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Aider les équipes de ramassage de volailles à intégrer la biosécurité

De bonnes conditions d’accueil, un planning de ramassage bien anticipé et une meilleure communication entre acteurs sont autant de facteurs contribuant à l’observance des mesures de biosécurité lors des enlèvements.

La gestion en flux tendu des plannings de ramassage est ressortie comme un point bloquant majeur à l'observance de la biosécurité.
La gestion en flux tendu des plannings de ramassage est ressortie comme un point bloquant majeur à l'observance de la biosécurité.
© P. Le Douarin

Dans le cadre du projet Ramassage, l’Itavi a réalisé en 2020 une série d’entretiens auprès d’équipes de ramasseurs du sud-ouest. L’objectif était de bien comprendre leur organisation, leurs attentes et leurs difficultés à mettre en pratique les mesures de biosécurité. « Acteurs indispensables à la filière avicole, les intervenants peuvent représenter un potentiel risque pour la sécurité sanitaire des sites de production. Ils interviennent directement sur les animaux et sur différents sites de production durant une même nuit », a souligné Marion Pertusa, de l’Itavi lors d’un webinaire sur la biosécurité, organisé par l’institut technique.

L’activité du ramassage mobilise plusieurs maillons de la filière : éleveur, abatteur, organisation de production, transporteur et ramasseurs. Tous sont impliqués dans le respect de la biosécurité au quotidien.

Une gestion en flux tendu

Les entretiens ont mis en avant un ensemble de facteurs organisationnels et structurels défavorables à l’observance de la biosécurité. Le premier porte sur l’organisation des maillons entre eux. La gestion des plannings de ramassage est souvent en flux tendu, les abattoirs étant tributaires de commandes clients (elles-mêmes gérées en flux tendu) ou du fait d’un manque d’anticipation ou d’un mauvais relais d’informations entre acteurs.

Cela se traduit par des ajustements de dernière minute qui ont des conséquences sur l’organisation des chantiers pour l’éleveur, le transporteur et les ramasseurs. « Cette gestion en flux tendu est ressortie comme un point bloquant majeur faisant consensus. Elle oblige les ramasseurs à beaucoup de flexibilité et de réactivité, ce qui ne les met pas forcément dans de bonnes prédispositions pour le déroulement du chantier et, par ricochet, à l’observance des mesures de biosécurité. »

L'impact des relations humaines

Plusieurs points bloquants à la biosécurité sont liés à la structuration des sites d’élevage, qui ne sont pas toujours bien adaptés au ramassage. Cela peut être dû à une mauvaise accessibilité des sites (chemin boueux pour le chauffeur, absence de quai de chargement, difficultés à faire circuler les chariots dans les salles de gavage…), à un manque d’équipements et d’espace adapté pour les équipes (sas trop petit pour se changer à plusieurs, absence de point d’eau pour se laver les mains).

Le manque de considération (mauvais accueil, absence d’implication de l’éleveur) a également été cité comme un point bloquant. « Tous ces éléments peuvent générer des retards, des conflits, un sentiment de déconsidération, accroître la pénibilité et indirectement impacter le respect des mesures de biosécurité. » Le témoignage d’un ramasseur le confirme : « Les équipes demandent à aller chez certains éleveurs car les conditions et les rapports y sont bons. C’est alors plus facile pour l’éleveur de leur demander de suivre les consignes… »

Mieux communiquer entre acteurs

Cette étude a souligné plusieurs axes de progrès pour mieux impliquer les intervenants dans la biosécurité, quels qu’ils soient. « Des améliorations sont possibles sur l’aménagement du site pour améliorer sa praticité et sa facilité d’utilisation : des voies de circulation bien entretenues et signalées, des locaux et des procédures pratiques pour l’éleveur et les équipes d’interventions », liste Nathalie Rousset, de l’Itavi. « Il peut parfois s’agir de petites choses, demandant plus ou moins d’investissement. Certains éleveurs ont aménagé une zone d’accueil et de changement de tenue dans un local inutilisé de l’exploitation, ou encore dans un ancien mobile-home. L’étude montre aussi la nécessité d’une meilleure communication entre acteurs et le partage d’une même « culture » biosécurité. »

