et pompes, Baptiste Dumoulin explique que toutes les données relatives aux 4 bâtiments et bientôt celles de la chaudière sont centralisées. « Je peux gérer ces informations de tout endroit où je me trouve avec mon smartphone. Le confort des poulets et le mien, c’est une question de réglage et de travail. Il faut passer 3 à 4 fois par jour pour veiller au bon fonctionnement de tout le matériel et observer les volailles. Je suis seul pour gérer les 5 300 m² de poulaillers et mon père est responsable des 60 hectares de cultures. » Les rhizomes de miscanthus ont été plantés au mois de mai. Le coût de plantation est estimé à 3500 €/ha. « Cette plante a une durée de vie de trente ans et c’est une culture « zéro intrant », mis à part un désherbage au départ. Le miscanthus n’a pas besoin de fumure, mais d’eau en période estivale », explique Baptiste Dumoulin. Pour cela, l’éleveur a conclu voilà quelques années un contrat de prestation de service pour l’épandage d’eaux usées de process de l’entreprise locale Délifruits. La paille de miscanthus sera d’abord utilisée comme litière, bien meilleure car absorbante et parce que l’écorce de la plante racle les pattes, limitant les pododermatites. L’ensemble des nouvelles installations du Gaec représente un investissement global de 1,6 million d’euros (M€) TTC, dont 500 000 € pour la chaufferie. « Duc sécurise notre projet sur la durée de l’amortissement. Nous prouverons que c’est rentable et nous prévoyons de retirer un revenu annuel net avant impôt de 15 000 à 20 000 € par associé au minimum », ajoute avec assurance le jeune éleveur.
(1) Fournis par Saelen Énergie à Sainte-Hélène-du-lac (Savoie) et NovaBiom à Champhol (Eure-et-Loir)
Duc relancé par Plukon
« Nous avons accueilli le nouvel actionnaire Plukon à bras ouvert car Duc allait mal, rappelle Baptiste Dumoulin. Nous sommes satisfaits que les vides sanitaires se soient réduits et que les produits Duc retrouvent une bonne place sur les rayons de la grande distribution. » Depuis le rachat fin 2016, ses homologues ont retrouvé le moral. « Nous avançons dans une bonne direction et nous avons commencé à renégocier nos contrats en espérant améliorer nos rémunérations en tenant mieux compte de nos coûts de production. Le groupe Plukon a des possibilités financières et a pris des engagements. Des investissements ont été réalisés en 2017 au couvoir de Crest (Drôme) où les lots de poussins sont de meilleure qualité, ainsi qu’à l’abattoir de Saint-Bauzély (Gard) », explique Hélène Bompart, présidente du groupement des producteurs. Cette confiance dans l’avenir est bien sûr mise en avant par le directeur production amont, Jean-Pierre Chareyron. « Nous recrutons des éleveurs car nous avons des besoins importants en poulet à croissance rapide. Nous devons construire une dizaine de bâtiments de 1350 m² dans les deux ans en zone sud, car la grande distribution demande des volailles françaises. » Il confirme aussi que la stratégie de Plukon est de maintenir, voire développer, la production de poulet sous certification, fer de lance de Duc.
Toute la Drôme investit
Alors que Duc retrouve des couleurs, la coopérative drômoise Valsoleil affiche la même volonté pour imposer ses volailles sous signes de qualité sur le marché du quart Sud-Est (1). Depuis 2016, la coopérative ajoute 20 bâtiments par an en poulets label rouge et bio. Le rythme va devoir se maintenir pour satisfaire la demande de l’abattoir drômois Bernard Royal Dauphiné de Grane, une filiale de Galliance. En juin, l’abattoir a achevé des travaux d’agrandissement et de modernisation. « Les 11 M€ investis ont porté sur le doublement de la capacité d’abattage (5000 poulets à l’heure) et nous avons accru la robotisation en découpe, explique Jean-Luc Alnet, directeur général. Construite depuis 2004, notre stratégie de produire localement des volailles sous labels sans OGM pour notre grande région sud-est s’avère payante. » Valsoleil s’est aussi associée à la coopérative dauphinoise pour construire une usine d’aliments bio et de trituration à Chabeuil (16 M€ d’investissement).
(1) En Auvergne Rhône-Alpes 42 % de la production est réalisée label rouge, bio et certifié