Dossier "Dessiner la viticulture de demain"
Vers la viticulture à la carte !
Appréhender la variabilité de la parcelle sera la routine du viticulteur de demain.
Appréhender la variabilité de la parcelle sera la routine du viticulteur de demain.
Si les cartographies font aujourd’hui le quotidien de la céréaliculture, ce n’est pas encore vraiment le cas de la viticulture. Pourtant, le viticulteur a à sa disposition un atout supplémentaire, celui de travailler avec une culture pérenne. Les bonnes réserves acquises l’année n-1 peuvent atténuer les carences de l’année n. “ C’est pour cette raison que nous lançons le Physiocap, annonce Sébastien Debuisson du CIVC, un appareil qui permet la mesure du nombre et du diamètre (précise au dixième de millimètre) des bois en même temps que l’on prétaille : le potentiel de l’année n est dans le bois de taille des années n-1 et n-2. ” Expérimenté depuis deux ans par le CIVC et depuis un an par Moët & Chandon, l’appareil sera commercialisé cet automne autour de 6000 euros. “ Cela donne une indication plus précise de la vigueur qu’un capteur de type Greenseeker, qui permettent de délimiter des zones à faibles et forts potentiels. À partir des cartes obtenues à l’aide du Physiocap, on peut conduire différemment des zones à bois de gros diamètre et d’autres à bois à faible diamètre mais nombreux : deux zones qui pourraient apparaître similaires sur un capteur NDVI. ”
Ce type de capteur procure cependant d’autres informations que le Physiocap ne peut donner, comme l’état de stress de la plante ou les besoins azotés : le viticulteur peut ainsi piloter sa fertilisation et son irrigation en fonction des besoins de la culture mais aussi de ses objectifs qualitatifs. D’autres technologies permettent de délimiter par voie aérienne des zones à des stades physiologiques comparables, comme le service Œnoview de l’ICV et Infoterra (filiale d’EADS). Pour plus de précision, d’autres prestataires proposent ce même type de cartes à l’aide d’images obtenues par drone en lieu et place des images satellites. Le vigneron peut alors récolter spécifiquement les zones de maturité comparable. Certaines machines à vendanger, comme la HQS de New Holland, automatisent la récolte en fonction d’une cartographie des zones à ramasser ou non.
Replanter judicieusement avec des cépages plus adaptés
Autre information disponible aujourd’hui, la pédologie ! Plusieurs prestataires, dont Géocarta, proposent aujourd’hui des cartographies de sol, à partir de mesure de conductivité ou de résistivité du sol à différentes profondeurs. Les zonages créés sont souvent très pertinents, certains domaines n’hésitant pas à modifier leur logistique de vendange : par exemple, ils peuvent récolter quelques ares, voire quelques hectares, en plus pour leurs cuvées haut de gamme, en sélectionnant quelques zones très qualitatives dans des parcelles qui étaient autrefois intégralement récoltées pour une cuvée moins prestigieuse. D’autres domaines ont replanté judicieusement avec des cépages plus adaptés. Et demain ? Rien n’interdira aux robots de tonte de mesurer la vigueur de l’enherbement et celle de la vigne en même temps qu’ils tondront.
Pour en savoir plus :
voir dossier de Réussir Vigne d'octobre 2013. R. Vigne n°200, p. 16 à 45.