Prendre le temps de discuter permet de dégager des solutions à mettre en œuvre : accueillir les équipes autour d’un café pour échanger sur le début de chantier, transmettre les coordonnées GPS du bâtiment pour éviter les erreurs de circulation, informer les intervenants lors d’un risque spécifique (par exemple un lot contaminé par une salmonelle), diffuser les plans de circulation aux chauffeurs, afficher un protocole de biosécurité simple à comprendre et très imagé (cela facilite la compréhension, beaucoup de ramasseurs étant d’origine étrangère)… 

Des solutions collectives et concertées

Organiser un feedback régulier entre acteurs facilite la résolution d’éventuels problèmes ou points de blocage. Suite à ces enquêtes qualitatives de l’Itavi, la MSA Sud Aquitaine a mis en place des réunions participatives avec les différents acteurs du ramassage. « Elles aident à mieux comprendre les contraintes de chacun et à co-construire ensemble des axes d’amélioration."

En parallèle, l’Itavi construit des supports de communication. Une perspective envisagée par les filières est par ailleurs d’aboutir à une charte commune sur le ramassage des volailles, définissant les attendus et les règles communes et portée par les interprofessions.

Des outils pour se former sur la biosécurité

- L’Itavi mettra prochainement à disposition des capsules vidéos qui pourront être utilisées pour des formations sur les thématiques de la biosécurité et du bien-être animal à destination des éleveurs, des ramasseurs et des chauffeurs. Des témoignages vidéos d’éleveurs sont aussi prévus pour sensibiliser aux bonnes pratiques d’accueil et de biosécurité.

– Sur la plateforme de formation en ligne Camp’num, est proposé le module « Former à la biosécurité les acteurs impliqués dans le transport des volailles vivantes ». Il a été réalisé par les organisations d’abatteurs FIA et Cnadev.

Eric Cachan, éleveur dans la Sarthe

« Une responsabilité collective et partagée »

Eric Cachan
Eric Cachan © P. Le Douarin

« C’est à nous, éleveurs, de faire le maximum pour que l’intervenant n’introduise pas de germes pathogènes dans l’élevage. C’est une responsabilité partagée. Les intervenants doivent arriver sur un élevage où les choses sont claires et bien organisées. Cela commence par une signalétique à l’entrée du site et une zone de parking bien identifiée.

Au sein de mon exploitation qui comprend un atelier de canards à engraisser et une production de volailles label, tous les intervenants ont les coordonnées GPS de chaque poulailler, ce qui évite les erreurs. Les chemins d’accès sont entretenus tous les ans pour rester propres et bien empierrés. Pour limiter le nombre d’intervenants extérieurs, on a arrêté l’entraide et l’aide familiale.

Nous faisons toujours appel à la même équipe, formée par le groupement, pour les vaccinations et le départ des animaux. On commence par un temps d’échange autour d’un café dans un local spécifique. La meilleure façon de faire respecter les consignes, c’est d’abord de bien les accueillir et d’être bienveillant envers eux ! Ils accèdent ensuite à un second local pour se changer. Je leur fournis une tenue et des bottes à leur taille, ainsi qu’un masque. Moi ou mon associé sommes toujours présents durant l’intervention. Cela me paraît indispensable de travailler dur avec eux."

 

Sylvie Robin, éleveuse dans le Gers

« Bien accueillir les équipes de ramassage »

 

 
Sylvie Robin
Sylvie Robin © Vivadour

« Nous produisons des canards prêts à engraisser sur deux sites de deux bâtiments, distants de 5 km. Lors du projet de construction, nous avons mené une réflexion sur les aménagements visant à améliorer le confort de travail et la biosécurité, les deux allant de pair et étant sources de gains de performances techniques.

En plus d’un sas par bâtiment, nous disposons d’un pré-sas de 8 m2 à l’entrée de chaque site. Disposant d’une douche et d’une zone de changement de tenue, c’est là que se préparent les intervenants de l’élevage. Ils disposent de tout ce qu’il faut pour pouvoir travailler sereinement.

L’accueil avec le café se fait dans le sas de chaque bâtiment. Les équipes extérieures interviennent lors des vaccinations ou du ramassage. Il est important de bien les recevoir. Sans eux, on ne pourrait plus continuer nos métiers. Plus récemment, nous avons installé une station de désinfection des roues des camions à l’entrée de chaque site. Elle nous a coûté 350 euros par site. »

 

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