Tout savoir sur les rogneuses
Derrière ces machines de travail en vert, se cachent de multiples technologies. Décryptage des choix des principaux acteurs du marché.
Derrière ces machines de travail en vert, se cachent de multiples technologies. Décryptage des choix des principaux acteurs du marché.
Le marché des rogneuses, ou écimeuses, est largement dominé par les modèles à couteaux rotatifs et à entraînement hydraulique. La plupart d’entre elles reçoivent un moteur pour chaque lamier, les moteurs étant montés en série. Au-delà de six ou sept, les constructeurs sont obligés de mettre en place deux montages en série, voire plus. Ces dernières années, avec les nouvelles générations de moteurs hydrauliques, plusieurs stratégies se sont profilées. Certains en adoptent des à plus faible débit (20-25 l/min au lieu de 30-35) et à vitesse de rotation plus élevée. « C’est un atout quand la végétation constitue un véritable rideau, argumente Dominique Vergnes de Terral, et le débit moindre convient aux vieux tracteurs. » D’autres préfèrent un débit hydraulique plus élevé et plus coupleux, les tracteurs de nouvelle génération n’étant plus du tout limités par leurs débits de pompe dépassant parfois 100 l/min. Provitis a pris le parti de combiner débit faible et rotation à 2 000 tr/min. « Pour limiter les échauffements d’huile, nous montons un gros distributeur (60 l/min) à débit régulé, explique Didier Andelfinger de Provitis. Pour la rogneuse, nous régulons à 17 l/min. Les moteurs tournent ainsi à la vitesse pour laquelle ils sont conçus et cela évite de recouper plusieurs fois un même sarment et de salir excessivement le tracteur. »
Pour protéger les moteurs, plusieurs constructeurs proposent également un filtre à l’entrée du circuit hydraulique de la machine. Collard va plus loin et y ajoute un limiteur de pression, évitant la surpression au niveau du moteur, un diviseur de débit, pour stabiliser le régime de rotation des couteaux, ainsi qu’un clapet de réalimentation. Lors de l’arrêt de la machine, ce dernier autorise un arrêt en roue libre pour laisser le temps aux moteurs de s’arrêter sans générer de phénomène de cavitation.
Courroies plates ou trapézoïdales
Chaque moteur hydraulique entraîne directement un couteau, le mouvement étant ensuite transmis aux autres couteaux par des courroies trapézoïdales ou des courroies plates. Les premières présentent l’avantage de ne pas sauter, mais demandent une surveillance de leur tension pour être efficaces. « En cas d’obstacles, si elles patinent, c’est une sécurité pour les couteaux », ajoute Dominique Vergnes. À l’inverse, les courroies plates ne demandent pas de réglage de tension mais peuvent sauter. « Si on suit scrupuleusement les consignes des fabricants de courroies et notamment la forme bombée et l’angle de bordure des poulies, les courroies plates ne sautent pas », rétorque Didier Andelfinger.
Les couteaux en inox sont majoritaires sur le marché. Plus cassants que les modèles en acier, les couteaux en inox présentent l’avantage de ne pas s’oxyder. Car l’oxydation constitue un point d’accroche à l’encrassement des couteaux et réduit leur qualité de coupe. Kirogn se distingue avec des couteaux en acier polychromé, pour éviter la rouille, montés librement sur les disques d’entraînement. Ainsi, en cas d’obstacles, les couteaux s’escamotent. « Pour plus de sécurité, un système magnétique rentre les couteaux à l’intérieur des disques à l’arrêt, pour éviter de se blesser en passant trop près », ajoute Patrice Sansonnet. Bon nombre de constructeurs orientent par ailleurs ces couteaux avec un léger angle convergent vers l’avant, de façon à ce que chaque rameau ne soit coupé qu’une fois.
Devant la taille grandissante des machines – les modèles interlignes deux rangs complets sont de plus en plus populaires – les constructeurs doivent trouver le bon compromis entre robustesse et poids. Les caissons abritant tous les entraînements sont conçus en tôle en acier ou en alu plié et sont combinés à une sécurité d’effacement qui les escamote en cas d’obstacle. Collard propose un corps en profilé alliage (acier et alu). « Il est indéformable et garanti à vie, affirme Yannick Collard, ce qui fait que tous les éléments de transmission restent parfaitement alignés. Seule l’extrémité avant est en matière plastique rouge, pour absorber les chocs. » Par la suite, c’est le ressort de sécurité qui prend le relais. La sécurité à ressort semble d’ailleurs être la solution la plus plébiscitée par les constructeurs pour effacer les corps de coupe en cas d’obstacle. D’autres ont pris le parti du vérin à gaz, dont la longévité et l’étanchéité sont remises en cause par les partisans des sécurités à ressort. Provitis se distingue avec une sécurité dite Flexibloc, s’appuyant sur deux tubes de section différente entre lesquelles s’insèrent des masses élastomères. « C’est une solution simple, esthétique, facile à entretenir, qui autorise un escamotage du corps de presque 40° », explique Didier Andelfinger.
Châssis polyvalent ou privilégiant la visibilité
Concernant les châssis, le dirigeant de Provitis distingue deux tendances en vigne large. « Les petites et moyennes exploitations s’équipent de plus en plus d’un mât polyvalent, sur lequel ils vont pouvoir installer plusieurs outils, dont une rogneuse un rang. Avec le diviseur de débit hydraulique, l’opérateur va pouvoir régler le débit préconisé pour chaque matériel. En revanche, les plus grosses exploitations s’équipent de plus en plus de machines deux rangs complets » et plébiscitent les châssis offrant une plus grande visibilité. Raison pour laquelle l’offre évolue vers des machines à grand champ de vision. « Ces nouvelles constructions tendent à abaisser le centre de gravité des machines, ajoute Dominique Vergnes, ce qui les rend plus stables dans les vignobles pentus. » Seuls, les gros modèles pour les vignobles les plus larges ne peuvent pas encore prétendre à ces châssis grand dégagement pour des questions de robustesse.
La plupart des rogneuses disposent de commandes électro-hydrauliques souvent centralisées sur un joystick en cabine. Provitis les a intégrées au bout d’un accoudoir pour offrir plus de confort à l’opérateur. Pour les novices, plusieurs constructeurs couplent le joystick à un petit écran où une icône et/ou une information écrite permettent de s’assurer du choix de l’interrupteur enclenché.