Salmonelles : bien vacciner les poulettes par l’eau de boisson en 6 étapes
Distribuer un vaccin vivant contre les salmonelles nécessite quelques points de vigilance, en particulier lors de la première administration sur de jeunes oiseaux, plus complexe en volières.
Distribuer un vaccin vivant contre les salmonelles nécessite quelques points de vigilance, en particulier lors de la première administration sur de jeunes oiseaux, plus complexe en volières.
Depuis mars 2023, les vaccins vivants contre les salmonelles sont autorisés en filière ponte et consistent en trois administrations par l’eau de boisson en poussinière, dont la première a lieu vers 1 à 2 semaines d’âge.
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Si les éleveurs de poulettes sont bien habitués à cette voie d’administration des vaccins, en revanche ils le sont moins sur de tout jeunes animaux. Avec de très faibles volumes d’abreuvement et de petits débits, la difficulté est de veiller à ce que chaque oiseau ait bu une quantité de solution vaccinale suffisante pour développer son immunité, avec une durée de distribution limitée. Qui plus est en volière, la mise en œuvre de la primovaccination est plus technique, car les circuits d’eau sont plus complexes que dans les poussinières au sol. « Malgré les réticences de départ, il est tout à fait possible de vacciner en volière, avec un bon accompagnement technique et personnalisé », assure Anne-Christine Lefort, d’Elanco Santé animale. La vétérinaire s’appuie sur les analyses de contrôle vaccinal effectuées lors des accompagnements à la vaccination réalisés par le vétérinaire et l’équipe technique, à la demande des éleveurs de poulettes, en colaboration avec Elanco (voir encadré). « La recherche des souches vaccinales dans le bac, en bout de ligne d’eau ou dans les fientes s’est révélée négative dans quelques cas. » Une explication a pu être trouvée pour chacun d’eux : soit la désinfection de l’eau de boisson par le peroxyde n’avait pas été arrêtée assez tôt, le désinfectant tuant les souches vaccinales. Soit la purge des canalisations précédant la vaccination n’avait pas été complète, les jeunes oiseaux n’ayant pas bu suffisamment de vaccin dans les temps impartis. « Ce sont parfois des détails qui peuvent ruiner les efforts des éleveurs pour vacciner dans de bonnes conditions », explique Anne-Christine Lefort qui souligne les points de vigilance pour assurer une vaccination efficace.
1. Tenir compte des volumes morts du circuit d’eau
Bien en amont de la primovaccination, il est nécessaire de calculer les volumes morts du circuit d’eau, c’est-à-dire les longueurs de canalisations où un volume d’eau va persister en l’absence de purge (par exemple les flexibles entre deux rampes). « C’est ce volume qui va déterminer l’âge à partir duquel la primovaccination est possible. Il doit être inférieur au volume de solution vaccinale, au risque de rendre impossible la buvée d’une dose complète par animal. » Elanco a mis au point un calculateur pour faciliter l’évaluation du volume mort, qui est propre à chaque bâtiment car lié aux longueurs et sections des canalisations. « Selon le type de volière, il peut varier de 70 à plus de 500 litres », a-t-elle constaté.
2. Assoiffer les volailles
La distribution d’eau est coupée deux heures avant la période d’extinction de la lumière, qui doit précéder la vaccination. Les rampes d’eau sont relevées. « La durée de l’assoiffement est spécifique à chaque élevage car elle dépend de nombreux paramètres (programme lumineux, ambiance, souche…). »
3. Préparer la solution vaccinale
Le volume de solution vaccinale à préparer correspond à la consommation bue la veille sur un délai de 4 heures et en s’aidant de la référence : 1 litre d’eau par jour d’âge pour 1 000 poulettes (par exemple 70 litres pour 10 000 poulettes de 7 jours). La vétérinaire conseille d’ajouter systématiquement un colorant bleu pour stabiliser le vaccin notamment vis-à-vis du chlore et surveiller l’arrivée du vaccin au niveau des pipettes, puis pour contrôler les langues bleues en fin de vaccination.
En cas d’utilisation d’une pompe doseuse, il est conseillé de réaliser préalablement une vaccination à blanc (sans vaccin) et de vérifier que le réglage du taux de dilution est correct. « Il arrive que les pompes soient mal réglées, étant souvent calibrées pour l’incorporation de vitamines avec des pourcentages d’incorporation plus faibles que pour une vaccination. »
4. Purger les lignes d’eau
Dès que la solution vaccinale est prête, l’étape primordiale consiste à purger les rampes de pipettes en poussant l’eau résiduelle jusqu’à l’apparition d’une eau bleu foncé en bout de ligne. En volières et en cages où les circuits d’eau sont plus complexes, il est conseillé de vérifier l’arrivée de la solution bleue en début, milieu et fin de rampe. « Certains éleveurs augmentent la pression d’eau durant le temps de la vaccination pour garantir une bonne distribution tout le long de la canalisation. »
5. Viser 4 heures de buvée du vaccin
Les souches vaccinales de salmonelles sont plus stables dans l’eau que les souches virales, ce qui laisse un peu de souplesse dans la durée de distribution du vaccin, celle-ci n’étant pas toujours facile à maîtriser du fait de faibles volumes d’eau consommée à 1 ou 2 semaines. « L’objectif est de viser 3 à 4 heures de buvée pour obtenir une bonne homogénéité de vaccination. »
Le contrôle de vaccination est réalisé sur 100 poulettes, équitablement réparties. Une vaccination est réussie quand au moins 95 % des sujets présentent une coloration du bec ou du jabot.
Mise en garde
Une eau sans traces de désinfectant
Support du vaccin, la qualité de l’eau est primordiale. Elle doit être dépourvue de désinfectant pour garantir la viabilité des souches vaccinales. Il est conseillé d’arrêter le système de traitement de l’eau 48 heures avant de vacciner et de vérifier l’absence de chlore et de peroxyde à l’aide de bandelettes.
Un accompagnement personnalisé de la primovaccination
Elanco fait un premier bilan des accompagnements réalisés par les vétérinaires et l’équipe technique depuis un an auprès d’éleveurs de poulettes lors de la vaccination. Ils concernent 126 lots, dont 105 lors d’une primovaccination. Cela représente 3,7 millions d’animaux.
Il s’agit pour 27 % d’élevages de futurs reproducteurs et 73 % de poussinières œuf de consommation. La proportion de lots élevés au sol atteint 53 %, contre 37 % en volière et 10 % en cage. L’âge à la première vaccination est de 11,5 jours en moyenne, variant de 6 à 20 jours.
Cet accompagnement est particulièrement important pour la première vaccination. Le laboratoire Elanco met à disposition plusieurs outils, dont un poster, une aide au calcul des volumes morts et de solution vaccination ainsi qu’un kit de vaccination.
Une vaccination possible dès 1 jour
Trois parquets de poulettes futures reproductrices ont été vaccinés avec succès à 1 jour. « À condition d’adapter le matériel d’abreuvement (minidrinks et alvéoles), cela montre que vacciner les poussins est techniquement possible », souligne Anne-Christine Lefort. « L’intérêt d’une vaccination très précoce, notamment pour les cheptels à haute valeur, est d’inhiber le plus tôt possible la compétition des salmonelles sauvages. »
Repères
Depuis l’arrêté du 27 février 2023, les vaccins vivants contre les salmonelles sont autorisés pour les poulettes futures pondeuses œufs de consommation et pour les reproducteurs chair et ponte.