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Quelle place pour la valorisation des déchets dans la fertilisation de la vigne ?

Les boues de station d'épuration, composts d'ordures ménagères ou encore digestats de méthaniseur peuvent être valorisés en fertilisants. Mais à certaines conditions.

IMG_4977 / Boues urbaines chaulées de station d'épuration, stockage avant épandage, amendement organique basique calcique, éléments nutritifs, métaux lourds, éléments ...
Les boues de station d'épuration sont gratuites mais ne sont pas adaptées à tous les sols viticoles.
© C. Gloria

Les boues de station d’épuration sont une source de matière organique ayant un énorme avantage : elles sont gratuites. En effet, ce sont des déchets qui font l’objet d’un plan d’épandage à la charge des collectivités. Elles font mauvais ménage, toutefois, avec les cahiers des charges. Celui de l’agriculture biologique interdit de tels produits en épandages, et le Code rural stipule qu’ils sont autorisés sur les vignes d’une aire AOP si et seulement si « leurs mises en œuvre répondent à des conditions fixées par appellation, dans le cahier des charges, sur proposition du comité national des vins, eaux-de-vie et autres boissons alcoolisées de l’Institut national de l’origine et de la qualité. » Autant dire qu’aucune, à notre connaissance, n’a porté ce dossier.

Une richesse en phosphore dont la vigne n'a pas forcément utilité

Il y a tout de même des exemples d’épandages en vigne. À Nissan-lez-Enserune, dans l’Hérault, par exemple. « Mais ce n’est pas la culture la plus pertinente pour cela », admet Marie Castagnet, qui a eu la charge de cette thématique pendant plus de dix ans à la chambre d’agriculture de l’Hérault. D’une part parce que ces boues sont riches en phosphore, et que les vignes en place n’en ont pas forcément besoin. « Et aussi parce qu’au-dessus de deux tonnes de matière sèche par hectare, qui correspond au besoin de la vigne, on atteint les limites du matériel d’épandage », poursuit l’ancienne conseillère.

Si Marie Castagnet relativise les volumes disponibles (600 hectares potentiels pour toutes les cultures dans l’Hérault), Caroline Le Roux, animatrice du groupe Produits résiduaires organiques au Comifer, estime qu’il serait dommage de s’en priver. « Ces produits répondent à une norme, ils sont analysés régulièrement, rassure-t-elle. De même, il y a des analyses de sol avant et après épandage pour s’assurer de l’innocuité. »

D’autres gisements existent, mais ne sont pas la panacée. Les composts d’ordures ménagères, par exemple, comportent des résidus de verre et de plastique. Certes, ils respectent une norme et des seuils bien définis (moins de 1,1 % de la matière sèche de plastique > 5 mm et moins de 2 % de verre + métaux > 2 mm). Mais aux tonnages par hectare auxquels ils sont employés, et avec l’accumulation au fil des années, cela pose question.

Les digestats de méthaniseurs ne semblent pas non plus une solution véritablement adaptée à la viticulture. Déjà parce qu’il faut être à proximité d’un méthaniseur. « Et parce que leurs caractéristiques sont très spécifiques, renchérit Marie-Pascale Couronne. Les digestats liquides ont a priori peu d’intérêts pour la vigne, et il n’y a que peu de recul sur ceux solides. » Sans compter les questions de compatibilité avec les différents cahiers des charges d’appellation.

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