Plantation de la vigne, les clés de la réussite

« Sur le terrain, on se rend compte qu’il y a encore des écueils à la plantation, tout n’est pas optimal », regrette Thomas Chassaing, de l’Association technique viticole du Maine-et-Loire (ATV). Pour lui, la réussite d’une plantation passe par cinq facteurs. Le premier, c’est d’avoir un plant adapté à sa situation. Cela passe notamment par une commande 18 mois avant la plantation pour des plants traditionnels, et 8 mois s’ils sont en pot. Au-delà du choix des cépages et porte-greffe, se pose la question de savoir si l’on veut planter en pot, en plant traditionnel ou en raciné. « Cette dernière technique est coûteuse, et plutôt adaptée à des terroirs très superficiels », estime le conseiller. Si le viticulteur sait qu’il doit planter tard, il doit impérativement opter pour des plants en pot. Un plant traditionnel qui sort de chambre froide en juillet, par exemple, a déjà perdu trois mois de cycle végétatif.

Avoir un plant de qualité est le deuxième facteur essentiel. Plusieurs points sont à vérifier comme l’absence de nécrose sur le porte-greffe ou encore l’enracinement, qui doit être périphérique autour du talon. La longueur de racine doit être raisonnée en fonction de la nature de sol et du type de plantation. Par ailleurs, on peut vérifier la qualité de soudure grâce au test du « coup de pouce » (en exerçant une légère pression sur la greffe). Il peut être pertinent par exemple de faire un échantillonnage avant de commencer à planter, et de revenir vers le pépiniériste si de trop nombreuses greffes se cassent.

En troisième lieu, le viticulteur doit porter une attention toute particulière à la préparation du terrain. De nombreux conseillers sont unanimes pour affirmer que c’est le critère principal pour une plantation de qualité. « Et avec le changement climatique, nous allons avoir besoin de vignes plus résilientes, commente Nathalie Goma-Fortin, de la chambre d’agriculture de l’Hérault. Cela passe par un bon enracinement, qui se prépare dès cette étape. » La préparation du sol a une influence prépondérante sur les potentiels obstacles que rencontreront les racines. La conseillère recommande donc de réaliser des fosses pédologiques sur la parcelle, afin d’identifier la profondeur de sol, les zones caillouteuses, hydromorphes, les semelles de labour ou les couches d’argile.

Reporter la plantation si la météo est mauvaise

Dans l’idéal, il est conseillé au viticulteur de prendre le temps d’implanter une prairie pour ameublir le sol en profondeur. Cela permet aussi aux racines restées en place de se dégrader, ce qui évite un passage de charrue balance et le risque de retournement des horizons ou de semelle de labour que cela implique. On peut par la suite faire un passage de ripper, sur l’enherbement et en condition sèche, pour fissurer le terrain sans perturber les horizons. Seuls quelques passages croisés de chisel et de vibroculteur suffisent ensuite à obtenir une terre fine, nécessaire à une bonne reprise de la vigne.

Le quatrième facteur de réussite passe par de bonnes pratiques le jour J. « Il ne faut pas hésiter à reporter si besoin, rappelle Thomas Chassaing. C’est dommage de préparer la terre pendant plusieurs années et de tout gâcher car les conditions ne sont pas là. » Cela est vrai notamment si le temps est humide ou froid. En cas de plantation à la machine en particulier, le sol doit être parfaitement ressuyé, sous peine de créer des tassements ou des semelles de labour à cause du soc. De même, s’il fait chaud, il faut veiller à acclimater les plants qui sortent de chambre froide 48 heures avant, pour éviter le choc thermique.

Cinquième et dernier point, une fois la plantation réalisée, il est essentiel de choyer la parcelle en limitant la concurrence de l’herbe les deux premières années et en assurant une bonne protection phytosanitaire.

La Fédération française de la pépinière viticole (FFPV) et l’IFV ont édité un petit prospectus l’an dernier, intitulé Les douze règles d’or de la plantation. Ce guide reprend les étapes essentielles à la réalisation d’un travail de qualité, pour une vigne durable. Il est disponible chez votre pépiniériste ou bien en accès libre sur internet à l’adresse suivante : bit.ly/2QgsbxO